BIP SONORE. Pauline ne quitte jamais son portable. Elle s’est pourtant mise à l’épreuve le temps d’un week-end. La jeune femme s’est offert une digital detox.
« Je suis accro ». La petite blonde, portable devant elle et cigarette roulée à la main assume. S’en passer est difficile, c’est la première chose qu’elle fait en se levant le matin. Le tabac ? Non, le téléphone portable. Pauline a 20 ans et son quotidien, elle le voit à travers son mobile. Le matin, c’est son réveil et son agenda, puis tout au long de la journée, dès qu’elle se sent un peu seule, c’est Instagram, Facebook, Snapchat. Le moyen de garder contact avec ses amies éloignées : « Pour demander un avis sur une nouvelle tenue » ou plus simplement pour « raconter ses problèmes ».
Son téléphone sert aussi d’outil de travail. La jeune fille est étudiante en communication et discute souvent avec des employeurs potentiels via les réseaux sociaux.Mais son portable, c’est avant tout des coups de téléphone et des SMS personnels. Des tas. Elle confie : « Depuis décembre, avec mon copain, nous nous sommes envoyés 9500 textos ». Ce qui donne une moyenne de cinquante envois par jour. « Et en plus, il habite à 15 minutes de chez moi à pied ! » lâche-t-elle en souriant. À cela vient s’ajouter des « petits messages à ma maman, un peu mère poule ». Pourtant, elle nuance vite « quand je suis avec du monde, je ne regarde pas forcément mon portable tout le temps ». Elle assure donner la priorité aux gens qui sont en face d’elle, et non aux relations virtuelles.
C’est une des raisons qui l’ont poussé à participer à un week-end de digital detox. La start-up toulousaine Keywe organise depuis maintenant un an, des séjours sans portable. Douze jeunes de 20-25 ans qui ne se connaissent ni d’Ève, ni de Snapchat se retrouvent dans une villa. Les responsables gèrent tout : ils préparent des activités sportives, remplissent le frigo et fournissent assez d’alcool pour deux jours de fête. Pas de formation pour réfléchir sur son utilisation des réseaux sociaux ou de séances de psychanalyse : l’idée est de s’amuser à en oublier de mettre votre statut Facebook à jour. Dès le vendredi soir, la règle est claire : les portables, éteints ou en mode avion, sont stockés dans une boîte et, si personne ne craque, ils n’en sortiront que le dimanche soir. « C’est un peu comme une télé-réalité », explique Pauline.
Comme pour le Loft, les Ch’tis ou Koh-Lanta, la liste des participants n’est connue qu’une fois sur place : pas de noms à taper dans une barre de recherche avant de venir. Et l’ancienne participante apprécie : « Ça évite de connaître les gens par cœur avant de les avoir rencontrés ». Ce qu’elle retient de cette expérience ? « Des vraies rencontres ». D’après elle, tous les jeunes présents ont joué le jeu et cela a permis de mieux se concentrer sur ce qu’il se passait sur le moment. Pauline, roule une dernière cigarette « ce week-end, c’était surtout pour l’expérience ».
Si pour la jeune fille, cette digital détox était avant tout de l’amusement, certains accros développent d’importantes pathologies et ont besoin de véritables stages de diète numérique. Les Grands Thermes de Bagnères-de-Bigorre proposent, par exemple, une semaine “mains libres”. Unpsychologue spécialisé dans les nouvelles technologies suit personnellement les curistes pour les aider à maîtriser leur addiction. Quant à Pauline, ses habitudes sont vite revenues : une fois le week-end terminé, dans l’attente « d’une réponse importante », elle s’est précipitée sur son portable. « Il fallait que je le récupère ».
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