[Dej-débat]Une formule ‘‘Rentrée – migrants- scandale’’ s’il vous plait !
Casse-tête. La rentrée commence fort ! L’actu reprend ses droits sur le flegme estival et ce premier déjeuner-débat revient sur des dossiers épineux : la laïcité à l’école, la problématique des migrants à Calais et l’affaire des deux journalistes soupçonnés de chantage et d’extorsion de fonds à l’encontre du roi du Maroc… Manon Bril, Jean Pendanx et Alexandre Fieuzal s’y sont frottés, avec prudence.
Par Coralie Bombail et Aurélie Renne
Le temps n’est pas de la partie en ce lundi midi. Installés à la terrasse du restaurant Chez Gaure, le parasol nous a abrités de la pluie ! Cela n’a en rien entamé l’entrain de nos invités, curieux de découvrir ce rendez-vous atypique du JT. On prend place autour d’un verre de vin, et une fois les présentations d’usage effectuées, nous entamons le débat par l’actualité la plus immédiate : la rentrée des classes, clairement marquée par l’effet Charlie. La ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé toute une série de mesure visant à renforcer l’enseignement des ‘‘valeurs de la République’’ à l’école. ‘‘L’éducation morale et civique’’ est notamment au programme, du primaire au lycée.
Le sujet parle particulièrement à Manon Bril, qui est professeure des écoles de formation : « Tout ça n’est pas très nouveau en fait, chaque année on change les noms, on choisit des termes plus ou moins connotés. Là, on accentue le côté ‘‘moral’’ », remarque-t-elle.
« Il y a plusieurs manières d’appréhender la laïcité, on peut aussi interroger notre modèle »
Alexandre Fieuzal, de son côté, trouve que « cet enseignement est une bonne chose mais tout dépend de comment le sujet est abordé, cela peut être différent selon les professeurs. » « Le corps enseignant a en effet soulevé le problème de leur formation pour enseigner cette matière, on touche à l’intime, il n’y aura pas deux instituteurs qui vont enseigner la même chose », reconnait Manon. La question est surtout « l’éducation des parents » souligne Jean Pendanx, « on peut enseigner des valeurs à l’école mais si les parents prônent le contraire à la maison ça n’aura pas d’effets », poursuit-il. Alexandre Fieuzal, qui a été pendant deux ans conseiller régional jeune de Midi-Pyrénées a eu l’occasion de discuter du sujet avec des lycéens : « Il y avait une demande pour ce type d’enseignements », rapporte-t-il. En ce qui concerne les plus jeunes, Jean Pendanx est tout de même sceptique : « Est-ce que ce n’est pas trop tôt 7-8 ans pour parler de laïcité ? C’est un sujet tellement complexe, il y a beaucoup de réflexions sur le sujet mais qu’est-ce qu’on en fait ? » « Plus tôt on aborde ces sujets, plus on a de chance de former des esprits ouverts et compréhensifs », répond Alexandre Fieuzal. Le débat est vaste. Pour Manon Bril, « il y a plusieurs manières d’appréhender la laïcité, on peut aussi interroger notre modèle, j’ai fait un stage en Angleterre et là-bas tous les signes religieux peuvent être visibles, ça ne pose pas de problème. Il faut expérimenter des choses ». Jean Pendanx réagit aussi sec : « L’expérimentation n’est pas le fort des politiques publiques ! La vie politique est rythmée par le court terme, ces sujets seront encore en débat dans 20 ans… » Sur cette perspective encourageante, nous passons au deuxième thème non moins épineux : la question des migrants à Calais.
« La Diplomatie française est très puissante, donc notre pays a un rôle à jouer sur ce plan »
Le Premier ministre Manuel Valls s’est rendu sur place pour la première fois depuis sa nomination le 31 août dernier. Il a annoncé notamment la construction d’un camp d’urgence pouvant accueillir 1500 personnes. Alexandre Fieuzal est le premier à réagir sur le sujet : « Il faut prendre le problème à la source, par la voie diplomatique. La Diplomatie française est très puissante, donc notre pays a un rôle à jouer sur ce plan. » « La question n’est pas française mais européenne », enchaine Jean Pendanx, partagé entre « l’humanisme que l’on ressent tous et la réalité des gens qui vivent à Calais ». Manon Bril attaque le problème sous l’angle du droit d’asile : « La procédure est très complexe, un demandeur en attente de réponse n’a pas le droit de travailler mais perçoit pendant ce temps une aide de l’Etat, c’est aberrant ! S’ils pouvaient exercer un emploi, il n’y aurait pas besoin de cette aide. » Personnellement, elle se dit « choquée par la situation de ces gens, quand on voit d’où ils viennent, j’ai envie de leur dire ‘‘venez !’’, mais après il est évident qu’il faut être en capacité de le gérer » nuance-t-elle. « Quand on a le plein emploi, ce n’est pas un problème. L’Allemagne par exemple est un pays ouvert car il a besoin de main d’œuvre, par contre, quand on a 10 ou 15% de chômage ce n’est pas la même chose », précise Jean Pendanx. « Répartir l’effort » au niveau européen serait selon lui une solution. L’Italie, particulièrement impactée par l’afflux des migrants plaide pour un droit d’asile européen mais les chances de voir aboutir un accord au niveau de l’union sont minces…
Panna cotta et autres crèmes brulées arrivent sur la table et nous entamons le dernier point à l’ordre du déjeuner : deux journalistes français au cœur d’un scandale face au roi du Maroc. Catherine Grasset et Eric Laurent, qui ont écrit un livre à charge contre la famille royale, sont soupçonnés de chantage et d’extorsion de fond envers le roi marocain. Ils se défendent en évoquant un ‘‘piège’’, mais reconnaissent avoir accepté 1 million d’euros chacun pour ne pas sortir le livre en question. « Cette affaire décrédibilise la profession de journaliste, déjà exposée aux critiques pour des raisons plus ou moins légitimes… » lance Alexandre Fieuzal. « Elle entame aussi l’image du Maroc », remarque la jeune femme. Jean Pendanx se demande quant à lui « comment est perçu le débat là-bas ? Le roi du Maroc doit donner de l’argent à des quantités de gens, pour lui 2 millions d’euros, c’est de la petite monnaie… Il me paraitrait normal que cette question se règle au ministère des Affaires étrangères », estime-t-il. La discussion se poursuit sur la crise de la presse en France et sur la précarité des journalistes, le temps de boire un café. Puis nous nous quittons, avec le soleil.
Mini bios :
Manon Bril : Cette doctorante en histoire, ancienne professeur des écoles, en reprise d’études, a récemment fait le buzz avec sa vidéo « Toulouse au détails », qui offre une découverte de certains aspects de la ville de manière originale…
Alexandre Fieuzal : Membre des Républicains 31, délégué jeune Républicains de la première circonscription de la Haute-Garonne il a également été Conseiller régional jeune Midi-Pyrénées entre 2013 et 2015.
Jean Pendanx : Expert-comptable spécialisé dans l’audit, il créé son cabinet il y a 8 ans. En parallèle il est très engagé dans les Business angel’s et a notamment présidé les Capitole angel’s de 2012 à 2015. Passionné de sport et particulièrement de basket il est également très impliqué dans le club de Lardenne.