MIAM. D’avril à septembre, près de 55 000 Occitans ont participé à la grande concertation citoyenne sur l’alimentation, organisée par la Région. Ils sont maintenant invités à voter pour les actions qu’ils jugent prioritaires afin de bâtir un pacte régional en faveur d’une alimentation durable.
« Ce n’est pas un sondage, c’est une immersion dans l’Occitanie profonde », s’exclame Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région délégué à l’agroalimentaire et à la viticulture. Près de 55 000 réponses au questionnaire sur l’alimentation lancé en avril par la Région Occitanie ont été enregistrées par l’institut de sondages CSA, un record. Les résultats sont sans appel : les Occitans plébiscitent une nourriture saine et équilibrée, sont de plus en plus nombreux à manger bio, aiment faire leur marché – même s’ils s’approvisionnent majoritairement en grandes surfaces – et sont plus de 90 % à affirmer qu’ils privilégieront les produits ”made in Occitanie” s’ils sont plus facilement identifiables.
« Il faudrait donc que notre marque régionale Sud de France se retrouve sur les rayons de tous les distributeurs. Nous sommes prêts à discuter avec eux », s’engage Jean-Louis Cazaubon. Suite à ce questionnaire et aux 14 rencontres citoyennes qui ont eu lieu dans chaque département d’Occitanie de mai à juillet dernier, l’heure de la consultation est venue. À partir de lundi et jusqu’au 15 novembre, les habitants de la région pourront sélectionner les actions qu’ils jugent prioritaires, comme le soutien des pratiques agricoles respectueuses de la nature, l’information sur l’origine et le prix des produits, la multiplication des points de vente de marchandises bio, etc. De quoi enrichir le pacte en faveur d’une alimentation durable, qui sera proposé au vote des élus occitans en décembre prochain. « L’Occitanie veut être la région du bien vivre et du bien-être, dans son esprit collectif et de responsabilité environnementale », traduit la présidente Carole Delga.
« N’attendez pas que cela bouge là-haut. Seuls les collectivités locales et les citoyens peuvent agir »
Ceux qui portent le projet sont enthousiastes. À l’image du fromager-affineur toulousain François Bourgon (Chez Xavier), qui loue la diversité de notre terroir, première région européenne pour le nombre de produits sous signe officiel de qualité et d’origine : « Plus il y a de variétés, plus il y a de goûts. Alors, plutôt que d’élever des vaches productivistes comme la holstein, remettons en valeur nos propres races. » Mais pour cela, il faut soutenir les exploitations locales, « par exemple en payant un centime de plus le litre de lait, ce que tout le monde peut se permettre », suggère Sébastien Albouy, éleveur de vaches laitières dans le piémont pyrénéen et membre du syndicat des Jeunes agriculteurs.
La présidente de la Région évoque également la nécessité de préserver les terres agricoles, « qui sont notre première richesse ». « Il faut avoir le courage de densifier le foncier, de construire en hauteur plutôt que de s’étendre, d’imperméabiliser et de bétonner les sols », insiste-t-elle. Le restaurateur parisien Xavier Denamur propose enfin de bâtir en Occitanie le premier centre agroculturel où toutes les familles pourraient découvrir les produits et les métiers de la terre, et apprendre à bien manger. L’homme a participé l’an dernier à Paris aux Etats généraux de l’alimentation, « qui n’ont pas abouti à grand-chose ». « N’attendez pas que cela bouge là-haut. Seuls les collectivités locales et les citoyens peuvent agir », lance-t-il.
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