Récréation. Cette semaine Stéphane Iglesis, Maxime Boyer et Thomas Fantini étaient au rdv du Journal, prêts à croquer à pleines dents les sujets du jour. À la carte : le lancement de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, la grève SNCF à la veille de l’euro et l’apprentissage du code informatique à l’école.
Par Aurélie Renne et Coralie Bombail
L’ambiance est à la rigolade à la table du Florida ce matin. Arrivés les premiers Thomas et Stéphane prennent leur(s) premier(s) café(s) en enchainant les boutades. Maxime arrivé, le débat commence fort, à propos de la campagne fraichement lancée de Jean-Luc Mélenchon :
Thomas : « Tout est possible, il a deux points d’écarts de François Hollande. Bon il faut dire que ce n’est pas très difficile ! »
Pour son voisin journaliste, l’homme aurait « un véritable espace, voire un boulevard, mais tout est au conditionnel à cause de sa personnalité : un morceau du parti communiste l’a déjà abandonné, il n’a pas un grand avenir sur ces présidentielles ».
Thomas : « Il va finir par négocier une place dans un prochain ministère… »
Stéphane -« C’est pourtant du gâchis, car il a un véritable talent tribun… »
Pour le chef d’entreprise, l’homme politique aurait tout intérêt à jouer collectif, le fera-t-il ? Il ajoute craindre « par principe, les extrêmes » et préférer « quelqu’un qui rassemble » et d’évoquer Emmanuel Macron dont « on ne sait plus très bien de quel côté il se trouve… »
« La présidentielle c’est avant tout la rencontre d’un homme et du peuple. »
Maxime Boyer était resté très silencieux jusqu’alors, mais se lance subitement dans une analyse : « Le parti communiste a du mal à rassembler, après il ne faut pas oublier que les présidentielles c’est un parcours individuel, c’est notre héritage monarchiste : c’est avant tout la rencontre d’un homme et du peuple. » Pour lui bien qu’il y ait du fond et donc la possibilité d’une alternance d’idées, la personnalité du candidat reste rédhibitoire : « rien n’est gagné ! » Ils sont par ailleurs unanimes sur l’idée qu’il est trop tôt pour lancer les pronostics : « on ne connait pas encore tous les candidats ». Stéphane se lance dans un résumé à sa sauce : « Une partie ira vers Juppé, Mélenchon pour les plus à gauche, quant aux autres, soit ils restent à la maison soit ils votent pour François Hollande la mort dans l’âme… » Maxime ajoute qu’un homme au pouvoir n’est pas un homme en campagne : « on l’a déjà vu, quand il se révélera candidat il peut remonter dans les sondages ». Après quelques autres cafés avalés, c’est l’heure pour Thomas de crier sa colère : « on vit un enfer depuis le début du mandat, c’est clairement la politique européenne qui nous sauve… Tout est trop compliqué pour les entreprises ». Ses voisins admettent que c’est un trait très français de tout compliquer.
Le sujet loi El Khomri s’invite tout naturellement dans le débat, une loi qui fait rugir nos trois invités…pour des raisons différentes… Thomas s’insurge du fait qu’au début il y avait de bonnes choses, mais qu’à force de modifications, on ne va plus au bout des réformes annoncées. « De toute manière il faudra changer ce code du travail à un moment ou à un autre ! » Maxime a une tout autre approche, il explique que la loi est un moyen et non une finalité : « je ne dis pas que c’est la bonne solution, mais je crois aussi à l’expérimentation ». La discussion nous porte tout naturellement vers le second sujet du jour : les grèves SCNF alors que l’Euro débarque dans l’Hexagone…
« Ils savent bien qu’ils ne vont pas bloquer l’euro ! »
Là, Maxime se lance : « c’est une question de méthodes… » Pour Stéphane, qui a justement rencontré la CGT la veille, lors d’un reportage : « ils font de la gonflette ! C’est un jeu d’équilibriste. Ils savent bien qu’ils ne vont pas bloquer l’euro, mais ils auraient été idiots de ne pas profiter de cette caisse de résonnance ! » Quant à l’accord de négociation proposé le jour même où nous organisions ce rendez-vous, pour le journaliste « ce n’est pas sûr que cela tienne la route, on achète clairement la paix sociale». Thomas se contient depuis le début de la discussion et finit par clamer qu’il se sent agressé par toutes ces grèves qui « paralysent l’économie ». Son intervention est rapidement modérée par Stéphane qui compare la situation actuelle à celle de 1995 alors que le service minimum n’existait pas. « Je comprends qu’on défende son statut, mais économiquement ça reste catastrophique, poursuit Thomas, On note une désertion des touristes et l’image de la France est déjà assez compliquée à l’étranger pour en rajouter une couche. » Déboule alors sur la table -au milieu des cafés- la question du statut de la SNCF : « il y a vraiment une réflexion à mener à terme », lance Maxime ajoutant que depuis qu’il est né « on est toujours en crise, qu’elle soit économique, sociale, on sait qu’il y a des enjeux il faut trouver un moyen de discuter d’éventuelles solutions ».
-Thomas : Pour ça il faut un vrai meneur !
-Stéphane : Pas seulement ! Il faut surtout une volonté collective. Pour les retraites par exemple pourquoi n‘a-t-on jamais organisé un Grenelle?
-Thomas : Un bon meneur- comme dans une entreprise- peut apporter une volonté collective.
Devant le constat de non-rentabilité de la SNCF, les avis divergent, faut-il créer la concurrence et ainsi l’émulation ? Doit-elle avoir le destin de la SNCM (Société nationale maritime Corse-Méditerranée NDLR) privatisée en 2006 et mise en liquidation judiciaire 8 ans plus tard ? Nous proposons à nos invités de quitter le rail pour retrouver les bancs de l’école et plancher sur l’idée d’enseigner le code informatique aux enfants. Le sujet apaise les esprits qui, s’ils n’y voient pas tous une révolution s’accordent à dire qu’il faut vivre avec son temps. Petit bémol de Stéphane qui pointe cependant les statistiques quant au niveau scolaire français « on dit que les résultats baissent sans cesse, la priorité est-elle là ? » S’il est clair que les bases de l’éducation sont à parfaire, l’économie numérique apparait à chacun comme un facteur d’emploi. À partir du moment où les enseignants ont les compétences pour cette nouvelle matière, ce qui reste peu probable pour nos trois invités. Maxime clôture ce débat avec l’idée que ces cours 2.0 risquent fortement d’être un échange de culture entre générations d’élèves et de professeurs.
Mini bio
Stéphane Iglesis : Journaliste de profession ce néo-toulousain commence sa carrière à RFM. Il fait les quatre coins de la France et créé au passage France Bleu Metz. Finalement c’est à France Inter Toulouse qu’il pose ses bagages il y a 14 ans.
Maxime Boyer : Conseillé municipal délégué à la vie étudiante et à la jeunesse, maire des quartiers Minimes barrière de Paris et élu à la métropole, il a une formation d’économie et de droit, et se dit militant depuis 2005. Il est également à l’initiative du comité de soutien local à Nicolas Sarkozy.
Thomas Fantini : En 2002 il monte le groupe la Compagnie des Pergos, aujourd’hui bien connue pour sa polyvalence entre restauration, hôtellerie, traiteur et cuisine étoilée depuis peu. Il est également administrateur à la CGPME et délégué à la CCI.
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