Reconnu internationalement, l’artiste et designer toulousain Kamel Secraoui, alias Chat Maigre, redonne des couleurs à nos villes par des créations éco-responsables pleines de poésie.
La nuit, tous les chats sont gris. Mais si Chat Maigre sortait à des heures indues, c’était pour ajouter un peu de couleur à Toulouse. À cette époque-là, il travaillait en tant que graphiste dans l’agence de communication À la Une, de Didier Lacroix : « Je trouvais que la ville manquait d’âme, qu’elle était trop monotone. Alors, la nuit, je prenais des chutes d’adhésif et j’allais décorer le mobilier urbain : les bancs, les poubelles, les radars, les ascenseurs de métro… »
Désormais Kamel Secraoui, son vrai nom, s’exprime au grand jour. Créée en 2006, sa société KLD Design conçoit des projets pour valoriser les produits, les services et les activités des entreprises et des collectivités territoriales. Outil numéro un : une imagination sans bornes. Quand la mairie du Pont-de-Claix lui demande de travailler sur du mobilier urbain, par exemple, l’artiste propose une gamme de chaises aussi ludiques que poétiques. De la chaise étoile à la chaise solaire en passant par la chaise Gravity, « toutes ont obtenu un succès imprévu », se réjouit leur créateur. Prix coup de cœur du public à la Biennale de design de Saint-Étienne, expositions à Grenoble, dans le jardin des Tuileries, au Wanted Design de Manhattan, à la Biennale d’architecture de Venise… Autant d’hommages qui saluent son talent pour mettre la matière et la couleur au service des relations humaines.
D’autres exemples ? Sa balancelle baptisée Gisèle, qui lui a valu le Trophée de la biodiversité de la Région Occitanie dans la catégorie Aménagement urbain. D’un orange éclatant, elle incite à se balancer à plusieurs sous les feuilles de la plante qui la chapeaute. On peut également citer les bancs Naëlou qui permettent aux volontaires de graver des messages d’amour et de paix.
De quoi rendre le monde plus beau, mais aussi plus responsable. Durant ses sorties nocturnes, Chat Maigre employait des adhésifs pour ne rien abîmer, et l’actuel chef d’entreprise réfléchit toujours aux moyens de préserver notre planète : « En signalétique, je réduis les supports en utilisant les murs. Je travaille systématiquement avec des ateliers toulousains, même quand nous trouvons de meilleurs prix en Espagne. Pour la scénographie, si l’on utilise des objets éphémères, j’essaie de les recycler : un présentoir peut se transformer en mange-debout, par exemple. Et j’évite le PVC au profit du bois, un matériau que j’adore : même mon vélo est en bois ! » Un état d’esprit qu’il n’a même pas besoin de cultiver, assure-t-il. La sensibilité écologique, chez Kamel Secraoui, c’est tout naturel…
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