L’association Arch Crowd, fondée il y a un peu plus d’un an fabrique des modules habitables pour les SDF grâce à des matériaux de récupération. À l’origine de ce projet, Yassin, un ingénieur toulousain.
Fabriquer des abris d’urgence pour les SDF à partir de matériaux de récupération, voilà le pari de Arch Crowd. Cette association est le fruit de la rencontre entre six ingénieurs qui ne trouvaient plus de sens à travailler pour de gros industriels. À l’origine du projet, Yassin, qui décide de mettre à profit ses acquis professionnels pour créer des habitats dédiés aux personnes vivant dans la rue. Aujourd’hui, cinq autres membres l’ont rejoint, dont Aymeric, qui confie : « Le but était d’élaborer une structure ne nécessitant pas de compétences techniques, afin que tout un chacun puisse la réaliser ». Ils choisissent donc de se tourner vers des arches. « Ce sont des assemblages d’éléments qui forment un abri dans laquelle on peut dormir », explique-t-il. Le plus petit modèle mesure huit mètres carrés quand le plus grand peut atteindre jusqu’à 60 m² et trois mètres de haut.
Les membres du collectif avaient à cœur de se positionner dans une démarche respectueuse de l’environnement. C’est pourquoi les arches sont en bois et isolées avec du carton. Et pour avoir accès aux matériaux nécessaires à la construction, pas question d’acheter. Arch Crowd les collecte auprès d’entreprises partenaires : des bâches destinées à être jetées, du bois invendable, des palettes, etc. Ils ont même créé une carte interactive recensant les points des ressources potentiels. Pour se développer, Arch Crowd a posé ses valises à la Maison du peuple, un squat autogéré à deux pas d’Airbus dans lequel elle a installé un véritable atelier.
Pour tester la première version de l’arche, une femme SDF a accepté d’éprouver la structure pendant trois mois. « Savoir où elle allait dormir le soir, lui a permis de se concentrer sur le reste. Aujourd’hui, elle a retrouvé un emploi et un vrai logement », explique Aymeric. Les membres d’Arch Crowd tiennent d’ailleurs à bien faire la distinction. « Nous sommes conscients qu’il ne s’agit pas d’une solution de relogement, mais plutôt d’un hébergement d’urgence temporaire… En attendant que les pouvoirs publics proposent des alternatives durables », détaille-t-il.
Chaque semaine, Arch Crowd organise trois chantiers participatifs. Ceux qui le souhaitent peuvent venir aider à construire des logements, mais pas que. « Nous avons également besoin d’aide pour la recherche et le développement afin de tester des isolants potentiels. Nous ne sommes que six membres et ne pouvons donc pas produire autant de logements que nécessaire », déplore Aymeric.
Il arrive aussi que des personnes sans-abris viennent elles-mêmes construire leur habitation. C’est le cas d’un père de famille, qui vivait dans un baraquement de fortune situé dans un ‘’bidonville’’ à Toulouse. « Cela lui a permis de s’émanciper un peu. Il a eu la satisfaction d’avoir fabriqué un logement pour ses enfants », analyse le membre d’Arch Crowd.
Bien qu’ils aimeraient que l’État trouve une vraie solution pour les personnes qui vivent dans la rue, et que leurs « arches deviennent ainsi inutiles », Aymeric et ses amis ne se font pas d’illusion, leur projet est malheureusement voué à se développer. « D’ailleurs, nous pensons créer des modules reliés à l’électricité, avec une douche voire une petite cuisine. »
Cassandre Garot
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