Samedi 13 avril : Toulouse, capitale nationale des Gilets jaunes
Samedi 13 avril 2019, Toulouse accueille le grand rassemblement national des Gilets jaunes. Plusieurs milliers de manifestants sont attendus des quatre coins du pays pour un événement de grande ampleur. Là où les autorités redoutent des débordements, les Gilets jaunes veulent montrer un nouveau visage.
« Acte XXII : tous à Toulouse le 13 avril. » C’est ce que l’on pouvait lire en grand sur les banderoles des manifestants le week-end dernier place de la Bourse, à Bordeaux. Et de nombreuses autres villes de France faisaient résonner ce même son de cloche : il faut rallier la Ville rose samedi prochain. Tout est parti d’un message publié sur les réseaux sociaux par Maxime Nicolle, alias Fly Rider, l’un des porte-paroles officiels des Gilets jaunes.
Il devrait donc y avoir beaucoup de monde ce week-end dans les rues toulousaines. Une bonne initiative selon Elrick, un manifestant qui fera le déplacement depuis Bordeaux pour l’occasion : « Décentraliser le mouvement vers une ville comme Toulouse est important. C’est tout un symbole en ce qui concerne les luttes sociales et les rassemblements pacifistes. On parle d’une ville marquée par Jean-Jaurès ! »
À en croire les messages postés sur les réseaux sociaux, de nombreux Gilets jaunes devraient suivre les pas d’Elrick et faire le voyage des quatre coins de l’Hexagone. « Ce n’est pas la première fois que je rejoins un appel national », détaille par exemple Léonie, militante de Poitiers. « J’ai déjà participé à Paris, à Rennes, une dizaine de fois à Bordeaux et 2 ou 3 fois dans ma ville », poursuit-elle. Faut-il encore trouver de quoi se loger pour ceux qui, comme cette manifestante, parcourent des centaines de kilomètres pour rallier le mouvement. « Un jeu d’enfant », assure la jeune Poitevine. « La première fois que je suis allée à Paris avec des amis, un couple avec deux enfants nous a accueillis. Nous nous sommes retrouvés là, à manger avec dix inconnus autour d’une table, chez une modeste famille parisienne. J’en ai pleuré. C’est ça, les Gilets jaunes… »
De la musique pour adoucir les mœurs
Aucun problème à Toulouse non plus pour trouver un toit pour la nuit. « Bien évidemment que je suis volontaire pour les accueillir ! Cela me paraît normal, c’est dans ces moments-là qu’il faut se serrer les coudes », explique Koum, Gilet jaune depuis la première heure et musicien passionné. « Je leur jouerai un morceau de guitare. Ma gratte m’accompagne toujours dans les manifs ! C’est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour apaiser les tensions. » Une philosophie partagée par beaucoup d’autres manifestants. « Il faut arrêter avec cette étiquette de casseurs. Si vous venez samedi, vous constaterez que la musique et la bonne humeur seront au rendez-vous », assure Nicolas, percussionniste dans un groupe de samba qui devrait rythmer la marche des manifestants samedi.
Des festivités qui débuteront même avant les manifestations par une représentation artistique place Wilson. « Il s’agira d’un haka revisité, mettant en scène des Mariannes face aux figures du patriarcat. Cela représente notre lutte contre les dominations et les combats féministes, écologiques et sociaux qui sont menés dans nos rangs », insiste Mathieu, membre de la troupe Aux Arts Etc. Une aubaine pour lui de pouvoir lancer le rassemblement à Toulouse. « C’est l’occasion de montrer une nouvelle image des Gilets jaunes, de s’inscrire dans le mouvement avec nos armes : les arts. »
Malgré l’ambiance festive affichée, les autorités locales redoutent les proportions que pourraient prendre les événements. « Il faut envisager toutes les possibilités et se préparer en cas de débordement », indique, inquiet, un policier toulousain. Les moyens des forces de l’ordre devraient donc être renforcés dans ce qui sera, pour un week-end, la « capitale des Gilets jaunes ».
Hugo Bernabeu