Ce samedi 10 janvier, le Collectif de la Fête Libre appelle à manifester place du Capitole afin de faire valoir et défendre le droit à la fête autogérée en France. Souvent jugé subversif, le milieu des free party dénonce des lois répressives imposées par les autorités depuis des années et compte bien défendre son espace de liberté.
Par Myriam Balavoine
Free party, rave, teuf, tout autant de mots pour désigner l’organisation de fêtes en plein air avec pour culture la musique techno et électronique. Autant stigmatisé que méconnu, ce milieu effraie et rebute nombre de personnes, encore aujourd’hui. Pour Julien, de l’association Freeform qui défend, promeut et fait progresser cette culture, c’est justement « cette méconnaissance et cette incompréhension du milieu qui contribuent à son rejet ». S’il existe une législation encadrant l’organisation de ce type de fête, celle-ci n’est pas toujours respectée, ce qui donne lieu à des incidents et rapports de force entre raveurs et forces de l’ordre. « Freeform tente de trouver des moyens pour que l’activité des collectifs techno soit simplifiée, sortir de ce rapport de force et inventer des solutions pour que la free party puisse conserver ses valeurs et ses modes d’organisation et en même temps trouver une place dans le paysage culturel français. » explique Julien.
Parce que oui, la free party porte de réelles valeurs, toutes en écho avec la liberté, la solidarité et le partage. Les artistes y sont amateurs et bénévoles. Quant au prix, il est par principe libre, pour garantir un accès à tous, quelles que soient ses origines ou son style. La free party peut prendre de nombreuses formes, collectifs informels ou associations, petites fêtes ou grands rassemblements, préparés un an à l’avance ou au dernier moment. « Nous organisons des rencontres pour créer un réseau de passionnés, échanger, réfléchir et produire des documents pour aider à mieux faire comprendre ce que sont les free party et pourquoi il faut les soutenir. » souligne Julien. Une créativité trop exacerbée pour certains, fête parfois un peu folle, il n’empêche que les free party ne s’arrêteront pas. Des solutions doivent donc être trouvées pour qu’elles se déroulent dans de bonnes conditions, en respectant le public, les sites, les riverains et l’environnement.
Revendication sonore
Toujours est-il que, depuis plusieurs mois, un mouvement revendicatif s’est mis en place. Celui-ci est mené par le Collectif de la Fête Libre, collectif informel rassemblant plusieurs acteurs du mouvement free party, notamment des sounds systems, organisateurs d’évènements, associations de prévention et réduction des risques, bénévoles et audiophiles. La Manifestive prévue ce samedi succède à d’autres marches festives déjà organisées auparavant à Toulouse, Montpellier ou Bordeaux depuis juin 2014. « Lors de ces manifestations, jusqu’à 7000 personnes étaient présentes, et aucun débordement n’a été constaté. » rappelle Adrien Girardot, membre du collectif de la Fête Libre. C’est lors d’une réunion de l’ensemble des sounds system français en novembre dernier que la manifestation nationale du 10 janvier a été décidée. Près de 50 villes suivront le mouvement afin de montrer que les teufeurs peuvent se mobiliser « tous, partout en France, au même moment, et faire comprendre que cette culture est n’est pas si marginale que cela. » ajoute Adrien. Un rassemblement de masse qui a pour but, « d’une part de revendiquer la liberté d’expression de la culture alternative que représente la free party, et d’autre part de dénoncer la répression dont sont victimes les acteurs du mouvement en France ». Ensemble, ce sont les saisies de matériel non justifiées, la répression abusive sur des soirées pourtant dans le cadre légal, et la pression constante sur les propriétaires de terrains, que pointent du doigt les acteurs du mouvement. « Il s’agit d’une application abusive de la loi Mariani régularisant les free party » considère Julien. Plus largement, c’est la quasi-censure d’un mouvement véhiculant une culture « underground », une pensée alternative et une musique généralement exclue des lieux conventionnels qui anime et révolte les amateurs de techno.
«Revendiquer la liberté d’expression de la culture alternative»
Le programme de la manifestive de samedi sera, comme son nom l’indique, plein de festivités. Stand d’exposition de matériel de DJ, peinture sur visage et jonglage, mais aussi une projection de film court sur la culture techno et free party se côtoieront autour d’un café pour permettre aux toulousains, et aux autres, de comprendre ce milieu. « Par cette approche joyeuse du public, nous voulons montrer que nous sommes des gens comme tout le monde, sortir des clichés et faire comprendre que nous pouvons être responsables. » rapporte Adrien. Côté responsabilité, le collectif de la Fête Libre sait de quoi il parle. C’est une action profonde que ses membres portent : entendus à Paris lors d’une convocation interministérielle, ils rédigent actuellement une charte destinée à la gestion des free party. « Un dialogue avec l’Etat est engagé, dans lequel la sécurité tient une place importante. Il est temps qu’il y ait une réelle prise de conscience quant à notre mouvement » conclut Adrien. Rendez-vous samedi 10 janvier, de 14h à 17h sur la place du Capitole, pour une rencontre culturelle.
Commentaires
adrien le 10/12/2024 à 21:00
Super article , très bien écrit . Félicitations à Myriam balavoine.