Les Toulousains qui fréquentent la place du Capitole marchent dessus régulièrement, mais connaissent-ils vraiment la signification des signes astrologiques qui ornent la croix occitane sur le parvis de la mairie ?
«Je suis arrivée dans la Ville rose il y a dix ans et je n’ai toujours pas compris la signification de ces signes», avoue Aurélie à son compagnon qui, bien que Toulousain, ne s’est jamais posé la question : « En y réfléchissant, peut-être qu’ils ont une origine mystique ! » Visible depuis le ciel, la croix occitane incrustée dans les pavés de la place du Capitole n’est pas tout à fait celle que l’on peut apercevoir sur les drapeaux et autres emblèmes de Toulouse. À ses extrémités ont été rajoutés les signes du Zodiaque.
Pour connaître leur origine, il faut remonter le temps jusqu’en 1019. Là, les dames sont apprêtées de leurs plus belles parures, les hommes rivalisent de courbettes et les saltimbanques et autres troubadours se démènent pour amuser des convives venus assister aux noces de Guillaume III, dit Taillefer, comte de Toulouse, d’Albi et du Quercy avec la jeune Emma, comtesse de Provence. «Il a ainsi ramené l’emblème de la Provence à Toulouse, la croix occitane», explique Jean-Louis Reuland, conseiller municipal délégué aux archives. Mais c’est finalement Raymond IV, le troisième Marquis de Provence et Comte de Toulouse, qui apposera la croix occitane sur son étendard lors de sa victoire dans la bataille d’Antioche. Les souverains de la Ville rose n’ont depuis plus quitté cet emblème et l’ont intégré aux armoiries de la cité.
« La légende veut que la croix occitane ait été créée à Venasque, en Provence, mais la symbolique est beaucoup plus religieuse que spirituelle », précise l’élu. Effectivement, elle est constituée d’un liseré jaune sur fond rouge. Les quatre branches de même longueur font référence à l’égalité des hommes entre eux quand la bordure jaune leur rappelle qu’ils sont unis par Dieu. L’arrière-plan couleur sang étant présent pour matérialiser le monde en souffrance… sous le regard des 12 apôtres, représentés par les boules qui terminent les branches.
En 1995, lorsque Dominique Baudis a laissé au peintre-sculpteur Raymond Moretti, le soin de décorer la place du Capitole, entre temps la notion de laïcité avait fait son apparition, avec les débats qu’on lui connaît. Il aurait été donc mal venu de représenter des apôtres sous les fenêtres de la mairie de Toulouse. Mais il semblerait que si la nature a horreur du vide, Raymond Moretti aussi puisqu’il choisit quand même de combler celui des 12 boules fichées aux extrémités de la croix occitane. Il mène alors une réflexion artistique sur le chiffre 12 et propose d’y symboliser les 12 signes astrologiques, les 12 mois de l’année et les 12 heures du jour. Cette option ne fait pas l’unanimité, certains puristes dénonçant «un farcissage kitsch». Dominique Baudis défend alors l’artiste en expliquant qu’une œuvre n’a pas forcément vocation à décrire une réalité, il faut laisser la place à l’imagination. Il aura gain de cause et Raymond Moretti, qui est aussi l’auteur des peintures des plafonds des Arcades du Capitole, réalisera son projet en utilisant pas moins de 20 tonnes de bronze. Les Comtes de Toulouse s’en retourneraient peut-être dans leurs tombes, mais il n’empêche, la place du Capitole est aujourd’hui classéetroisième plus belle place de France.
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