Avec sa plancha mobile attelée à son vélo, ce Toulousain va à la rencontre des sans-abris pour partager un repas. Plus que d’offrir une aide alimentaire, l’objectif de Kamel Secraoui, fondateur de l’association Plancha social club, est de créer un véritable moment de convivialité, une pause chaleureuse dans leur quotidien.
Muni d’une plancha équipée de roues et attelée à un vélo, Kamel Secraoui sillonne Toulouse une fois par semaine. Il part ainsi à la rencontre des sans-abris afin de partager avec eux un moment de convivialité. « Le principe est simple : je m’arrête et je leur demande si l’on peut manger ensemble. C’est moi qui régale ! » explique-t-il. Plutôt abrupt comme entrée en matière venant d’un illustre inconnu. Mais la démarche fonctionne : « Même si certains se méfient au premier abord, ils se laissent généralement convaincre et apprécient l’instant », précise l’apprenti cuisinier.
Et c’est généralement la plancha qui permet de briser la glace. « Comment as-tu fait pour bricoler ça ? Qu’est-ce qu’on va manger ? Comment tu fais cuire ceci ou comment cuisiner cela ? » Une simple plaque en inox devient ainsi un outil de socialisation. Une fois le dialogue ouvert, c’est un fort moment de partage qui débute. « Nous discutons de tout et de rien autour d’un repas, la définition même d’un temps chaleureux », constate Kamel Secraoui. Et de l’avis des bénéficiaires, « ça change des sandwichs triangle ! »
Le bon samaritain atteint ainsi l’objectif qu’il se fixe à chaque fois qu’il enfourche son ‘’vélo-plancha’’ : offrir aux plus démunis une bulle de bienveillance, un instant suspendu de convivialité. Une idée qu’il mûrit depuis le premier confinement, en avril 2020. « Tout le monde se plaignait d’être enfermé. Personnellement, j’ai apprécié cette période. J’ai aimé passer du temps en famille, en étant au chaud », se rappelle Kamel Secraoui, estimant que « les gens ne savent pas voir le bonheur là où il se trouve ! »
Des vacances forcées, en compagnie de ses enfants, qu’il a passé à faire des gâteaux, organiser des jeux… Des moments qu’il a su savourer, tout en sachant que le confinement n’était pas vécu par tous de la même manière. « Pendant que nous étions confinés à l’intérieur, d’autres se faisaient verbaliser car ils étaient dehors, sans en avoir le choix », s’indigne Kamel Secraoui. « J’ai alors voulu que ces sans-abris connaissent aussi les bons moments que j’ai partagés avec ma famille… notamment autour de la plancha », poursuit-il.
Alors, avec quelques légumes frais, une bouteille d’huile d’olive, des épices et de la viande ou du poisson, achetés le matin même, sur ses propres deniers, le cuisinier amateur tente de reproduire cette ambiance chaleureuse. La matière première peut également provenir d’invendus d’amis commerçants, ou de dons de généreuses connaissances. Il peut ainsi préparer des repas pour une dizaine de personnes par semaine.
Mais le temps et les provisions manquent pour assurer un nombre de tournées suffisant. Pour pouvoir faire appel aux dons et à d’éventuels bénévoles prêts à prendre le relai ou à renforcer les cadences, Kamel Secraoui a créé une association, baptisée Plancha social club. Il espère ainsi développer son concept pour que beaucoup plus de sans-abris puissent en bénéficier. Ces derniers commencent à le connaître, et même à ‘’pister’’ sa plancha mobile, essentiellement du côté de Saint-Aubin.
Car une relation de confiance commence à s’installer. D’autant que Kamel Secraoui ne se contente pas de leur faire à manger. Sur la page Facebook de l’association, il présente chacun d’eux, du moins ceux qui le veulent. « Je raconte leur histoire, je passe des messages pour eux s’ils cherchent un emploi, un stage pour leurs enfants, ou qu’ils souhaitent juste un moyen d’expression », explique-t-il. Il partage ainsi sa bonne humeur, sa générosité… et son réseau. Car si ses camarades d’un jour manquent de reconnaissance, lui en regorge. Si les premiers ont l’habitude de l’anonymat, Kamel Secraoui lui, est bien connu de nombreux Toulousains. D’abord grâce à ses réalisations de mobiliers urbains atypiques, au travers de son agence KLD Design, mais surtout… par ses graffs, qu’il signe de son pseudo : Chat Maigre.
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