Chaque semaine, cet été, nous explorons le monde du travail. Dans la peau de ceux qui permettent aux autres de passer de bonnes vacances. Quentin est glacier depuis quelques semaines place du Capitole.
Quentin avait prévu de passer son été à travailler dans les Landes. Mais arrivé sur place, début juillet, le job n’était pas si bien payé et ses heures jamais comptées. « Du coup, j’ai démissionné », déclare-t-il le plus simplement du monde. « Ça tombait bien puisque deux jours après le glacier Octave m’appelait ainsi que deux autres employeurs. Du coup, j’avais le choix. Et comme je voulais travailler pendant l’été, mais aussi les week-ends end en parallèle de mes études, j’ai demandé une embauche de longue durée, que seul Octave m’a accordée. » L’étudiant n’a pas froid aux yeux, il se présente donc mi-juillet à la boutique place du Capitole, sans jamais avoir fait de service. « Heureusement, j’ai eu une formation, j’ai observé, questionné et, rapidement, j’ai pu porter un plateau garni d’une dizaine de coupes. Au début, je le tenais à deux mains mais mon responsable m’a rapidement montré. C’est tout simple, il faut mettre une main au centre, sous le plateau, et la gravité fait le reste ». Il jure n’avoir jamais fait tomber une glace. Pourtant son poste n’est pas aisé. Il est assigné à la terrasse : 21 tables à servir entre midi et demi et minuit. « Je ne pensais pas que ce serait aussi dur et puis le problème avec les glaces, c’est qu’elles se mangent vite, du coup, le turn-over des tables est important. Les clients sont plutôt sympas dans l’ensemble même s’il y a toujours des râleurs pour qui ça ne va pas assez vite. Une petite mamie est même venue me féliciter l’autre jour. Elle m’a confié avoir fait tous les glaciers du centre-ville pour trouver une glace au vrai goût de pistache. Elle n’a trouvé son bonheur que chez nous ». Il existe deux autres postes à la boutique : la préparation et la gondole où l’on prépare les coupes et les cornets. Mais Quentin préfère rester en terrasse : « J’aime bien discuter avec les habitués et les touristes. Au mois de juillet, il y a eu beaucoup d’Espagnols et d’Anglais. J’ai été surpris car les Espagnols refusaient de parler une autre langue que la leur et comme je ne parle pas espagnol, il a fallu expliquer les parfums grâce à des gestes. Travailler au contact du public me permet de vaincre ma timidité maladive, et plus ça va, plus j’ai le contact facile. »
« Malgré le monde et l’intensité du service, l’ambiance est plutôt sympa »
Quentin apprécie aussi les responsabilités qu’on lui donne : « Parfois, c’est moi, le petit dernier, qui ouvre et ferme la boutique. On me fait entièrement confiance et c’est une chance. J’ai du coup cherché à me renseigner sur la fabrication des glaces et sur l’histoire du magasin. Maintenant, je peux expliquer qu’Octave a ouvert en présence de Claude Nougaro. Ça impressionne ! Je connais aussi l’origine des produits, issus de l’agriculture locale ou bien transportés directement par avion et sélectionnés ». Mais le jeune étudiant en électronique à l’Université Paul Sabatier avoue tout de même en avoir « plein les jambes en fin de journée. Je ne pensais pas que ce serait si épuisant. Normal, on court partout et pendant des heures. Mais le plus dur c’est de reconnaitre les couleurs des glaces pour les servir. Ça m’a pris du temps ! Surtout qu’il m’était difficile de goûter en cas de doute et je déteste les fruits et donc les sorbets ». En revanche, il voue un véritable culte au citron et à la menthe.
Par Anne Mignard
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