Décédé à Toulouse le 3 mai 1925, Clément Ader était un pionnier de l’aéronautique. Et possiblement le père de l’avion. Mais cet inventeur de génie était encore plus que tout cela…
Le neuf octobre 1890, dans le parc du château d’Armainvilliers, en Seine-et-Marne, les marques laissées au sol par les roues de l’Eole, sorte de machine en forme de chauve-souris, auraient totalement disparu sur une cinquantaine de mètres. Une performance, certes réalisée sans véritable témoins ni totalement contrôlée, qui vaut pourtant à son pilote et constructeur d’entrer dans la légende comme le premier homme à s’envoler à bord d’une machine plus lourde que l’air et non d’un aérostat, à l’image du célèbre ballon des frères Montgolfier.
Cet homme, c’est Clément Ader, né à Muret le 2 avril 1841 et décédé il y a 96 ans, jour pour jour, le 3 mai 1925 à Toulouse. Elève brillant et ingénieur touche à tout formé à l’institut Assiot à Toulouse, il nourrit rapidement l’obsession de faire décoller un “plus lourd que l’air”. Pendant la guerre de 1870, il tente de mettre au point, pour l’armée, des cerfs-volants capables de faire voler des hommes. En vain.
Dès lors, à partir de l’observation des chauve-souris, il s’emploie à construire ce qu’il nomme un “avion”, mot issu du latin “avis”, qui signifie oiseau. Le 19 avril 1890, Clément Ader dépose un brevet relatif à “un appareil ailé pour la navigation aérienne dénommé Avion”. Suite à la première démonstration d’Armainvilliers qui aurait vu Eole s’élever de 20 centimètres au dessus du sol, deux autres suivront. En 1891, le vent déporte la nouvelle machine d’Ader, baptisée Zephyr (Avion II). Et en 1897, l’Aquilon (Avion III) aurait cette fois quitté le sol sur une distance de 300 mètres, avant une nouvelle fois de quitter la piste. Ce dernier appareil, exposé au Conservatoire national des Arts et métiers de Paris, est d’ailleurs l’unique vestige de ses inventions aéronautiques.
Mais, si la controverse dure encore aujourd’hui pour savoir si les avions d’Ader ont réellement volé, l’homme n’en reste pas moins un inventeur de génie. Celui-ci ne s’étant pas contenté de partir à la conquête des cieux. Loin de là. Sa carrière débute au sein de la Compagnie des chemins de fer du midi où il travailla de 1862 à 1866. Une expérience qui aboutira près de dix ans plus tard à l’invention d’une machine à poser les rails qui sera utilisée pendant des années.
Entre temps, l’homme s’est installé à Paris où il découvre les vélocipèdes Michaux lors de l’exposition universelle de 1867. L’année suivante, il imagine de remplacer le bandage en fer des roues par des anneaux en caoutchouc ainsi qu’un cadre allégé en tube au lieu de barre de fonte. Il remportera même des courses départementales dans le but de démontrer la supériorité de son “véloce-caoutchouc” dont la commercialisation est malheureusement stoppée en 1870 par le déclenchement de la guerre franco-prussienne.
Autre fait remarquable, Clément Ader est également considéré comme l’inventeur de la stéréophonie. Pour les besoins de son “théâtrophone”, un système qui permettait d’écouter en direct depuis son téléphone des concerts ou des pièces de théâtre jouées notamment à l’Opéra Garnier, il inaugure un dispositif composé de plusieurs micros sur scène. Plus d’un siècle avant que le contexte sanitaire ne l’impose, Clément Ader avait donc aussi inventé en quelque sorte les “livestream“, qui se sont multipliés depuis le début de l’épidémie. Une invention grâce à laquelle il fit fortune. Retiré à la fin de sa vie, dans le domaine viticole de Ribonnet, à Beaumont-sur-Lèze, près de Toulouse, il n’obtiendra pour autant qu’une reconnaissance tardive.
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