Conçu comme une nouvelle d’anticipation dans laquelle narration et chansons s’entremêlent, “480”, premier album de DBK Project, est sorti le 6 juin dernier. Avec cet oeuvre expérimentale et puissante, les Toulousains défient la loi des genres musicaux.
C’est l’histoire d’une alchimie bizarroïde. Prenez une chanteuse, comédienne de formation, deux musiciens issus de la chanson française, un batteur touche à tout, une DJette polonaise et vous obtenez… Un groupe de pop post-apocalyptique. Un terme sorti du chapeau par les artistes eux-mêmes, bien insuffisant pour résumer l’aspect hybride de ce combo toulousain assez unique. « Notre rencontre s’est faite autour de l’envie de s’éloigner de la chanson française, mais le projet s’est affiné et modifié au fur et à mesure que nous découvrions les compétences de chacun », raconte Mélanie Briand, chanteuse et “narratrice” de DBK Project. Depuis sa création, il y a cinq ans, le groupe a sorti deux mini-albums aux styles bien distincts. Un vrai travail de recherche musicale qui a abouti à ce premier album, “480”, sorti le 6 juin dernier, dans lequel les influences de chaque membre s’entremêlent avec cohérence.
Salué par la presse musicale spécialisée, l’ouvrage ne ressemble à aucun autre. À part, peut-être, à ces livres-disques qui bercent les enfants le soir. Un concept adapté ici pour les adultes sous la forme d’un conte d’anticipation. Dès les premières secondes, le ton est donné : « Attends, attends, faut que j’te raconte. À un moment, tout va basculer, ça ne sera plus le même monde », susurre la voix pure de Mélanie Briand. S’ensuivent 13 chansons introduites par 12 narrations. 25 pistes au total, volontairement séparées afin que les auditeurs aient le choix de n’écouter que la musique, en se détachant de l’histoire.
Cette dernière, écrite par Mélanie Briand, raconte l’aventure d’une femme nommée 480, qui, après s’être réveillée branchée dans un hangar, se retrouve dans un monde saccagé où des cendres tombent du ciel. Mise à l’abri par une vieille dame aux côtés d’autres survivants, elle assiste à la lutte entre les machines qui ont pris le pouvoir et les ‘’réveillés’’. « Ce sont des éléments classiques de la dystopie. Je voulais que l’histoire soit simple à suivre, surtout en concert », précise la narratrice, inspirée par des œuvres emblématiques de sa génération : le roman “La route” de Cormac McCarthy, mais aussi les films “Mad Max”, “Blade Runner” et surtout “Matrix”. Comme tout exercice futuriste, “480” parle également du présent : « Une sorte de quête spirituelle, de prise de conscience de ce qui fait de nous des êtres humains », confie Mélanie Briand.
« Nous sommes entre deux eaux, et cela nous va très bien »
Pour mettre en musique cet univers, DBK Project brasse un large panel de styles avec une qualité constante : piano-voix, rock progressif, jazz fusion, hip-hop, blues, funk, voire disco… Chacun correspondant au degré d’intensité du moment où il intervient dans l’histoire. Un bazar instrumental rendu homogène grâce à un précieux travail d’arrangement. Aussi plein de souffle et envoûtant qu’inclassable, le son de DBK Project pourrait donner mal à la tête aux programmateurs. « Au début, on se demandait si notre projet était destiné aux scènes rock ou aux centres culturels. En fait, nous aimerions faire les deux. Nous sommes entre deux eaux, et cela nous va très bien », assume Mélanie Briand.
Entre pièces de théâtre et concerts, les lives de DBK Project suivent chronologiquement le fil de l’histoire de ‘’480’’ avec ses narrations et ses chansons. Après un premier show au Connexion pour la sortie de l’album, le groupe se produira le 23 juin à la MJC de Croix-Daurade, le 5 juillet au festival Pause Guitare à Albi ou encore le 8 juillet à Blagnac, à l’occasion des Estivités.
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