Nouveau C’est dans la galerie Whart, située dans le quartier Jean Jaurès, que Chad Keveny, artiste peintre d’origine irlandaise, expose ses œuvres jusqu’au 10 janvier 2015. Rencontre avec ce globe-trotter touche-à-tout.
Par Myriam Balavoine
Whart est une galerie qui se veut vivante car l’art n’a pas vocation à l’ennui. C’est donc dans un lieu accueillant hommes et femmes, créateurs numériques, geeks, et communicants, que les œuvres d’art contemporain sont exposées. Pour Jean-Pierre Macia, cofondateur de Whart, il s’agit de « sortir des normes tout en faisant le travail de découvreur de talents de toutes nationalités s’inscrivant dans la sphère d’un art contemporain international. » Montrer, diffuser et faire partager le concept d’un art ouvert au monde, c’est donc le point d’ancrage de cette galerie résolument moderne.
Fruit de sa rencontre avec Jean-Pierre Macia il y a deux ans, l’exposition de Chad Keveny s’inspire de la célèbre « Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix. Un long processus de discussions, de travail et de résidence pour en arriver là. Sa vision de la « Liberté » résulte d’ailleurs d’une résidence de deux mois à Düsseldorf au cours de laquelle Chad a poursuivi son cheminement artistique. « Dans ma peinture, j’aime remettre les choses en question. L’art et la culture sont des espaces de sens que je cherche à mettre en lumière » explique-t-il.
Dessin au fusain, peinture à l’huile, encre de Chine, les toiles de Chad Keveny multiplient les formats et les formes d’art tout en restant sobres, sans encadrement. Dans sa démarche de travail, il part d’une idée et l’affine au fur et à mesure. « Je ne veux pas d’un objet final où l’on ne sait rien, où l’on ne voit rien. » confie le peintre, qui ose laisser apparentes ses étapes de création. « Je travaille à partir d’œuvres déjà existantes et en fait une sorte de réinterprétation. Pour la «Liberté», j’ai repris la pose et l’ai déclinée sous plusieurs traitements ». Chad joue avec des images culturellement et visuellement prégnantes en associant divers objets : oiseaux, chatons, images impériales détournées avec au cœur de son propos, le combat pour la liberté.
« Dans ma peinture, j’aime remettre les choses en question »
« La Liberté n’est pas seulement pour le peuple français, elle est universelle. La République ne s’arrête pas aux frontières » s’exprime Chad Keveny, en référence à sa « Liberté guidant Hong Kong » et sa résidence à Macao. En remplaçant et variant les symboles du monde d’aujourd’hui, il questionne l’espoir, la force et la confiance. « Les modes de vie ont énormément changé en cent ans. Aujourd’hui notre liberté réside dans nos choix, même si ceux-ci sont limités par ce que nous offre le marché ». Critique face à l’actualité et les faits de société, l’artiste déplore le traitement de l’information et aimerait « un peu concurrencer la télévision dans votre salon » avec ses light-box, à la fois œuvres d’art et objets de décoration, évoquant les politiques de limitation des naissances et de l’enfant unique.
À l’étage de l’exposition, des œuvres plus anciennes, réalisées au cours de ses voyages. Certaines toiles sont inspirées de la famille Kenedy, qui a insufflé « l’idée d’un changement dans la politique, dans la façon d’être par rapport aux médias. Ils se sont vendus, eux et leur manière de vivre, et se sont retrouvés prisonniers de leur propre publicité ». Tout ce qu’il a découvert, vu et entendu de par le monde, l’Irlandais tend à le communiquer à travers ses toiles, à travers une certaine émotion. Et quand on lui demande ce qu’il a prévu pour la suite, il confie : « Je reste ici tant que je n’ai pas un métier ou une femme qui m’amène ailleurs. J’ai 33 ans, qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? »
Infos + : Diplômé des Beaux-Arts de Toulouse en 2004, Chad Keveny a partagé ses études entre Dublin et la ville rose. Son cheminement artistique est en constante évolution, et il porte aujourd’hui une attention particulière aux discours et symboliques du pouvoir économique et politique.
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