Pour la deuxième année consécutive, le JT a remit les Trophées des solutions, le 12 avril, à l’Oïkos de la place Saint Aubin, à Toulouse. Une manière pour nous de récompenser les initiatives que nous avons découvertes tout au long de l’année. La rédaction a ainsi épluché les 50 derniers numéros du JT et gardé les idées qui lui paraissent les plus impactantes, les plus originales ou les plus concernantes pour ses lecteurs. Nous les avons remises entre les mains d’un jury indépendant, proche de l’économie sociale et solidaire. Et voici qui ils ont récompensé…
Des nichoirs à oiseaux aux gîtes à insectes, en passant par les refuges à mammifères ou à amphibiens reptiles, Symbiosphère proposent aux particuliers, aux collectivités, aux entreprises et aux associations des solutions pour contribuer à préserver la biodiversité locale. Pour cela, Leslie Faggiano, docteur en écologie, Yann Le Portal, ingénieur environnement et Pierre Le Portal, menuisier, ont associé leurs compétences pour produire, de manière écoresponsable, des habitats à destination d’espèces animales en milieu urbain. Façonnés à base de matériaux écologiques comme le bois issu de forêts locales gérées durablement et l’ardoise, « les petits refuges sont parfaitement acceptés par leurs futurs occupants et respectent le développement des espèces que l’on cherche à protéger », expliquent les trois cofondateurs de cette scop née en 2015.
« Nous installons nos produits dans les arbres ou sur les façades de bâtiments et nous animons des formations afin d’impliquer, d’expliquer, de convaincre et de transmettre des connaissances sur la préservation de la biodiversité », précisent-ils. Ainsi, les installations permettent à la fois à leurs clients de protéger et d’observer régulièrement plusieurs espèces animales dans leur espace de vie. Voire même de bénéficier de leur présence : « Si vous possédez un potager, ces actions attireront les pollinisateurs et autres auxiliaires du jardin », termine l’équipe.
Installée depuis 15 ans à Bellefontaine, l’association L’Ecole et Nous tente de donner davantage de chances dans leur parcours scolaires et leur parcours de vie aux jeunes issus de ce quartier, où le chômage touche près d’un habitant sur deux. Pour cela, elle agit autant sur l’implication des parents que sur un soutien aux jeunes eux-mêmes en organisant par exemple chaque année une remise de prix pour tous les collégiens ayant décroché une mention au brevet, lors de laquelle ils reçoivent des cadeaux et les félicitations d’élus et de chefs d’entreprise. « Cela n’a l’air de rien mais le fait que des gens croient en eux, cela compte beaucoup. Une des nos actions consiste d’ailleurs à mettre les jeunes en lien avec des entreprises du bassin pour leur ouvrir des perspectives d’avenir », explique Malika Baadoud, directrice de l’association. L’école et nous vient aussi en aide aux parents dépassés, en aidant ceux qui ont des difficultés à lire et à écrire ou en mettant à leur disposition des ordinateurs pour leur apprendre à s’en servir. Via les cafés des parents, ces derniers sont invités à parler librement des problèmes du quotidien dans le quartier, comme le radicalisme ou la drogue. Un partenariat avec l’association Arpade permet par exemple d’aider les jeunes en proie à des problèmes d’addiction. Et pour ouvrir d’autres horizons, des voyages sont organisés pour inciter les parents à nouer des liens de façon différente avec leurs enfants. Environ 260 familles du quartier sont ainsi accompagnées par l’association.
ecoleetnous.wixsite.com
Magasins fermiers, drive fermier, Amap, de nombreuses solutions sont expérimentées pour permettre aux habitants des villes de s’approvisionner en produits de qualité, issus des champs voisins. Mais la mise en pratique s’avère souvent compliquée et coûteuse pour les producteurs. Pour s’affranchir de ces contraintes, Cornélia Fricker, cogérante de la Ferme de Cabriole, a créé en 2016 Les Casiers Fermiers, dans le quartier Croix de Pierre. Une boutique d’un genre nouveau où les consommateurs se servent directement parmi les produits accessibles 7 jours sur 7, de 8h à 22h, et disposés dans des casiers s’ouvrant automatiquement après paiement par carte bancaire. Un système gagnant-gagnant, selon sa conceptrice : « Pour nous, producteurs, c’est un moyen de vendre en circuit court au prix juste et d’être disponibles pour les clients tout en pouvant nous consacrer à nos exploitations. Pour les consommateurs, cela permet d’avoir des produits de qualité à des prix accessibles, via un système le moins contraignant possible ». Si l’outil utilisé est une machine, le lien avec les clients est tout de même entretenu via un cahier de liaison, une disponibilité téléphonique, des apéritifs dégustation ou lorsque les producteurs viennent réapprovisionner. « C’est un moyen de créer du lien entre la campagne et la ville dans un quartier populaire où les gens ne se déplaceraient pas forcément dans une ferme ou ne participeraient pas à une Amap », poursuit Cornélia Fricker. Petit à petit, la boutique élargit sa gamme de produits et d’autres Casiers Fermiers pourraient bientôt voir le jour à Toulouse.
Depuis trois ans, Le Camion Douche met à la disposition des sans-abris et précaires une salle de bain itinérante installée dans un camping-car. L’association toulousaine fonctionne de mars à décembre et va à la rencontre des personnes en situation de pauvreté, d’isolement ou d’exclusion, le lundi matin au Secours populaire, le mercredi soir sur la place Héraclès et le dimanche matin sur la place du Salin. À l’origine de l’initiative, Héloïse et Jérôme Brière, un duo père-fille engagé depuis plusieurs années dans le milieu associatif toulousain. « Nous nous sommes rendus compte que les douches publiques peuvent s’avérer contraignantes. Alors nous avons voulu aller au-devant des personnes à la rue pour répondre à leurs besoins », explique la jeune femme. Depuis 2015, plus de 4000 douches ont été prises et autant de kits d’hygiène (mousse à raser, serviettes hygiéniques…) ou de vêtements ont été distribués. Car même si l’espace est exigu, tout est pensé à l’intérieur du camping-car pour préserver l’intimité avec, en plus, une attention particulière à la propreté puisque la douche est nettoyée et désinfectée après chaque passage. « Lutter contre l’exclusion sociale c’est aussi permettre à ces personnes de prendre soin de leur hygiène corporelle, qui est un besoin vital pour rester en bonne santé et retrouver une certaine dignité. Surtout, cela peut parfois être la première étape vers la réinsertion sociale et professionnelle », assure Héloïse Brière.
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