Que devient le contenu des poubelles bleues, dédiées notamment au tri du plastique ? Avant d’évoquer son recyclage, quelques étapes intermédiaires sont nécessaires. Le JT l’a suivi, jusqu’au centre de tri des déchets ménagers de Toulouse.
© Franck AlixComme toutes les semaines, le bip-bip du camion-benne venu ramasser les poubelles bleues résonne dans la rue. Les containers se déversent un à un dans la partie arrière du véhicule et leur contenu est emmené au loin. Plus exactement, ils sont transportés vers le centre de tri des déchets ménagers de Toulouse. « Avec une capacité de 20 000 tonnes par an, nous accueillons tous les emballages des communes de Toulouse, Villeneuve-Tolosane, Cugnaux et Blagnac », explique Frédéric Kruszczynski, responsable des collectes, précisant que ce volume critique est maintenant presque atteint.
Les camions se succèdent alors, impasse Marie Laurencin, dans le quartier de Ginestous, et vident leurs bennes de leurs déchets en papier, carton, plastique, acier et aluminium, dans un hall de réception de 1 500 m². Un amas aussi haut qu’une maison, aux couleurs vives et disparates, qu’un cariste, juché sur son tractopelle, troue par endroits. Il charge, en vrac, les emballages pour les déverser dans un trémie. Ceux-ci tombent ensuite sur un tapis roulant et passent dans un décartonneur. Cette machine effectue un premier tri en séparant les cartons bruns du reste des emballages qui sont conduits à la cabine de sur-tri.
© Franck AlixLà, deux trieurs, à la dextérité impressionnante, se relaient toutes les heures et demie pour, manuellement, retirer du tapis, les ”refus”. Il s’agit des déchets qui ont été mal triés par les Toulousains. « Ils isolent en moyenne 20% de détritus qui n’auraient pas dû être jetés dans une poubelle bleue. On y trouve des sacs remplis d’herbe, des carcasses d’animaux et autres contenant en verre », note Frédéric Kruszczynski. Et le tapis continuant d’avancer, projetant le contenu dans plusieurs grands tambours de machine à laver, aux mailles de plus en plus étroites pour trier les papiers, des petits éléments de plastiques comme des bouchons et des corps creux (bouteilles et autres contenants de plastique).
Dans un vacarme permanent, les machines trient sans trêve, avant de renvoyer les déchets sur un autre tapis roulant. Au-dessus, passe un aimant qui aspire les boîtes de conserve et les cannettes afin de les isoler. Mais dans ce bruit assourdissant, de la musique parvient à filtrer. Elle émane d’une salle, au bout du couloir.
Là, regroupé autour des tapis, une dizaine d’agents s’affairent à un nouveau tri manuel. Certains portent des masques de protection, la poussière étant omniprésente, d’autres des écouteurs sur les oreilles. Mais tous effectuent inlassablement les mêmes gestes. Dans de larges bouches béantes, situées devant leur poste de travail ou sur les côtés, ils jettent encore quelques flacons et bouteilles. Mais l’opération est loin d’être anarchique. « Il faut qu’à l’issue de cette dernière manœuvre, tous les emballages soient répartis par famille, notamment les plastiques : les PET clairs comme les bouteilles d’eau transparentes, les PET foncés comme les bouteilles transparentes de couleur et les Pehd comme les bouteilles de lait ou de lessive », énumère Frédéric Kruszczynski.
© Franck AlixEffectivement, trois compartiments débordent des trois types de plastiques auxquels plus rien d’autre (ou presque) ne se mêle. Ainsi, chaque matériau, dont les propriétés différentes induisent un recyclage différent, pourra être acheminé vers une usine de recyclage compétente. « Le papier, qui reste la majorité des déchets issus des poubelles bleues, est expédié en vrac vers une entreprise de recyclage située dans le Nord de l’Espagne, le plastique est conditionné en balles et envoyé à Bayonne, et l’acier-alu, en paquets, est transporté jusqu’en Espagne ou au Pays basque. Quant au ”refus”, tout est transféré à l’usine incinération du Mirail », commente le directeur de collecte du centre de tri. Les entreprises partenaires ne doivent pas être à plus de 1 000 kilomètres. « Le recyclage, geste écologique par excellence, n’aurait aucun sens s’il nous fallait augmenter notre bilan carbone pour le réaliser », confirme-t-il.
Tout un dispositif pour atteindre les 100% d’emballages plastique recyclés d’ici 2025, objectif fixé par le Premier ministre, Édouard Philippe. « Peut-être pas d’ici 10 ans, mais à Toulouse, nous pourrons y parvenir. Pour cela, il faudra investir pour transformer les unités de tri, et faire un travail beaucoup plus important pour sensibiliser la population », estime Frédéric Kruszczynski. Un projet qui ne semble pas effrayer le responsable des collectes toulousaines.
© Franck Alix
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