Lors d’un débat sur la question de la parité, durant le conseil municipal de Toulouse du vendredi 19 mars, la majorité a produit une statistique faisant état de 51,6% de femmes siégeant au sein des différentes instances municipales, contre 48,4% d’hommes. Des chiffres qui, selon l’opposition, ne tiennent pas compte de la différence entre titulaires et suppléants. Qu’en est-il réellement ?
La parité au sein des instances de la Ville de Toulouse a fait l’objet d’une passe d’arme entre la majorité et l’opposition lors du conseil municipal du vendredi 19 mars 2021. En réponse à un vœu formulé par les élus d’Archipel Citoyen demandant de « mettre en place l’égalité femmes-hommes dans l’ensemble des jurys, commissions et comités (…) sur les titulaires puis les suppléants (…), et non sur l’ensemble des membres », la majorité a opposé un bilan flatteur sur la question. Ainsi, au cours du débat, Julie Escudier, conseillère municipale en charge de l’égalité Femmes Hommes, a présenté une statistique affirmant que l’ensemble des instances de la ville (conseil municipal, comités consultatifs, jurys et commissions) étaient composés à 51,6 % de femmes contre 48,4 % d’hommes.
Repris dans un tweet publié par Aimer Toulouse, le groupe de la majorité, ces chiffres ont suscité critiques et interrogations. Certains utilisateurs ayant souligné que seulement 15 % de femmes siégeaient au sein de l’instance dirigeante de Tisséo ou que l’égalité ne devait pas se limiter à la représentation mais également se constater dans les grilles salariales.
De son côté, Hélène Magdo, conseillère municipale du groupe Archipel Citoyen à l’origine du vœu, regrettait que ces statistiques ne fassent pas la distinction entre titulaires et suppléants ni entre les différentes instances, dont le rôle et l’importance n’est pas équivalent.
« Il n’est pas suffisant de regarder l’ensemble, mais il faut également se pencher sur le détail. La majorité a refusé de nous donner accès à ces précisions, mais nous craignons qu’ils aient intégré les suppléants dans le compte pour cacher l’absence de parité effective. Le problème des statistiques c’est qu’en les manipulant, on peut leur faire dire ce que l’on veut », interpelle Hélène Magdo.
Voeu égalité Hommes / Femmes.@HeleneMagdo , vous avez essayé de bluffer, vous avez raté. Nous sommes exemplaires dans nos instances sur la parité Femmes/Hommes. Ayons plutôt une impulsion positive et travaillons pour que les autres collectivités suivent notre exemple ! pic.twitter.com/fa0mHbOgx8
— Aimer Toulouse (@Aimer_Toulouse) March 19, 2021
Nous avons donc demandé à Julie Escudier de nous présenter le détail de la répartition des sièges dans les différentes institutions municipales. Ainsi, dans les 12 commissions auxquelles participent des membres du conseil municipal, on compte 52,9 % de femmes et 47,1 % d’hommes dans les rangs de la majorité contre 42,3% de femmes et 57,5 % d’hommes dans ceux de l’opposition.
Dans les comités consultatifs, ce sont 51,9 % de femmes et 48,1 % d’hommes qui siègent pour la majorité et 60 % de femmes et 40 % d’hommes pour les groupes minoritaires. Par ailleurs, dans l’ensemble des commissions et jurys, la majorité affiche une absolue parité (50/50) quand les femmes sont légèrement plus nombreuses dans les groupes minoritaires (55/45).
Enfin, seules les commissions et jurys sont organisés avec des titulaires et des suppléants. Dans ce cas, effectivement, les hommes sont très légèrement majoritaires, avec 21 hommes titulaires contre 19 femmes.
« Nous n’avons pas à rougir des chiffres que nous présentons. Nous regrettons que l’opposition n’ait pas choisi de mettre en avant les avancées et le côté positif », commente Julie Escudier. Son groupe a d’ailleurs souligné que l’opposition péchait elle-même par manque de parité au sein des commissions et dénoncé un coup de bluff de la part d’Hélène Magdo. Il a, en outre, proposé un vœu formulé « de façon plus positive ».
Retirant l’appel à affiner la parité sur le cas des postes de titulaires, la majorité a rédigé une nouvelle version du vœu amendée et réduite à un seul article : « Le conseil municipal , dans sa politique volontariste d’égalité entre les femmes et les hommes encourage les autres collectivités à viser à une même parité dans l’ensemble des instances qui les composent ».
Une modification qui fait perdre son sens à la proposition d’origine, selon Hélène Magdo. « Ce n’était pas un piège, mais un appel à progresser ensemble. C’est vrai que nous ne sommes pas irréprochables, mais cette attitude est le fruit d’un jeu politique qui cherche à voir et faire des ”coups politiques” partout. En définitive, c’est la parité qui en souffre », regrette-t-elle. D’autant que celle-ci dénonce une forme de spécialisation par « domaines de compétences genrés » dans les différentes instances.
« À l’exception de quelques délégations qu’il faut reconnaître comme le sport, attribuée à Laurence Arribagé, ou l’action sociale qui a été confiée à Daniel Rougé, les femmes ont tendance à prendre les trucs chiants ou liés à des sujets traditionnellement perçus comme féminins : le logement, la petite enfance, les écoles… Alors que les hommes monopolisent les sujets techniques comme les finances ou l’énergie », précise l’élue du groupe Archipel Citoyen.
Celle-ci mentionne notamment le cas d’une commission censée se prononcer sur un chantier d’ombrières photovoltaïques composée de 7 hommes (dont quatre titulaires) et une femme suppléante. « C’est ce cas précis qui m’a donné envie de présenter ce vœu. Pour échapper à cette spécialisation genrée et permettre que chaque femme se sente compétente, quel que soit le sujet », explique-t-elle.
Une situation toutefois exceptionnelle pour Julie Escudier qui assure que de nombreuses femmes participent activement à des commissions liées à l’économie, la sécurité des bâtiments ou l’espace public.
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