CHANSON. Albigeois un temps exilé en Australie et de retour à Toulouse depuis peu, batteur de la grosse machine rock Tame Impala et musicien multi-instrumentiste impliqué dans de nombreux projets. Barbagallo est tout cela à la fois. Grand Chien, son deuxième album solo, est une lumineuse synthèse de toutes ces identités.
« C’est à la fois excitant et nouveau pour moi. D’ordinaire, je suis en retrait, je n’ai pas l’habitude d’être mis en lumière. » Pas du genre à s’enflammer, c’est avec un certain détachement que Julien Barbagallo savoure l’accueil réservé à son nouvel album solo, Grand Chien, sorti vendredi dernier. Les plus grands titres de la presse spécialisée se montrent en effet unanimement élogieux et des chroniques en anglais, en italien ou en espagnol vont également dans le même sens. « Certainement l’effet Tame Impala », avance-t-il. Comprendre : s’il n’est pas l’artiste le plus en vue aux yeux du grand public, l’Albigeois est loin d’être un inconnu dans le monde de la musique.
Avec le prestigieux groupe australien Tame Impala au sein duquel il officie à la batterie, Julien Barbagallo parcourt le monde depuis quatre ans. Une sorte de « rêve éveillé » pour ce fils de mineur carmausin d’origine italienne, qui, aussi loin qu’il s’en souvienne, a toujours voulu faire de la musique. Dès sept ans, il intègre l’école de musique d’Albi et débute la batterie à 9 ans. « J’ai commencé à composer et à écrire des textes très tôt. Le lien n’était alors pas très clair avec le fait que ce soit possible d’en vivre mais il n’y avait que ça qui m’intéressait », explique-t-il.
J’essaye de sortir du côté terre à terre de la chanson avec des choses un peu magiques
Tout naturellement, projet après projet, il obtient sa première intermittence à 24 ans suite à une tournée avec le groupe Hyperclean qui accompagnait alors Brigitte Fontaine. Touche-à-tout, il sévit au sein de multiples formations comme Tahiti Bob ou Aquaserge avant la rencontre avec Kevin Parker, tête pensante de Tame Impala. «C’était par hasard dans un bar à Paris. On a sympathisé, on s’est mis à expérimenter et il m’a proposé de le rejoindre pour une tournée. J’en suis à 300 concerts avec eux, partout dans le monde, dans des salles incroyables. Il m’arrive encore de me dire que c’est fou !»
Entre deux prestations, Julien Barbagallo trouve le temps d’écrire et de tester des mélodies dans sa maison de Melbourne où il s’était installé avant de revenir à Toulouse, il y a de cela quelques mois. «Plus jeune, mes influences étaient uniquement anglo-saxonnes, du coup je composais en anglais mais de manière un peu dilettante. J’ai eu un véritable déclic quand j’ai switché pour le français. Je me suis senti plus légitime alors que jusqu’à présent j’étais dans le mimétisme», raconte-t-il. Après Amor de Lonh en 2014, le troubadour des temps modernes distille à nouveau ses mélodies pop-folk psychédéliques dans Grand Chien, pour lequel il a joué tous les instruments.
Dix titres salués comme un nouveau souffle sur la chanson française où il est notamment question d’éloignement à l’image du titre Nouveau Sidobre. «C’est parti d’un paysage australien qui m’a fait penser au Sidobre (dans le Tarn) et cela a dérivé sur l’identité du voyageur, ce qu’il vient chercher à l’autre bout du monde. J’essaye de sortir du côté terre à terre de la chanson avec des choses un peu magiques que chacun peut interpréter à sa manière, quitte à être opaque. » S’inscrivant dans la longue tradition de la chanson française tout en lui insufflant un esprit d’ouverture, Grand Chien est un superbe mix d’influences variées. Et Barbagallo, un artisan sacrément moderne.
Infos pratiques : Grand Chien, paru le 28 octobre chez Arista France. Barbagallo en concert, le 8 décembre à Toulouse dans le cadre des Curiosités du Bikini (20h/5 euros).
Barbagallo le « Souterrain »
Outre la sortie de l’album de Barbagallo qu’il soutient via le label complice Almost Musique, le réseau La Souterraine fait l’actualité à Toulouse en ce moment. Après avoir pris ses aises pendant trois jours à la Cave Poésie (du 27 au 29 octobre), ce laboratoire de l’underground musical français et francophone sera à l’honneur au Théâtre Garonne le 19 novembre prochain. Au programme : 7 heures de musique non-stop aux quatre coins du théâtre.
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