SORTIE – Baisse de la vitesse, instauration de feux bicolores, voies réservées au covoiturage, Christine Buisson, chercheuse en modélisation du trafic, donne quelques pistes pour faire sauter les bouchons estivaux.
La France pourrait accueillir de 88 à 89 millions de touristes cette année. Malgré les attentats, elle resterait donc la première destination mondiale. Ce succès a une répercussion sur nos routes, « La France est particulièrement concernée par les embouteillages estivaux », explique Christine Buisson, chercheuse en modélisation du trafic.
Pour comprendre et mieux lutter contre ce phénomène, la chercheuse rappelle qu’il s’agit d’un problème d’offre et de demande. « Soit les infrastructures routières ne sont pas assez développées, soit le nombre de véhicules en circulation est trop important pour le réseau existant ». Pour lutter contre les bouchons, deux possibilités donc : jouer sur l’offre ou sur la demande.
« On peut recouvrir la France d’autoroutes, mais on ne visite pas un pays recouvert de voies de circulation », lance-t-elle avec ironie. Au-delà de l’aspect esthétique, cette option s’avère contre-productive : « augmenter le nombre de voies fonctionne dans un premier temps puis, les problèmes d’engorgements se reposent ensuite », poursuit-elle.
La meilleure solution, selon la chercheuse, est donc de jouer sur la demande. Dans ce domaine, Bison Futé est, à son sens, « un système efficace, puisqu’il vise à la répartir dans le temps et dans l’espace ». Ce,parla proposition d’itinéraires bis et des conseils pour reporter son départ sur des jours moins encombrés. Au vu des perturbations attendues ce samedi 29 juillet et les week-ends suivants, faudrait-il même aller plus loin en chamboulant les dates des vacances et éviter une concentration des départs entre le 14 juillet et le 15 août ? « L’Allemagne n’a pas de grandes vacances, les dates sont fixées par chaque Länder. Cela ne l’empêche pas de connaître également des bouchons », tempère la chercheuse.
Pour réguler le trafic, des mesures techniques font leur preuve. « Abaisser la vitesse à 110 km/h voire 90 km/h sur l’autoroute permet d’éviter les écarts de vitesse entre les voitures sur la voie de droite et celles des voies du milieu et de gauche. Cela limite aussi la pratique consistant à rester sur la voie du milieu ». Pour diminuer le nombre de ralentissements intempestifs, une expérimentation est également en cours sur la rocade de Grenoble et à Paris. Des feux de signalisation bicolores ont été installés au niveau des bretelles d’accès. « Les véhicules s’insèrent au goutte à goutte, on découpe le trafic en petits paquets et on maintient ainsi de la fluidité », détaille Christine Buisson.
Mais la meilleure option reste, selon elle, de réduire le nombre de voitures en circulation. Les États-Unis ont, par exemple, choisi de réserver les voies de gauche des autoroutes aux véhicules pratiquant le covoiturage. « Là-bas, les autoroutes ont jusqu’à six voies. Les distances parcourues par les automobilistes sont très longues ainsi que l’espacement entre les différentes bretelles de sortie. Les véhicules partagés ont le temps de rejoindre la voie qui leur est dédiée. En France, cela serait plus compliqué », tempère la spécialiste. Elle plaide plutôt pour réserver les bandes d’arrêt d’urgence aux bus, comme c’est le cas en Isère depuis 2007.
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