Par essence, les jouets en bois sont durables et chargés en émotions. Bien qu’ils ne représentent que 2 à 3 % d’un marché dominé par les matières plastiques, ils sont de plus en plus nombreux sous le sapin. À Toulouse, le magasin Mercurius en regorge…
Mercurius vend des jouets en bois et du matériel éducatifÀ l’approche de Noël, le magasin de jouets de la rue Ozenne ne désemplit pas. Chez Mercurius, cela sent bon le bois. Il est partout, des cerceaux aux jeux de construction, des petites voitures aux poussettes de poupées, des circuits à billes aux échasses. Une cliente se dirige vers le rayon des instruments de musique. Les harpes et lyres sont en érables, les tambourins en pin… Son oreille s’arrête sur le son clair et harmonieux d’un carillon diatonique, poli à la cire d’abeille : « C’est pour ma fille de 3 ans », indique cette peintre aquarelliste de métier, poursuivant : « Je préfère évidemment le travail à la main. Et là, je sais que c’est un artisan qui a fabriqué cet objet. S’il venait de Chine, il serait bien sûr en plastique, fragile, certainement pas accordé, et sa sonorité ne serait pas aussi belle. » Emballée, elle achète finalement plusieurs carillons, plus ou moins grands, d’environ 25 à 50 euros chacun.
Derrière sa caisse enregistreuse, Virginie Ba, responsable du lieu et intarissable sur le sujet, lui explique pourquoi cette matière naturelle est parfaitement adaptée aux plus jeunes : « C’est une affaire de sens. Le toucher, le poids, l’odeur… Tout cela va énormément compter pour l’enfant. Car il ressent encore les choses de manière instinctive, il n’est pas dans l’intellect comme les adultes. C’est pourquoi il trouvera toujours davantage de signification dans un objet en bois. » En outre, sa solidité lui confère une dimension affective supplémentaire, puisqu’il pourra se transmettre entre frères et sœurs, et, pourquoi pas, de génération en génération, « plein d’émotions et d’histoires ». Ceux vendus ici, même s’ils ne sont pas tous fabriqués en France, sont respectueux de l’environnement, conçus dans des bois provenant de forêts écogérées – qui préservent la biodiversité – non traités et teints à l’eau. Telle marque est une entreprise de réinsertion qui emploie des adultes handicapés. La fondation de telle autre finance la construction d’écoles en Chine… Sur les étagères, pas un produit qui ne soit habillé de son label.
C’est un principe dans cette maison et la raison pour laquelle cette nouvelle cliente vient d’arriver, à la recherche pour son fils d’un camion qui sorte de l’ordinaire : « Les enfants sont particulièrement sensibles à la qualité, quel que soit leur âge, qu’ils aient 6 ans ou 6 mois. Je ne souhaite pas offrir au mien quelque chose qui n’a pas de sens et qui finirait par s’entasser sur une montagne d’autres présents inutiles. Je veux que mon fils se dise que c’est beau. Qu’il aille naturellement vers cet objet, qu’il se l’approprie », s’enthousiasme la maman, apparemment représentative de la clientèle de Mercurius. « Celui qui arrive pour acheter un jouet en a, en général, une idée très précise en tête. Mais cela ne nous empêche pas de lui faire découvrir ce qu’il n’était pas venu chercher », confirme Virgine Ba. Le lieu pourrait en effet être aisément confondu avec la maison d’un Père Noël responsable et créatif : des blocs de cire d’abeille pour dessiner dès le plus jeune âge, des kits de construction de mobiles ou d’attrape-rêves à plumes, de la laine de mouton cardée à feutrer soi-même… « J’en ai fait des cartables pour mes enfants », lance la commerçante, qui est donc aussi mère de famille et habile de ses dix doigts. À tel point qu’elle anime régulièrement des ateliers pour les petits, dont le prochain consistera à fabriquer des étoiles en papier transparent…
Lorsqu’elle et son époux se sont lancés, il y a quatre ans, il n’était question pour eux que de distribuer en ligne des jouets et du matériel éducatif destinés aux écoles alternatives, hors contrat. Leurs clients étaient des professionnels désireux d’équiper leur établissement scolaire. Avec l’ouverture de cette boutique toulousaine, en novembre 2017, les gammes et les cibles se sont élargies : « Nous avons considérablement enrichi notre offre et désormais tout le monde vient nous voir. Grâce au bouche-à-oreille, nous fournissons même des écoles publiques », se réjouit la jeune femme de 31 ans, originaire d’Alsace. Tout ce qu’elle propose est fait pour grandir dans la douceur et l’harmonie, loin des excès de la société de consommation. « Le fait de posséder peu de jouets leur confère davantage de sens. L’enfant prend conscience de leur importance. Et il peut en détourner leur usage principal pour en faire autre chose. Cela développe l’imaginaire », conclut-elle.
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