Ces dernières semaines, cinq mues de boas constrictors ont été retrouvées dans des jardins du quartier Saint-Agne ! Mais est-ce une preuve suffisante pour conclure à la présence de spécimens de ce spectaculaire reptile ? Le JT est allé vérifier.
©Franck Alix
Et de cinq ! Près de trois semaines après la première, c’est une cinquième mue de serpent qui est apparue, ce mardi 11 septembre, dans un discret jardin d’une impasse du quartier Saint-Agne. Si la découverte d’une première peau de boa constrictor rendait envisageable la présence d’un de ces serpents, la multiplication des mues, à quelques dizaines de mètres les unes des autres, rend cette hypothèse invraisemblable. « Deux des cinq peaux ont été authentifiées par un bénévole spécialiste en herpétologie de notre association et proviennent de boas différents. Or, il est improbable que plusieurs boas muent simultanément dans un périmètre aussi restreint, d’autant qu’un tel serpent ne mue que deux ou trois fois par an.
Parler de famille est totalement incongru car il n’existe pas de cas avérés de reproduction de ces animaux exotiques en France ou sous des climats européens. Autant un boa ou une mue, c’est plausible car tout type d’espèces peut malencontreusement s’échapper… Mais cinq au même moment, ça devient farfelu », assure Laurent Barthe, président de la Société d’herpétologie de France. Pour ce spécialiste, l’hypothèse la plus probable est que ces mues aient eu lieu dans un terrarium puis qu’elles aient été déposées là pour des raisons obscures. « Le bon état des mues retrouvées ne plaide pas en faveur d’une mue en milieu naturel. Il est possible d’en observer des entières, mais enchevêtrées dans des branches ou le long de pierres. Un serpent de cette taille ne mue pas en un claquement de doigts. Il a besoin de se frotter et de s’aider de son environnement ce qui, en général, les abîme. »
Nous nous sommes donc rendus sur place pour préciser les conditions dans lesquelles ces peaux ont été découvertes. « C’est ma femme qui a trouvé la première sur notre terrasse au fond du jardin. Il manque la tête, mais elle mesure 2,20 mètres. Moins d’une semaine plus tard, notre voisine en comptait deux autres dans son jardin, dont une suspendue dans les branches d’un arbre », témoigne Emmanuel Grimault, un habitant du quartier. Or, un rapide repérage des lieux permet de constater que les deux jardins sont mitoyens et bordés par les quais de la gare qui surplombent les deux propriétés. L’accès étant libre au public, de jour comme de nuit, s’approcher de la clôture pour jeter discrètement les mues ne présente aucune difficulté et expliquerait que l’une des mues ait été retrouvée dans un arbre.
Si l’hypothèse du canular douteux s’impose, la question de leur provenance reste entière. « Les boas constrictors sont en libre détention jusqu’à trois spécimens. Ce sont des animaux dont la dangerosité n’est pas avérée », assure Matthieu Nouvel, chef de l’unité environnement à la Direction départementale de la protection des populations, dont les services ont jugé que la situation ne représentait aucun risque, d’autant qu’aucun serpent n’a été directement observé. Il n’existe donc aucun fichier permettant d’identifier les bêtes correspondantes ou de constater leur disparition. Qu’il soit rampant ou à deux pattes, il semble ainsi très peu probable qu’on retrouve l’animal !
Commentaires