TREMPLIN. Se servir de l’activité d’une entreprise comme levier de l’insertion, tel est le choix de certaines sociétés à vocation sociale. C’est le cas de Greenburo, spécialisée dans la collecte de déchets et le tri sélectif, mais avant tout dans l’accompagnement des actifs en difficultés.
«Je suis arrivé en France il y a moins d’un an. J’ai pris cinq mois pour faire mes papiers puis j’ai cherché du travail, mais sans succès», témoigne Mohamed, 57 ans. Ce titulaire d’une licence de droit, il est pourtant prêt à accepter un emploi technique mais il lui manque une formation adéquate. «À Pôle Emploi, tout ce que l’on m’a proposé c’est de m’aider à faire mon CV !» Il découvre alors Greenburo, une entreprise d’insertion et apprend qu’il peut y travailler tout en se formant.
Spécialisée dans le tri sélectif et la collecte de déchets auprès des entreprises et des collectivités, la société toulousaine a pour mission première l’insertion, et ce depuis sa création en 2008. «C’est pour servir cet enjeu que nous avons choisi d’opérer dans un secteur d’activité qui ne demande que peu ou pas de qualifications», explique Mathieu Poupon, gérant de Greenburo. Des postes de manutention essentiellement. Dans un entrepôt adossé aux bureaux administratifs, débordant de papiers et autres cartons, une dizaine d’hommes s’activent. Greg manie le transpalette pendant que ses collègues vident les poubelles collectées dans un container.
L’une des principales caractéristiques d’une entreprise d’insertion est l’accompagnement individuel de chacun des salariés. «Lors du recrutement, il est primordial que les candidats soient d’abord éligibles selon Pôle emploi, mais surtout qu’ils justifient d’une envie de s’en sortir, de mener un projet professionnel dans l’objectif de lever les freins qui les ont empêchés de trouver un poste stable jusqu’à présent», rappelle Mathieu Poupon. Une prise en charge qui va du simple cours de français pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue (donné sur les horaires de travail), à la mise en place de formations techniques plus longues.
Et ça fonctionne. Aujourd’hui, Greenburo emploie 18 salariés, dont la moitié en contrat d’insertion, et génère 800 000 € de chiffre d’affaires. «Bien sûr, il existe des inconvénients à travailler avec une majorité de personnes en contrat de ce type car le turnover est important, les salariés ayant vocation à quitter l’entreprise au bout de deux ans maximum. Nous formons les nouveaux en permanence, ce qui représente une charge, mais des subventions permettent d’en limiter le coût», explique le gérant. La gestion des plannings est un véritable casse-tête, confesse-t-il, mais le client ne doit jamais rien en savoir. Car Greenburo est avant tout une entreprise qui propose des prestations professionnelles.
Mohamed, mais aussi Ahmed, Steven, Greg et les autres, reviennent justement de leurs tournées. Après avoir collecté les déchets, ils rentrent au dépôt pour les stocker avant qu’ils ne soient vendus à des prestataires assurant leur traitement. Au-delà d’avoir retrouvé un emploi, ils voient en ce recrutement, une réelle possibilité de regagner confiance en eux. Assis devant son camion, en pause-déjeuner, Ahmed raconte son parcours : « Arrivé en fin de droit à Pôle emploi, j’ai postulé à Greenburo. J’ai commencé comme tout le monde, par un contrat d’insertion. Et aujourd’hui, je suis chef d’équipe avec un poste pérenne. Ici, on m’a donné ma chance et j’ai des responsabilités. »
Un exemple d’une insertion réussie, « qui n’est possible que quand la personne devient autonome dans sa recherche d’emploi et qu’elle est capable de mettre en valeur ses capacités », précise Mathieu Poupon. D’ailleurs, le dirigeant s’enorgueillit d’avoir permis à plus de 66% des salariés en contrat d’insertion de trouver un travail pérenne par la suite.
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