Multi-instrumentiste cubaine, Irina Gonzalez est ร lโorigine du carton du groupe toulousain El Gato Negro, en tant quโarrangeuse attitrรฉe. Avec lโalbum “Emigrar”, tout juste sorti, elle sโoffre une nouvelle escapade solo, mais pas solitaire, et montre toute lโรฉtendue de sa palette.
ร lโรฉtรฉ 2015, l’album ”Cumbia libre”, du groupe toulousain El Gato Negro, provoquait une vague de chaleur sur les ondes franรงaises. Et sur les scรจnes รฉcumรฉes depuis, la prรฉsence dโIrina Gonzalez, ร la fois au chant et ร la clarinette, ne passe jamais inaperรงue. Sous les projecteurs comme en studio, lโartiste cubaine, installรฉe ร Toulouse depuis cinq ans, est en effet au cลur du projet. Cโest elle qui, aprรจs une rencontre en Argentine, a mis en ordre ยซ le bordel musical ยป dโAxel Matrod, le “chat noir” ร lโorigine du groupe, en tant quโarrangeuse. ยซ Nous sommes arrivรฉs avec une musique chaleureuse et dansante, pleine de couleurs et dโharmonie. Tout ce qui manque ร lโambiance gรฉnรฉrale, ici en France ยป, avance Irina Gonzalez.
Pas de quoi lui faire perdre la raison, en tout cas. Malgrรฉ le tourbillon, elle garde le temps de mener en parallรจle son projet personnel sous le nom de La Gitana Tropical. Car la jeune femme est avant tout une insatiable curieuse de notes, de sons et dโinstruments. Une nature certainement hรฉritรฉe de Santa Clara (Cuba), ville oรน elle a grandi, rรฉputรฉe pour son effervescence artistique. Dรจs lโรขge de 10 ans, elle prend des cours de chant et de direction chorale, puis apprend le hautbois et le cor anglais. ร lโuniversitรฉ, elle รฉtudie la composition et lโarrangement et commence ร gagner sa vie rapidement en naviguant dรฉjร entre orchestres classiques et groupes populaires. ร tel point quโร Cuba, on la surnomme ยซ la toca todo ยป, la touche-ร -tout.
Lร -bas, cโest une rencontre hasardeuse qui lui donne lโidรฉe de composer. ยซ Je dispensais des cours de hautbois dans le cadre du service social. Un jour, j’ai trouvรฉ une guitare, un peu cassรฉe. Cโรฉtait magique, je me suis mise ร รฉcrire des chansons et ร les chanter alors que je nโy avais jamais pensรฉ jusque-lร ยป, raconte-t-elle. Elle nโa jamais arrรชtรฉ depuis. Pour “Emigrar”, son troisiรจme album solo, sorti au dรฉbut du mois de novembre, lโartiste a choisi de retrouver son nom. Une maniรจre de sรฉparer les diffรฉrents projets mais aussi dโassumer le caractรจre personnel du thรจme de ses chansons. ยซ Je ne me compare pas ร ceux qui fuient des situations critiques mais je reste une รฉmigrante. Je voulais dรฉdier ces chansons aux gens qui souffrent dโavoir quittรฉ leur pays et leur famille ยป, assure Irina Gonzalez.
La force dโ”Emigrar” est ainsi dโenrober ses textes nostalgiques de compositions joyeuses. Dรฉtonants mรฉlanges de jazz, de rythmes brรฉsiliens et de yoruba, musique afro-cubaine. ยซ Cet album a de Cubain lโidรฉe que lโon peut toujours rigoler de nos problรจmes et que lโon sโen sortira quoiquโil arrive. Et ce nโest pas parce que je suis cubaine que je dois faire de la salsa ยป, lance Irina Gonzalez, qui sโest entourรฉe pour lโoccasion d’artistes rรฉunionnais, guinรฉens ou mexicains ainsi que dโun quatuor de cuivre ou dโun sitar. Une configuration pas facile ร reproduire en concert mais ”la trobadora” rรชve de les rรฉunir tous ร Toulouse ร lโoccasion de la Fรชte de la musique ou sur la scรจne du prochain festival Rio Loco, dรฉdiรฉ aux musiciennes du monde.
Entre mille projets, Irina Gonzalez travaille aussi au prochain album du groupe toulousain. Un opus quโelle annonce trรจs diffรฉrent du premier, plus tournรฉ vers lโรฉlectro, et que le combo prendra le temps de finaliser comme il se doit. ยซ Tant que je pourrai tout concilier, je continuerai ยป, sourit-elle.
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