Alors que le secteur de la restauration fait partie des plus impactés par la crise sanitaire, deux Toulousains lancent Jobs & Chefs, une plateforme de recrutement dédiée aux professionnels de la cuisine. L’objectif est de pallier le manque de main-d’œuvre auquel devront faire face les restaurants à leur réouverture.
Depuis plus d’un an, les restaurateurs avancent dans l’incertitude, jonglant entre réouverture partielle et fermeture complète, ce qui les empêche de former leurs équipes. Les dispositifs de chômage partiel mis en place par le gouvernement ont permis de maintenir certains emplois, mais nombre d’établissements rouvriront dans une situation d’extrême fragilité. « Nous allons être confrontés à un énorme manque de main-d’œuvre lorsque nous pourrons à nouveau accueillir nos clients », affirme Philippe Belot, vice-président de l’Union des Métiers et des Industries Hôtelières de la Haute-Garonne (UMIH 31). « Aujourd’hui, il manque 30 à 40 % de personnels dans les 1 900 restaurants de la métropole de Toulouse », poursuit-il.
Les promesses d’embauches restent très incertaines dans le secteur, notamment parce que les dates de réouverture ne sont, pour l’instant, pas fixées. Le gouvernement attendant que toutes les personnes à risque soient vaccinées, aux environs de la fin du mois de mai. « Nous ne savons pas où nous allons. Nous ne pouvons donner aucune assurance en termes de continuité d’emploi. Comment voulez-vous recruter une personne dans ces conditions ? » questionne Philippe Belot.
Financièrement, certains restaurants ne peuvent pas se permettre de recruter. Pourtant, la réouverture ne pourra pas se faire sans main d’œuvre. « Nous devons embaucher pour travailler correctement si tout ré-ouvre d’un coup. En même temps nous devons dégager de l’argent pour rembourser les prêts et renflouer notre trésorerie. C’est une spirale infernale », déplore le vice-président de l’UMIH31.
Pour l’heure, aucune solution n’a été trouvée. Pourtant, si l’embauche n’a pas lieu, le manque de personnel pourrait engendrer des mesures drastiques, comme la diminution de l’offre sur la carte ou la suppression de tables, au moment de la réouverture, où l’affluence sera la plus élevée.
« Beaucoup de grands établissements ont déjà lancé des campagnes de recrutement mais ils ne trouvent pas preneurs », affirme Philippe Belot. Selon lui, ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs, notamment la lassitude face à cette situation incertaine, poussant le personnel à se reconvertir dans d’autres secteurs. « De plus, il va falloir remettre au travail des personnes qui n’ont travaillé que quatre mois dans l’année. Elles ne sont plus habitués au rythme effréné de la restauration », souligne-t-il.
D’autant que le marché de l’emploi dans le secteur était déjà très tendu avant la crise sanitaire. « Il y avait déjà entre 160 000 et 200 000 emplois non-pourvus dans la filière », poursuit Philippe Belot. De plus, depuis le début de la crise, les restaurants sont désignés comme étant des lieux de transmission du virus, ce qui pourrait, selon lui, freiner les demandeurs d’emploi qui souhaitent se tourner vers la restauration : « Forcément, ils n’ont pas envie d’aller travailler dans des lieux qualifiés de dangereux. »
Dans ce contexte économique difficile, deux frères et sœurs toulousains, Hélène et Clément Gallais, ont lancé Jobs & Chefs : une plateforme digitale consacrée au recrutement des professionnels de la cuisine (chefs, commis, plongeurs etc.). « Certains restaurateurs sont en train de former leurs équipes pour la réouverture. Il existe énormément de recruteurs qui proposent du travail. Nous tentons donc de les mettre en relation avec les demandeurs d’emploi », explique la jeune femme. L’inscription est gratuite pour les restaurateurs jusqu’au 15 juin 2021, et le restera pour les postulants.
Sur le site, les recruteurs publient des offres d’emploi et les candidats enregistrent leurs profils en renseignant leurs expériences et leurs diplômes. Ils peuvent ensuite se contacter. « Les restaurateurs consacrent en moyenne une heure par jour au recrutement. L’objectif est donc de leur faire gagner du temps en facilitant la démarche, surtout au moment où tout va s’accélérer », termine Hélène Gallais.
Alix Drouillat
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