Demain mercredi 19 mai, jour tant attendu de la réouverture des bars, un nouvel établissement, le Seven Sisters, fera son apparition à Toulouse. Ses patrons racontent le parcours du combattant et l’angoisse liés à la création d’un bar en pleine crise sanitaire.
C’était le monde d’avant. Paul Waller, manager dans un pub toulousain bien connu, Ivan Petros, journaliste en reconversion, et leur associée Jennifer Tordjman, décident de créer leur propre affaire : un pub dans la pure tradition anglaise. Une aventure déjà osée qui va prendre une tournure encore plus rocambolesque avec l’arrivée d’un petit imprévu… Une pandémie mondiale. D’autant que le sort a joué des tours particulièrement savoureux aux trois trentenaires.
“Nous avons commencé à travailler sur le business plan à l’été 2019. Puis nous avons cherché pendant de longs mois un local que nous avons fini par trouver en décembre. Nous avons signé une promesse de vente pour le fonds de commerce en janvier 2020. Il ne nous restait plus qu’à obtenir le crédit et je me souviens parfaitement que nous avons eu deux réponses positives orales de la part de banques le 16 mars”, retrace Ivan Petros.
Le lendemain, Emmanuel Macron annonce le premier confinement, début d’un très long tunnel pour de nombreux commerces et en particulier, les bars. Les banques se rétractent aussi sec. La promesse de vente s’achevant au bout de deux mois, les associés doivent convaincre les vendeurs de signer un avenant pour renouveler l’engagement, puis un autre. “Tous les deux mois, on revenait à la charge. Au début les propriétaires étaient très compréhensifs mais au bout d’un moment, ils ont failli nous lâcher, ce qui est normal vu qu’ils continuaient de payer un loyer. Là, je me suis littéralement mis à genoux pour les supplier de tenir encore un peu”, avoue Ivan Petros.
La situation se débloque finalement avec la signature du crédit en novembre 2020 avant le rachat officiel du fonds de commerce en décembre. “Les banques doivent avoir des informations que tout le monde n’a pas car on nous a proposé un crédit décalé de six mois, ce qui fait que nous ne commencerons à rembourser qu’à partir du mois de juin, au moment du redémarrage de l’activité”, précise le néo-entrepreneur.
Voilà donc les trois trentenaires à la tête d’un établissement…qui n’est de toute façon pas autorisé à ouvrir ses portes. Un mal pour un bien puisqu’ils vont profiter de ce temps pour faire de gros travaux et façonner au mieux l’ambiance très précise qu’ils souhaitent mettre en place au Seven Sisters, nom choisi en référence à un quartier de Londres. De la décoration à la musique en passant par les bières à pression, que l’on ne trouve pas ailleurs, tout est pensé jusqu’au moindre détail pour récréer l’atmosphère si particulière d’un pub anglais traditionnel. “Il y a beaucoup de pubs à Toulouse mais aucun qui soit vraiment anglais à 100% authentique”, lance Ivan Petros.
Obligés comme tout le monde d’attendre le 19 mai pour enfin accueillir leurs premiers clients, les gérants du Seven Sisters n’ont toutefois pas pu compter sur les aides de l’état, étant donné que celles-ci sont calculées sur le chiffre d’affaire du commerce. Mais l’ancien journaliste qui s’apprête à découvrir un nouveau métier avec excitation préfère retenir le positif : “Tout cela nous a permis d’être fin prêts pour le moment fatidique. Et puis le fait de ne pas avoir pu acheter en mars 2020 nous a évité de payer presque un an de charges. Le timing n’était pas si mauvais au final”, sourit-il.
A partir du 19 mai, le Seven Sisters pourra accueillir une douzaine de clients à la fois sur sa petite terrasse. Une façon de commencer à se rôder tranquillement pour les co-gérants qui seront au four et au moulin, au bar et en cuisine. En effet, pour obtenir le crédit, ils ont dû réduire la voilure par rapport au projet initial et se passer de staff. Pour le moment en tout cas.
Après une année de stress et d’angoisse durant laquelle tout aurait pu s’effondrer avant même le début de l’histoire, les patrons du Seven Sisters peuvent, désormais, regarder l’avenir avec optimisme. “On ne sait jamais, mais avec la vaccination, on peut penser que le pire est derrière nous. Et, quand on voit la centaine de messages que nous avons reçu pour réserver une place dès mercredi, c’est incroyable, les gens n’attendent que ça ! Tout ce parcours du combattant fait que nous apprécions d’autant plus, aujourd’hui, d’avoir notre lieu à nous et de ne pas avoir lâché l’affaire”.
Infos pratiques
Seven Sisters, 26 rue Raymond IV, 31000 Toulouse.
Commentaires