Le nouvel éclairage publié par la Fondation Abbé Pierre sur le logement en Occitanie atteste d’inégalités persistantes selon les territoires.
Les inégalités dans le logement sont toujours aussi importantes en Occitanie ©ArchivesJTLe constat est le même depuis de nombreuses années, chaque nouveau rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le logement est l’occasion de dénoncer l’accroissement persistant des inégalités territoriales en Occitanie. Par rapport au panorama national, l’habitat dans la région est plus que jamais impacté par la combinaison de trois grandes caractéristiques : une croissance démographique soutenue, une forte présence de populations fragiles et des marchés immobiliers tendus.
En Occitanie, le taux de chômage se situe en effet parmi les plus élevés de France métropolitaine. Au troisième trimestre 2019, il atteignait 10,1 %. De même, le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté dans la région (18 %) est largement supérieur à la moyenne nationale (14,3 %). Quant à la croissance démographique (50 000 nouveaux habitants par an), elle est à l’origine d’une autre difficulté importante en matière de logement : la métropolisation. Les nouveaux arrivants s’installant en grande majorité autour de Toulouse et sur le littoral méditerranéen proche de Montpellier, deux zones qui concentrent à elles seules 87 % de la population régionale.
Malgré de grandes disparités territoriales, toutes ces conditions engendrent un marché immobilier régional qui peut être globalement qualifié de tendu. L’ensemble du littoral, certains bassins de vie du massif pyrénéen et, plus fortement encore, les agglomérations de Montpellier et de Toulouse, en présentent ainsi toutes les caractéristiques : prix élevés du foncier et de l’immobilier privé, et concentration de la demande en logement social. En Occitanie, le taux de pression sur la demande locative sociale (ratio du nombre de demandes par rapport au nombre d’attributions) s’établit par exemple à 3,8 %.
Conséquences, tandis que la flambée des prix continue d’exclure les populations aux ressources faibles, voire moyennes, des métropoles et grandes agglomérations, le parc de logements des villes moyennes et petits bourgs s’avère lui, « souvent dégradé et peu adapté aux goûts et aux modes de vie des nouveaux arrivants », écrit la Fondation Abbé Pierre. Un modèle immobilier inadapté qui entraîne, en parallèle, de nombreuses autres difficultés annexes.
Pour les ménages accédant à un parc ancien de faible qualité, se pose par exemple la question de la précarité énergétique, qui vient s’ajouter au surcoût lié à la mobilité. Ceux qui achètent dans le neuf en secteur périurbain sont, eux, confrontés, à l’endettement et à l’éloignement des services entraînant des dépenses supplémentaires. Quant aux ménages ne pouvant quitter les centres urbains, ils se concentrent dans des quartiers prioritaires ou dans les centres des petites villes où les indicateurs de pauvreté s’aggravent.
Sans s’arrêter au constat, la Fondation Abbé Pierre formule plusieurs pistes d’actions. Et selon l’association, c’est au niveau des Établissement public de la coopération intercommunale (EPCI) que se trouve une partie de la solution. « L’échelon territorial le plus pertinent pour élaborer et conduire des politiques de l’habitat, ainsi que pour faire du traitement du mal-logement une priorité », selon la fondation, qui enjoint l’État à amplifier les responsabilités des EPCI. Pour illustrer ce souhait, les auteurs du rapport se sont intéressés aux initiatives mises en place dans plusieurs communautés de communes ou agglomérations d’Occitanie.
Ils ont notamment étudié le ‘’Permis de louer’’, instauré dans le Grand Montauban. Ici, la mise en location d’un bien est soumise à autorisation, celle-ci n’étant délivrée que si le logement est décent. Un dispositif qui permet ainsi de lutter directement contre les pratiques des ‘’marchands de sommeil’’ en les exposant à des actions en justice. « Et qui en étant généralisé sur certains périmètres “sensibles”, favorise un repérage efficace et actualisé de l’indécence et des “immeubles à problèmes” comme l’attestent les 1 100 visites effectuées en deux ans, ainsi que des “contrevisites” organisées lors des remises en location des biens afin de contrôler la réalisation des travaux ».
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