Le festival Toulouse les Orgues prend ses “Quartiers d’été”. Avec de brèves lectures musicales et un parcours-découverte, sa mission, durant un mois, est de provoquer la rencontre et de piquer la curiosité d’un public non averti.
L’orgue du facteur Cavaillé-Coll en ”nid d’hirondelle” de la cathédrale St Étienne à Toulouse © Thomas GuillinL’orgue n’est pas, aux premiers abords, un instrument particulièrement accessible. Tapis dans l’ombre des murs des églises, cet aérophone monumental et haut perché traîne la réputation de n’être apprécié que par une minorité d’originaux mélomanes. Un préjugé que le festival international Toulouse les Orgues fait le pari de démonter, pour la deuxième année consécutive, avec ses “Quartiers d’été”.
Pendant trois semaines, un comédien et un organiste offriront, chaque soir du jeudi au samedi à la basilique Saint-Sernin et à la cathédrale Saint-Étienne, une lecture musicale autour du plus grand instrument jamais construit par l’Homme. « Ce sont des formes brèves, de 30 minutes, durant lesquelles la musique et le texte dialoguent pour relater, de manière très littéraire, l’histoire de ces deux orgues magnifiques. Avec “Raconte-moi l’Orgue !”, nous avons volontairement choisi de présenter des spectacles courts pour piquer la curiosité. Juste de quoi donner au public une idée de tout ce qui se cache derrière la trentaine de tuyaux visibles en façade », dévoile Yves Rechsteiner, le directeur artistique du festival. Grâce aux comédiens du théâtre du Grand-Rond, partenaire de l’événement, passants et touristes pourront par exemple entendre le récit de la livraison, en 1889 devant une foule nombreuse et enthousiaste, du trésor de Saint-Sernin : son orgue Cavaillé-Coll. Construit par l’un des plus célèbres facteurs d’orgues qui lui a laissé son nom, ce géant aux 54 jeux et 3 500 tuyaux est aujourd’hui classé monument historique.
« Une demi-heure, cela passe vite », avertit Yves Rechsteiner. Alors, pour ceux qui auraient été séduits et qui souhaiteraient percer les secrets de ce colosse à la voix d’ange, le festival propose, chaque dimanche, un parcours découverte à l’église du Gesu. Pendant deux heures, l’organiste Baptiste Genniaux retrace l’histoire de l’orgue. De son invention, trois siècles avant notre ère par l’antique ingénieur grec Ctésibios, jusqu’à son apogée au XIXe siècle. Pour illustrer ses dires, le médiateur-musicien jouera sur différents claviers (orgues miniatures, piano pédalier, etc.) avant de monter à la tribune, montrer tout le caractère du grand orgue. « C’est un instrument qui ne laisse pas indifférent. Le plus puissant, jusqu’à l’arrivée du haut-parleur. Il peut repousser par la dimension monolithique et le manque de nuance de sa sonorité. Mais il fascine pour les mêmes raisons », s’enthousiasme Yves Rechsteiner. Enfin, en attendant que le public nouvellement séduit ne vienne découvrir le programme automnal de Toulouse les Orgues, le chœur de chambre Les Eléments, dirigé par Joël Suhubiette, donnera un concert polychoral alternant chant a capella et orgue. Un événement spatialisé, comme dans les meilleurs cinémas et rendu possible par la disposition des artistes, répartis en petits groupes dans la basilique.
Infos pratiques
Du 18 juillet au 4 août
Saint-Sernin / Saint-Étienne / Église du Gesu
Raconte-moi l’orgue : 30 min. / gratuit
Parcours découverte : 1h30 / 12 €
Concert Les éléments : 1h10 / 10 € (Gratuit pour les moins de 18 ans)
Aristide Cavaillé-Coll, héritier d’un savoir-faire familial partagé sur quatre générations, est considéré comme le plus important facteur d’orgues du XIXe siècle. Il a façonné de nombreux ouvrages, dont l’orgue de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, et ceux de prestigieuses églises partout en France. À Toulouse, ses réalisations pour la basilique Saint-Sernin ou l’église du Gesu sont classées monuments historiques.
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