Hubert Létinier a récemment été nommé à la tête de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d’appel de Toulouse. Portrait d’un jeune président, élu dans un contexte difficile pour la profession.
Âgé de 40 ans, Hubert Létinier est le plus jeune président à la tête de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d’appel de Toulouse. Élu le jeudi 16 mai dernier par les membres de la Chambre, le notaire, natif de la Ville rose, succède à Frédéric Giral pour les deux années à venir. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui a proposé de le relayer. « Il trouvait que c’était une opportunité qu’il y ait un président qui soit plus jeune que les précédents », rapporte Hubert Létinier. D’autant que l’âge moyen des notaires de la Cour d’appel de Toulouse est de 42 ans. Le Toulousain, qui n’avait « pas du tout recherché » à briguer la présidence de la Chambre interdépartementale, a alors accepté la proposition de Frédéric Giral, non sans avoir, au préalable, consulté ses deux associés.
« Il était hors de question que je prenne cette décision seul. Nous y avons donc réfléchi et nous nous sommes organisés car il ne faut pas que ce soit un mauvais souvenir, ni un sacrifice pour l’étude », souligne-t-il. Alors, Hubert Létinier jongle entre les permanences les lundis et jeudis à la Chambre interdépartementale des notaires et se rend à son étude Chwartz & Associés, située à Toulouse, le reste de la semaine. « Quand on est président de chambre, il ne faut pas oublier, qu’avant tout, on est notaire. Si on ne va plus à son étude, on perd le contact avec les clients et les collaborateurs. Il ne faut pas se détacher du terrain, même si l’équilibre n’est pas forcément évident à trouver », concède Hubert Létinier qui se dit « ravi » d’avoir été élu président de la Chambre.
« Il y a beaucoup de boulot, mais je ne déchante pas du tout », affirme le Toulousain. Pour lui, prendre la présidence est « l’occasion d’apprendre des choses, de voir du monde et de s’améliorer dans son travail ». Mais il aimerait bien que « le temps puisse se multiplier ». Le notaire, marié et père de deux garçons de quatre et huit ans, arrive toutefois à s’en dégager pour sa famille et ses passe-temps, comme voyager, aller voir un film au cinéma ou… désosser des ordinateurs. « J’aime comprendre comment les choses fonctionnent. Depuis tout petit, j’ai ce goût pour le numérique. J’aimais jouer aux jeux vidéos, coder et déjà démonter des ordinateurs », rapporte celui qui, grâce notamment à cette appétence, a été « chargé de plusieurs sujets numériques pour la profession ».
Hubert Létinier, qui est en charge de la stratégie digitale de son étude, a effectivement déjà conduit deux mandats au sein de la Chambre en tant que vice-président en charge du numérique. Malgré tout, il n’aurait pas voulu travailler dans cette branche. « On me demande parfois si j’aurais aimé faire autre chose que notaire, mais ce n’est pas le cas », assure celui qui a su « assez tôt » qu’il voulait faire du droit. « Mon bac scientifique en poche, je suis donc allé à la fac de droit de Toulouse. Et je me suis découvert une préférence pour le droit privé », raconte-t-il. Le Toulousain, une fois sorti de son master en droit notarial en 2006, rejoint alors l’étude Chwartz & Associés, qu’il ne quittera plus. C’est effectivement au sein de celle-ci qu’il est nommé notaire en 2012, puis devient notaire associé en 2016.
Aujourd’hui, ce que le Toulousain aime particulièrement dans son métier, c’est « l’esprit de conciliation ». « Avant tout, l’intérêt du métier est d’essayer de comprendre ce que veulent les gens, de construire un accord et de le retranscrire dans un cadre légal. Je trouve cela passionnant », appuie Hubert Létinier qui prend la présidence de la Chambre à un moment difficile. « La situation est particulière pour le notariat aujourd’hui », note-t-il. En effet, le marché de l’immobilier, qui représente plus de la moitié du chiffre d’affaires de la profession, est « totalement bloqué ». « Sur 18 mois, on doit avoir 30% à 40% de ventes en moins dans l’ancien. Et dans certains secteurs, on doit même être à 50%. Ce qui est énorme. Dans le neuf, on a 80% de ventes en moins », détaille le notaire.
Il ajoute : « Pour nous, notaires, cela représente du travail et du chiffre d’affaires en moins et donc des difficultés pour les entreprises notariales. Et ce, que ce soit pour les anciennes études qui avaient déjà commencé à perdre de l’activité, du fait des nombreuses créations d’offices ces dernières années, ou pour les nouvelles qui se lancent ». Une problématique face à laquelle le nouveau président de la Chambre souhaite être force de propositions. « Il faut que les professions commencent à se regrouper. Nous allons ainsi travailler avec nos partenaires dans l’objectif de montrer aux dirigeants qu’il y a un besoin sur le logement », annonce Hubert Létinier qui regrette « qu’aujourd’hui, le logement ne soit absolument pas dans les priorités du gouvernement ».
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