Depuis 2000, c’est un lieu prisé des amateurs d’œuvres contemporaines, mais ça n’a pas toujours été le cas. Pendant longtemps, les vaches y étaient plus nombreuses que les visiteurs. Le JT vous raconte comment le bâtiment est passé des abattoirs aux Abattoirs. Aucun animal n’a été maltraité pendant la réalisation de cette enquête.
« Si je vous dis “abattoir” vous pensez à quoi ? ». La question est à peine lâchée que tout de suite, la boucherie de la rue de la Colombette s’anime. Artisan et client en vont de leurs anecdotes sur le bâtiment du quartier Saint-Cyprien. « J’y allais avant » raconte joyeusement Gérard le commerçant. « Les bouviers y travaillaient dur, dès 3 h du matin. Puis à la fermeture, ils allaient faire la fiesta en face, au restaurant Chez Carmen.».
Le boucher se souvient aussi que « c’était une sorte de Rungis», qu’il y avait « des boxs comme pour les chevaux» et que «ça ne sentait pas bon mais que les employés avaient l’habitude ». «Toute l’évacuation allait dans la Garonne, les poissons étaient contents » ajoute-t-il en riant.
De l’autre côté du comptoir, Marie-Claude, ses tranches de jambon blanc à la main, confie « mon beau-père chargeait les cochons dans un de ces vieux camions avec le toit en tôle ondulée et allait les déposer là-bas. L’hygiène n’était pas toujours au rendez-vous à l’époque, mais maintenant, ça n’a plus rien à voir.»
Effectivement, lorsque l’on se rend aujourd’hui aux Abattoirs pour voir « Medellín, une histoire colombienne», une exposition qui « se propose d’aborder l’histoire récente de la Colombie à travers le regard de ses artistes pour qui, répondre par l’art aux traumatismes et à l’ahurissement provoqués par les conflits des dernières décennies semble être une nécessité», difficile de s’imaginer qu’avant les cochons y étaient plus nombreux que les hipsters.
Pour comprendre comment le bâtiment est passé du lard à l’art, il faut remonter le fil jusqu’en 1823. La municipalité décide alors que les différents abattoirs de la ville doivent être regroupés sur un site unique. Urbain Vitry, fameux architecte toulousain à qui l’on doit également le théâtre Sorano et la fontaine de place de la Trinité, est chargé de dessiner les plans du bâtiment.
Ces abattoirs resteront en activité jusqu’en 1988. Trois ans plus tard, le lieu est classé monument historique. Dominique Baudis, alors maire de Toulouse, souhaite qu’un lieu d’art soit établi dans un bâtiment déjà existant. Un syndicat mixte entre la Ville de Toulouse et la Région Midi-Pyrénées est donc créé pour veiller à la réalisation d’un espace d’art moderne et contemporain sur le site. Un projet qui s’inscrit également dans un plan de réhabilitation du quartier Saint-Cyprien. Les coups de hachoirs laissent place aux premiers coups de pioche en 1997 et le musée ouvrira ses portes en 2000. Depuis, aller aux abattoirs est devenu nettement plus chic.
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