COLLATION. Bien malin celui qui peut se vanter d’avoir testé tous les thés au jasmin et les cheese-cakes de Toulouse ! Car le centre-ville regorge de salons de thé. Pour comprendre un tel engouement pour l’eau chaude, le JT s’est mis à table.
// Par Maylis Jean-Préau
Crédits : SiéChoix cornélien pour le tea time. Où commencer notre investigation ? Entre les subtils thés parfumés à la rhubarbe d’O’thé divin, les affriolantes tartes maison du Salon d’Eugénie ou les effluves de thé berbère de Méharées Dream, il faut trancher ! Rigueur journalistique oblige, c’est finalement devant la carte aux 80 références du Bol Bu que démarre notre enquête. Car le plus ancien salon de thé de Toulouse, ouvert en 1975, a vu naître depuis une ribambelle de petits frères. Là, les yeux plongés dans le fond d’une “cup of tea”, les premières hypothèses se dessinent. Les Toulousains auraient-ils attrapé un british virus ? Se seraient-ils lassés de la pinte de bière et du verre de Gaillac au point de vouer un culte aux boissons chaudes ? « Ce phénomène de multiplication des salons de thé à Toulouse est lié d’un côté à l’engouement pour les infusions, et de l’autre à la piétonnisation du centre-ville, devenu beaucoup plus agréable pour se promener, s’arrêter quelque part », répond Jean-Luc Auriol. Le patron du Bol Bu nous met aussi en garde : « Aujourd’hui, tout le monde se prétend salon de thé, mais tous n’en sont pas vraiment ! » Le mystère s’épaissit. Certains d’entre eux ne seraient donc que des PMU habilement déguisés, servant des sachets de thé vert Lipton avec des muffins sous vide ?
Avec prudence, nos pas nous mènent à l’emblématique Bapz. « Le salon de thé est un prétexte pour voir mes copines le samedi après-midi », lance Bertille, infirmière de 31 ans, attablée devant une farandole de desserts. « S’il y en a autant, c’est parce que les Toulousaines ont la tchatche ! On aime se retrouver pour refaire le monde et s’il y a des fondants au chocolat au milieu, c’est encore mieux. » Comme elle, deux Français sur trois avouent boire régulièrement du thé. La consommation moyenne atteint 230g par an et par habitant. Bien sûr, elle reste loin de celle des Britanniques (2,3 kg !), terriblement accrocs.
Les salons de thé ne feraient donc finalement que suivre la tendance des clients. « Le thé est à la mode et en période de crise, le salon de thé représente un bon investissement. C’est une niche, on peut faire du business plus facilement qu’avec un restaurant », lance un patron souhaitant garder l’anonymat. Un business qui peut même s’exporter. Après avoir monté le concept cosy de l’Autre salon de thé à Toulouse, l’entrepreneur Laurent Luca a ainsi franchisé un lieu du même nom à Bordeaux. Une autre question existentielle nous traverse alors : le salon de thé à la toulousaine serait-il en train de conquérir le monde ?
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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