Connivences. Alors que l’été venait enfin de s’installer et que les premières notes de la fête qui se préparait place du capitole, commençaient à résonner, nos trois invités se préparaient, eux, à débattre des sujets du jour. Au menu pour Sylvie Brot, Olivier Fernandez et Christophe Baeza : la primaire à gauche, le meurtre de la députée Jo Cox tuée lors de la campagne contre le Brexit et l’annulation de la manifestation contre la loi travail prévue à Toulouse en début de semaine.
Par Aurélie Renne et Séverine Sarrat
Le sujet politique fait grincer des dents à la table du Florida. Le nez baissé sur leurs cafés, nos invités de se battent pas pour entamer le débat. Finalement c’est Sylvie qui se lance expliquant « un président qui participe à une primaire c’est juste l’échec total ! » Elle poursuit persuadée que même s’il ne l’a pas lui-même impulsée « son calendrier colle trop bien avec l’idée de primaire… » Elle va plus loin encore disant que « c’est son seul moyen d’accéder à l’élection ». Pourtant EELV et le parti de gauche l’ayant refusé, est-ce la une véritable primaire ? « On parle d’une élection interne plus que d’une primaire, en plus elle arrive après la primaire de la droite, ils vont pouvoir choisir en fonction du candidat désigné, ce n’est pas normal, ça montre qu’ils n’ont plus que ça pour sauver Hollande ! » assène Sylvie. Christophe acquiesce aux propos de sa voisine de table bien qu’il trouve positif que des primaires dégagent un leader PS et du coup un potentiel vrai adversaire au FN. « C’est vrai que c’est son seul moyen de se représenter, il doit montrer qu’il est le leader », précise Olivier ajoutant qu’il ne voit pas là le signe d’un échec : « même s’il jouissait de 50% d’opinions favorables, c’est bien qu’il se représente ». Une chose est sûre Sylvie doute du fait qu’un seul candidat se présente à gauche ; « Il y a une balkanisation de la gauche : si Montebourg perd la primaire, il se présentera quand même ». Permettre le débat d’idées, mobiliser un parti, favoriser l’émergence d’un courant… sont autant de points positifs que trouvent nos invités à l’idée de primaire… mais c’est sans compter la position « délicate » de François Hollande :
Sylvie : C’est juste l’assurance pour lui de pouvoir partir à la présidentielle !
Christophe : Et si un candidat majeur se présentant face à lui ?
Olivier : Il y a peu de candidats possibles…
Quant à l’idée d’arriver au système utilisé outre-Atlantique pourquoi pas, personne ne s’oppose à l’idée. Pour Sylvie cette année inédite avec une primaire à droite et une primaire à gauche est peut-être un point de départ. À l’évocation du système américain, Olivier sort de ses gonds : « Déjà que je dénonce ce qu’ils font au niveau des abeilles, je ne sais pas ce que leur système politique vaut vraiment…En tout cas pour nos élections à venir une chose est sûre la plupart des candidats ont déjà été mouillés dans une affaire pas claire, il ne manque plus que Cahuzac et c’est bon je vote aux deux primaires ! » L’hilarité générale qui suit clôt le sujet. Nous demandons alors à nos invités de réagir suite au meurtre de la députée Jo Cox, au Royaume-Uni et à ses conséquences sur un éventuel Brexit. Était-ce un acte politique ?
Christophe : vraisemblablement le tueur n’était pas que néonazi il était aussi désaxé !
Olivier : Tous les néonazis ne sont-ils pas désaxés ?
Christophe : En tout cas j’hésite entre acte politique ou récupération par les politiques !
Sylvie : L’acte n’est pas clairement identifié. Par contre c’est clair qu’il est en train de faire basculer les sondages.
Quant au sujet de la sortie de l’Europe du Royaume-Uni, pour Sylvie le pays a toujours eu un problème de positionnement : « le problème des migrants est peut-être la goutte d’eau mais il y a toujours eu une incertitude à ce sujet ». Le sujet glisse vers l’Europe ses pouvoirs et ses failles et nos invités s’en donnent à cœur joie. « Aucune lisibilité », commence Olivier, « On pourrait croire que l’Europe ait un rôle plus vertueux que les pays mais non, il y a trop de lobbies en place et les politiques nationaux ne s’impliquent pas. On est en train de détruire un projet que l’on a abandonné en route pour le laisser aux mains des technocrates ». Pour Sylvie, l’Europe a tout simplement grandi trop vite : « il faudrait une police fédérale, car on a une quantité de règlementation et aucun moyen concret de construire… » Le Brexit sonnerait-t-il le glas de l’Europe ? Est-ce là le début de la déconstruction de l’union ?
Sylvie : L’Europe n’a pas les moyens de gouverner.
Olivier : Pourtant 80% des lois aujourd’hui viennent des directives européennes. L’exemple de la PAC (politique agricole commune ndlr) est le plus criant ! D’ailleurs ils essaient de faire pareil avec les apicultures. Quel rôle veut-on vraiment donner à cette Europe ? Un simple rôle de bonne conscience ?
Nous passons au dernier sujet du jour : la manifestation contre la loi Travail prévue lundi 20 juin à Toulouse a été annulée. La sécurité des manifestants aurait été remise en cause du fait de l’Euro… « On dirait une cour d’école », s’insurge Olivier. « C’est très mal géré au niveau du gouvernement : tenter d’imposer cette loi juste avant l’Euro, le timing est clairement très mauvais il ne fait pas s’étonner que les gens se mobilisent ». Pour Sylvie les syndicats ont fait le bon choix, car « les organisateurs sont responsables… »
Olivier : Je ne suis pas d’accord ! C’est trop facile ! On a eu le même problème à une manifestation contre les épandages aériens, il y a eu des incidents et on a voulu me faire porter le chapeau. Il y en a toujours qui veulent en découdre, peu importe le sujet de la mobilisation.
Christophe : Que la manifestation soit annulée au moment où pour l’Euro toutes les caméras vont être braquées sur Toulouse, je pense que c’est une bonne chose. Il serait dommage que cela soit relayé et commenté dans le monde entier.
Olivier : Peut-être que les forces de l’ordre ne pouvaient pas gérer les deux évènements à la fois…
Sylvie, elle se pose une question qu’elle dit « insidieuse : comment les forces de l’ordre ne peuvent-elles pas contenir 300 manifestants, ne veut-on pas laisser ces mouvements dégénérer et les tuer dans l’œuf ? » Faut-il dès lors autoriser et risquer ou interdire ?
Olivier : Si les décideurs laissent pourrir les situations, c’est notre liberté, nos droits à faire grève et à manifester qui sont bafoués. Si on ne peut plus militer, car on n’a pas sa propre milice pour lutter contre les débordements c’est la démocratie qui recule !
Mini bios
Sylvie Brot : Professeure agrégée à l’université de sciences et correspondante du petit journal pour les pages Ramonville et politiques, elle est également référente des adhérents directs à l’UDI31.
Christophe Baeza : ancien agent d’assurance, il est le co-créateur de Thirty One depuis mai 2013. Il peut se targuer d’avoir lancé le premier vélib électrique de France et d’avoir été l’entreprise coup de cœur Midi-Pyrénées en 2015.
Olivier Fernandez : Président du syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées, il est apiculteur semi-professionnel, juriste en droit de la santé publique et prépare ses examens d’avocat. Il est également salarié de l’Utopia.
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