Opposés à la construction d’un immeuble dans le centre-ville de Cugnaux, des habitants ont mis en ligne une pétition alertant sur une « densification sauvage » de leur commune. La Mairie relativise et se veut rassurante sur sa détermination a garantir un urbanisme raisonné.
Le 28 février derniers, des habitants de Cugnaux ont mis en ligne une pétition s’inquiétant d’une « densification sauvage » de leur commune. Dans une lettre ouverte signée par près de 170 riverains, à ce jour, ceux-ci demandent à la municipalité de refuser un permis de construire déposé par un promoteur immobilier, en décembre dernier. « Ce projet de collectif est démesuré, ne s’intègre pas aux habitations en place, va créer une sortie de véhicules potentiellement dangereuse et créer une perte d’intimité et de valeur pour tous les mitoyens », alertent ainsi les pétitionnaires.
Cette requête vise donc un permis de construire prévoyant la création d’un immeuble d’habitat dans le centre-ville de Cugnaux, actuellement en cours d’instruction, mais sur lequel la mairie ne peut exercer de veto. « Le service d’urbanisme travaille sur ce dossier et doit se prononcer sur le caractère réglementaire du permis et sa conformité avec le Plan local d’urbanisme intercommunal-habitat (PLUi-H », contextualise Frédéric Goudal adjoint au maire en charge de l’urbanisme, de l’habitat et du patrimoine.
Le PLUi-H étant un document établi par la métropole de Toulouse qui régit le cadre du développement urbain. « Si le cadre légal ainsi défini est respecté, la mairie n’a ni le droit, ni la compétence de s’opposer sur le fond ou sur la nature du projet », ajoute l’élu avant de rappeler que le projet a été amendé peu avant le dépôt du permis. Les dimensions du bâtiment ayant été légèrement revues à la baisse (39 logements) suite à des réunions de concertation avec le voisinage ainsi que des discussions entre le promoteur et la mairie.
Dans la pétition, les opposants au projet d’immeuble rappellent les engagements pris par l’équipe municipale actuelle de lancer un « moratoire sur les constructions d’immeubles collectifs », ainsi que de défendre « la nature en ville », la biodiversité et un cadre de vie agréable. Des promesses que les signataires jugent incompatibles avec la logique de promotion immobilière.
« Il y a une forme de double discours. Soit la mairie à la main sur les permis de construire et peut refuser l’édification de ce nouvel immeuble, soit elle est effectivement obligée de les accepter et ne peut pas annoncer ni moratoire ni une maîtrise de la densification », regrette Céline Maurens*, l’une des voisines du chantier à l’origine de la pétition. Celle-ci craint d’ailleurs que ce nouveau permis préfigure la continuation d’une densification très importante du centre-ville.
Des inquiétudes que Frédéric Goudal entend et auxquelles il souhaite donner une réponse rassurante. « Ces dernières années, il y a eu énormément de chantiers de ce type à Cugnaux et il est légitime que les habitants aient l’impression que l’on construit à tout va. Sur son dernier mandat, la majorité précédente a permis un volume de construction deux fois supérieur aux objectifs annoncés. Et une bonne partie des permis signés à ce moment seront d’ailleurs livrés dans les prochaines années. Mais nous avons sacrément levé le pied puisque nous n’avons signé qu’un seul permis (pour 28 logements) depuis le mois de juillet, quand la municipalité précédente validait en moyenne la création de 133 logements par semestre », justifie ce dernier.
Par ailleurs, celui-ci rappelle que ces projets d’immeubles collectifs sont limités à une zone de 400 ou 500 mètres (en fonction des zones) autour de la principale ligne de bus de la commune. « Ce qui ne veut pas dire qu’on ouvre les vannes à proximité de ces arrêts de bus. Mais tant qu’à construire des immeubles à Cugnaux, autant qu’ils soient le mieux placés possible. À proximité des services et des commerces pour limiter les déplacements et rendre le cœur de ville plus vivant », explique l’élu.
D’autant que cette logique de densification permet également, selon lui, de limiter l’étalement urbain et l’artificialisation de terres agricoles. Enfin, Frédéric Goudal espère profiter de la prochaine modification du PLUi-H qui sera votée en 2022 au Conseil de la métropole pour défendre un cadre encore un peu plus protecteur. « Nous intégrerons des promesses de campagne comme préserver les maisons constituant un patrimoine local, ainsi que les quartiers pavillonnaires, des appétits des promoteurs », ajoute-t-il.
Enfin, Frédéric Goudal envisage de renforcer le processus, désormais obligatoire, de concertation avec les riverains. « Nous travaillons sur des pistes visant à améliorer ce cadre et essayer de lui donner plus de temps et d’espace », promet l’élu qui revendique la volonté de garantir un urbanisme raisonné. « La densification, à Cugnaux, c’est pas n’importe où et pas n’importe comment », résume-t-il.
* Céline Maurens est un nom d’emprunt
Commentaires
Celine Maurens le 09/09/2024 à 13:32
La pétition se trouve sur change.org et s'intitule: stop à la densification sauvage des villes périphériques". Il suffit de mettre Cugnaux dans le moteur de recherche pour la trouver.