AVANT-GOÛT. C’est presque cuit ! Avec toujours plus de bouches à nourrir et de moins en moins de ressources pour le faire, l’humanité doit s’attaquer à un gros morceau. Devra-t-on avaler des gélules dosées au plus près de nos besoins nutritionnels, imprimer nos steaks en 3D ou encore ressusciter des légumes oubliés ? Pour le savoir, le JT a enfilé son tablier et s’est mis à table avec des chercheurs, des agriculteurs nouvelle génération et autres ingénieurs du goût. Des visionnaires qui pourraient bien nous éviter de payer une addition trop salée.
9 milliards. C’est le nombre de bouches qu’il faudra nourrir dans le monde à l’horizon 2050 selon les démographes. Ils estiment qu’il conviendra alors de doubler la production agricole pour subvenir au besoin de tous. Pour y parvenir, les politiques agricoles ont fait l’objet d’une intensification… jusqu’à ce que les scientifiques alertent sur les limites de ce mode de production.
D’abord, la consommation d’énergie nécessaire aux cultures et aux élevages s’avère bien trop importante. La mécanisation de l’agriculture reste essentiellement dépendante du pétrole, une ressource qui s’épuise et qui génère un fort impact sur l’environnement. De plus, nos habitudes alimentaires n’arrangent rien à l’affaire. Se nourrir de tous types d’aliments, quelle que soit leur provenance, n’est pas sans conséquence. «Transportés par voie aérienne ou maritime, ils consomment 10 à 20 fois plus de pétrole que le même produit, cultivé localement, en saison», estime l’Ademe.
Ensuite, la Food and agriculture organization (FAO) tire la sonnette d’alarme concernant les besoins en eau des cultures et élevages. Elle révèle, dans une étude, que quatre tonnes d’eau sont nécessaires pour produire de quoi remplir l’assiette d’un Français quotidiennement. Pourtant l’irrigation est à ce jour incontournable pour assurer une production alimentaire suffisante, notamment en Haute-Garonne où les céréales, grandes consommatrices, constituent 34.5% de la production. Selon la Chambre d’Agriculture Occitanie, « les grandes cultures implantées au printemps (maïs, soja, sorgho, pois) représentent quasiment 90% des surfaces irriguées. Et depuis quelques années, on voit apparaître de l’irrigation sur des cultures d’hiver afin de sécuriser les rendements en cas de sécheresse. » Mais la moitié de la consommation de céréales est destinée à nourrir le bétail.
Pourtant, la viande, plus que tout autre aliment, laisse une empreinte négative sur la planète. Selon la FAO, l’organisation mondiale de l’alimentation, la production d’un kilogramme de viande bovine équivaut à une émission de 27 kg de gaz à effet de serre, quand la viande d’agneau en génère 39 kg. Ce qui équivaut à la pollution émise lors d’un trajet de 180 km en voiture. Sans oublier que l’élevage est également très consommateur d’eau. En résumé, d’après l’étude menée en 2013, “l’empreinte eau” liée à l’alimentation diminuerait d’un tiers en baissant, voire supprimant, notre consommation de viande.
Pour finir, les surfaces agricoles utiles (SAU) se réduisent significativement. Dans le département, elles recouvrent 52% du territoire, soit 331 000 hectares au total. Mais la Chambre d’Agriculture Régionale constate qu’elles décroissent au fil des années : « Entre 2000 et 2010, 15 000 hectares de SAU ont disparu, soit quatre hectares par jour. En cause ? L’urbanisation croissante dans la périphérie de Toulouse. »
Autant de remises en question qui participent à l’élaboration d’une nouvelle notion, l’alimentation durable. Un modèle de production et de consommation alimentaire à réinventer si l’on souhaite pouvoir nourrir tout le monde, de manière équitable, en impactant le moins possible l’environnement. Un lourd défi à relever.
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Des actions pour produire et consommer différemment
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