Parmi les voix toulousaines incontournables, figure celle de Joël Collado. Un timbre rond et chaud, reconnaissable entre mille, que l’on pouvait entendre jusqu’à 30 fois par jour sur les ondes du service public. Pendant 20 ans, il a présenté la météo aux auditeurs de Radio France (France Info et France Inter). Portrait d’un météorologiste passionné.
« Je veux vous dire le plaisir que nous avons eu à travailler avec vous, la précision de vos informations, votre grand savoir météorologique, votre ton pour nous informer, votre grande souplesse dans vos bulletins.» C’est l’hommage que Patricia Martin, journaliste sur France Inter, a rendu à Joël Collado lors de son dernier bulletin météo. Le 27 décembre 2015, celui qui faisait la pluie et le beau temps sur Radio France depuis 1994, raccrochait le micro, non sans émotion.
Plus précisément, Radio France lui coupait le micro. « Je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai été remercié du jour au lendemain, sans explications, à six mois de la retraite », confie Joël Collado, encore abasourdi par l’attitude de son ancien employeur. Un orage dans un ciel qui paraissait pourtant dégagé. « J’ai adoré présenter la météo. Je me suis investi à 200 % », rajoute-t-il. Un engagement total, exigeant, qui demande beaucoup de concentration.
De 15 secondes à deux minutes, Joël Collado a présenté une trentaine de bulletins météo par jour sur France Info et France Inter pendant 20 ans. Malgré la quantité faramineuse que cela représente sur une carrière, aucun d’entre eux ne se ressemble. Et pour cause, « rien n’était écrit », explique-t-il. Sans notes, les yeux rivés sur les cartes de Météo France, il improvisait toutes ses interventions. « Je commençais parfois par les températures, d’autre fois par la pluie ou encore par le temps du lendemain ou un phénomène climatique ayant lieu à des milliers de kilomètres… Bref, je me débrouillais toujours pour que l’auditeur qui écoute France Inter plusieurs heures n’entende jamais la même météo », précise-t-il.
Une performance professionnelle dont il livre le secret : « À partir de 4h30 du matin, je glanais un maximum d’informations sur la météo du jour, pour ne plus avoir ensuite qu’à jouer avec les différents paramètres météorologiques. » Une préparation intensive qui lui permettait d’assurer les multiples directs de la journée et de divulguer le plus d’informations possible en un minimum de temps. « De 6h à 17h, j’intervenais en live. Je n’enregistrais que les diffusions du soir », se rappelle-t-il. Sauf épisodes climatiques exceptionnels, comme en 1999, lors du passage des tempêtes Lothar et Martin : « J’ai tenu 23 heures d’antenne. Avec un taux d’adrénaline au maximum ! »
Ce stress positif, Joël Collado le recherche. Il le cultive même. « C’est ce qui me plaisait à la radio. Chaque bulletin était un nouveau challenge que je devais relever », confirme-t-il. Devoir répondre au lancement du journaliste qui annonce la météo, trouver les bons mots, développer les informations collectées, et finir avec une chute, tout cela en un minimum de temps, était un défi quotidien. Assis devant ses écrans d’ordinateur, casque sur les oreilles, le micro devant la bouche et le cœur qui tape, il attendait ce moment plusieurs fois par jour, dans son bureau de Météo France, à Toulouse.
En effet, il intervenait sur les antennes de Radio France depuis le siège de Météo France, où il exercait sa profession de météorologiste. « Je n’étais pas intégré à la rédaction, comme j’ai pu l’être lorsque je travaillais à Sud Radio », témoigne-t-il. Car, avant que le service public ne le débauche, Joël Collado sévissait déjà sur les ondes de la station régionale depuis 10 ans. Et déjà, il y parlait de la pluie et du beau temps.
Une longue expérience donc, qui a pourtant commencé par hasard, alors qu’il enseignait à l’école de météorologie de Saint-Cyr. Celle-ci venait de déménager à Toulouse (1982). Joël Collado, originaire de Clermont-Ferrand, a suivi le mouvement et s’est installé ainsi dans la Ville rose. Lors d’un travail appliqué, « l’un de mes élèves qui devait préparer et assurer un bulletin pour Sud Radio, n’a finalement pas pu le faire. Je l’ai donc remplacé au pied levé », raconte-t-il. Un ‘’dépannage’’ remarqué. « Ils ont trouvé que j’avais une voix de radio et m’ont proposé de rejoindre l’équipe. C’était en 1987 », se souvient-il.
Une nouvelle carrière s’offrait alors à lui. « C’était grisant. Je ressentais un stress positif à chaque fois que je prenais l’antenne », se souvient-il. Il y était chargé des bulletins météo, mais pas que… « J’étais le journaliste scientifique de Sud Radio. J’avais ma carte de presse à l’époque », précise Joël Collado. Mais ce qu’il affectionnait par-dessus tout était d’observer les cartes et les phénomènes météorologiques, et de modéliser des prévisions. « C’est ma passion », confesse-t-il.
La course des nuages, la formation des cyclones, le mouvement des flux d’air… Autant de phénomènes qui l’ont toujours intrigué. Et qu’il voulait cerner. « En réalité ce qui me fascine c’est de comprendre comment tout ça fonctionne… Ça et le reste ! » avoue Joël Collado, dont le hobby favori est de démonter et remonter tout et n’importe quoi. Une appétence pour les ‘’mécanismes du temps’’ qu’il a satisfait en décrochant un diplôme de météorologiste à Saint-Cyr, en 1971. Alors, militaire dans la marine, il sillonnait les mers et observait l’objet de sa fascination : la houle, les tempêtes, les orages… « C’est ce qui m’a réellement donné envie d’étudier la météorologie », précise-t-il.
Une vie entièrement consacrée au temps qu’il fait ou qu’il fera. Aujourd’hui, à la retraite, c’est au travers de conférences et d’interventions diverses que Joël Collado parle de météo. Il y explique la formation des phénomènes qui impactent nos vies au quotidien. Nuages, pluie, neige, vent… Et de quelle manière ils peuvent être prévus. En réalité, tout le travail réalisé en amont des bulletins. Lui préfère désormais les suivre à la télévision. « J’ai trop d’amertume envers la radio », confie-t-il. Mais il les regarde toujours avec un œil critique, « déformation professionnelle oblige » ! D’ailleurs, pour lui, c’est Évelyne Dhéliat, présentatrice de TF1, qui reste la meilleure en la matière : « Elle annonce la météo avec soin. Elle a beaucoup d’expérience et parvient à restituer les informations fidèlement… même si elle n’est pas météorologiste », termine-t-il amicalement.
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