Du 16 janvier au 17 mars, la photographe toulousaine Małgosia Magryś expose ses clichés dans l’espace II du Château d’eau. Réunies sous le titre ‘’La ville’’, ces scènes de vie saisies dans nos rues, en apparence banales, révèlent la richesse insoupçonnée de l’ordinaire.
Au coin d’une rue animée du centre-ville, les gens se croisent, s’évitent et passent leur chemin sans se voir. Légèrement en retrait, Małgosia Magryś contemple ce manège. Soudain, elle ajuste son appareil et déclenche l’obturateur. « J’ai toujours fait de la photo. Depuis mon âge le plus tendre, j’ai cette envie d’observer, d’enregistrer et de raconter », confie cette artiste d’origine polonaise, qui se dit fascinée par le comportement de ses semblables. Malgré cette vocation précoce, Małgosia Magryś s’oriente vers des études de théâtre pour satisfaire son besoin d’ouverture. « Je voulais développer une réflexion sur le monde et m’intéresser à la littérature, avant de me consacrer à la photo », explique-t-elle.
Là où le promeneur distrait ne voit qu’une scène banale, Małgosia Magryś découvre un « enchevêtrement d’histoires » qui prend son sens une fois mis en boite. « Pour moi, le regard et la pensée se fondent dans la photo. » Trois passants saisis dans un même geste et irrémédiablement réduits à une condition de clones, un angle de prise de vue qui donne une signification différente à des coups d’oeil furtifs… Małgosia Magryś prend un malin plaisir à redécouper l’existant et à faire émerger de nouveaux équilibres, rythmes ou perspectives du chaos. « Je n’invente rien, tout est là », s’amuse-t-elle avant de revendiquer une approche où se rejoignent le documentaire et la street-photography. « J’enregistre la réalité sans la manipuler. Les photos sont toutes prises dans des lieux publics et jamais posées ni mises en scène. Ce qui ne m’empêche pas d’apporter une note d’humour et de chercher à faire sourire. »
« Je n’invente rien, tout est là »
Avec beaucoup de patience, cette photographe discrète arpente les rues de Toulouse en quête d’un événement, même dérisoire, à immortaliser. « Je veux montrer la vie ordinaire d’une manière extraordinaire. Rappeler que l’on n’a pas besoin de partir loin pour trouver des choses dignes d’intérêt et qu’on peut, malheureusement, regarder et ne pas voir », explique-t-elle. Installée depuis 30 ans dans la Ville rose, Małgosia Magryś en a fait son terrain de jeu. Elle s’est notamment postée pendant plusieurs mois au même angle de la rue d’Alsace-Lorraine à l’affût de ce merveilleux ordinaire. « Je suis convaincue que l’essentiel est sous nos yeux ».
En proposant de s’arrêter un instant sur ces scènes au premier abord anodines, l’artiste souhaite interroger le regard et le rapport au monde du spectateur. « Même s’il y a une forte dimension anecdotique dans mes images, ce que je montre n’est ni pittoresque ni nostalgique. L’histoire racontée par la photo devient un commentaire social », explique-t-elle. C’est donc pratiquement un dialogue introspectif du Toulousain face à lui-même que suggère cette exposition en forme de miroir sur la ville.
Exposition ouverte du mardi au dimanche de 13h à 19h.
Centre de documentation ouvert du mardi au vendredi de 13h à 18h.
Tarifs : de 2,5 à 4 €.
www.galeriechateaudeau.org/
‘’Bio en Ville’’ de Małgosia Magryś est un petit livre rose de cinq mètres sur quinze centimètres qui se présente sous la forme d’une longue fresque en accordéon. Sur chaque page, on découvre le portrait et une courte biographie d’un producteur bio rencontré sur un marché du centre-ville. Replié sur lui-même, l’objet rend un discret hommage à la brique toulousaine.
En autoédition, “Bio en ville” est disponible sur le site de l’auteure, dans les librairies indépendantes toulousaines ainsi qu’à la librairie du Château d’eau.
mmagrys.com/livre
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