MADE IN OCCITANIE – Alors que Maurice le pingouin-tigre débarque au cinéma le 26 juillet, le JT a poussé les portes de TAT Productions, ses heureux parents. Dans le studio d’animation toulousain, les dizaines de petites mains ayant œuvré pour les “As de la jungle” se sont déjà lancées sur un second projet de long métrage.
// Maylis Jean-Préau
« C’était un rêve de gosse », lance en souriant David Alaux, membre du trio fondateur de TAT Productions et réalisateur des “As de la jungle”, leur premier long métrage. Réaliser un film, un rêve qu’il partage depuis l’enfance avec ses amis, les jumeaux Eric et Jean-François Tosti. Les voilà justement qui sortent tout juste d’un bureau orné d’un portrait du fameux Maurice, le pingouin qui se prenait pour un tigre. Derrière les jeans et tee-shirts de rigueur, si l’ambiance est décontractée, les patrons de TAT Productions ne cachent pas le stress qui les gagne. « Le film sort dans 400 salles de France et même s’il y a eu de bons retours lors des avant-premières, on ne peut pas savoir s’il va connaître le succès au cinéma… », explique Jean-François Tosti. Posée sur une table, la statuette dorée de l’Emmy Kids Awards, l’équivalent d’un Oscar pour l’animation, remportée en 2015, témoigne pourtant que TAT Productions n’est pas un débutant.
Depuis 2011, les d’épisodes des “As de la jungle” ont déjà séduit de nombreux jeunes téléspectateurs sur France 3. Les visages de Maurice, de Miguel le gorille et de leurs comparses de la jungle sont nés à quelques pas d’ici. À l’autre bout du couloir, cachés derrière leurs écrans, Benoît et Laurent, membres de l’équipe de création, donnent corps aux personnages imaginés par les scénaristes. « Nous avons aussi créé tout l’environnement des “As de la jungle” et les objets ou véhicules qu’ils utilisent », explique Laurent. Après la forêt, ils se plongent désormais dans un univers extra-terrestre. « Nous travaillons sur “Terra Willy”, le prochain projet de long métrage. C’est un petit garçon qui se retrouve sur une planète inhabitée », poursuit Benoît, tout en donnant quelques coups de crayon sur sa tablette-écran. Comme cette planète n’existe que dans la tête des scénaristes, Laurent et Benoît sont en plein travail de création. Sur leurs bureaux, des carnets de dessins témoignent de leurs recherches. Ils doivent respecter de nombreuses contraintes : dessiner des objets proportionnés à la taille des personnages, des véhicules à l’ingénierie plausible…
Coiffeurs de dragons et marchands de sable
Dans un autre open-space, nous retrouvons les as de la modélisation. Ici, les infographistes reçoivent des planches dessinées par Benoît et Laurent. Des planches très précises, avec, pour chaque personnage, des vues de face et de profil. Un drôle de dragon apparaît sur l’écran de Vincent. Le jeune modeleur 3D peut lire le curriculum vitae de la bête en question : ce qu’il mange, comment il marche, la forme que prennent ses écailles quand il tourne, l’empreinte de ses grosses pattes… « Notre travail est d’essayer de rester le plus fidèle possible au dessin », explique-t-il. « Je prends chaque élément un par un et je le modélise, c’est-à-dire que je crée une sculpture numérique en trois dimensions, qui pourra ensuite être animée. » Un travail de longue haleine. « Je pense que je vais passer trois mois sur ce dragon ! », glisse Vincent. Un personnage pour lequel il se transforme également en garçon coiffeur : « Je lui mets des poils et je les coiffe dans le bon sens ! » De l’autre côté du couloir, Youssef travaille en étroite relation avec Vincent et les autres modeleurs 3D. « Je suis textureur environnement », affirme-t-il en toute simplicité. Un métier qui consiste à créer les différentes textures de chaque élément du décor des films, du sol aux feuilles des arbres. « J’ai passé du temps sur les “As de la jungle”. Je travaillais avec des images déjà existantes, comme des photos de l’herbe pour créer les textures. Mais là, pour “Terra Willy”, tout est à faire, ce sont des textures à inventer de A à Z », poursuit Youssef devant l’image d’un sol sablonneux aux reflets roses.
« Notre budget pour ce film c’est 5,5 millions d’euros, soit l’équivalent de cinq minutes d’un Pixar »
Comme Youssef, Vincent et les autres, 130 personnes ont travaillé d’arrache-pied, pendant deux ans, pour donner vie au film les “Les As de la jungle”. Du scénario au mixage, TAT Productions n’a pas chômé. « Nous devons aller vite, nos moyens sont limités. Notre budget pour ce film est de 5,5 millions d’euros, soit l’équivalent de cinq minutes d’un Pixar », éclaire Jean-François Tosti. D’ici peu, avec l’entrée en production de “Terra Willy”, le studio risque fort de se transformer à nouveau en fourmilière. Maurice, le pingouin-tigre, peut rugir de plaisir dans les cinémas. La relève est en marche.
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