Les Graulhetois peuvent désormais apprécier son œuvre géante sur le mur de la médiathèque de la ville. Mais qui est Adrien Da Silva, ce peintre montpelliérain passionné par l’art urbain et la nature ? Après avoir travaillé pendant plusieurs jours sur cette fresque murale, l’artiste raconte son parcours atypique, de son enfance à Lunel à son implication dans le monde de l’art urbain. Passionné par le dessin et l’architecture, il a su fusionner ces influences pour créer une œuvre qui lui ressemble.
Depuis plusieurs semaines, les Graulhetois ont pu découvrir la grande fresque murale créée par Adrien Da Silva, un peintre montpelliérain. Celle-ci rend hommage aux ouvriers et à la rivière du Dadou qui ont marqué l’histoire de la ville de Graulhet. L’artiste explique notamment ce choix : « La façade où j’ai peint, c’est la façade de la médiathèque. C’était anciennement une mégisserie où l’on travaillait le cuir. Mais l’idée du cuir ne me plaisait pas. En revanche, la ville de Graulhet s’est construite le long d’une rivière, le Dadou. Sans son eau, il n’y aurait jamais eu la ville. Donc pour moi, l’élément central pour ce projet, c’était l’eau, la rivière. »
L’artiste a alors mêlé son savoir-faire en art urbain avec ce qui le passionne, la nature, pour peindre cette fresque murale pour la médiathèque de Graulhet. Mais qui est Adrien Da Silva ? Voici le portrait d’un artiste dans l’âme.
Adrien Da Silva, est né à Paris, mais c’est à côté de Montpellier qu’il a grandi. « Je suis arrivé à Lunel à 7 ans. Je n’ai pas vraiment connu Paris », confie-t-il. Il a ainsi passé son enfance dans l’Hérault, avec ses parents et ses deux frères. Mais c’est surtout son grand-père qui aura été une figure importante pour sa carrière puisqu’en tant que peintre amateur, passionné par l’univers de Picasso, il créait des « faux Picasso ». « Il s’en inspirait et, maintenant, tout le monde dans la famille a un de ses tableaux dans sa maison », sourit l’artiste. C’est donc toute une passion que l’aïeul a transmis à son petit-fils.
Ainsi, c’est à l’âge de 6 ans que le jeune Adrien Da Silva réalise sa première œuvre : « Il s’agit d’une femme qui porte un bébé. Enfin, elle ressemble plus à un extraterrestre qu’à une femme. Mais le tableau est toujours exposé chez mon grand-père. » Ce souvenir révèle un enfant déjà captivé par l’univers pictural. Mais à l’époque, son rêve était d’embrasser une toute autre voie : celle de pilote d’avion. Un rêve d’adolescent, « comme pour beaucoup d’autres », estime-t-il. Mais l’art s’est vite imposé comme une vocation inextricable.
L’artiste poursuit alors des études techniques, obtenant un BEP en architecture avant de se lancer dans un Bac pro, le préparant à devenir chef de chantier. Cependant, le besoin de créativité le rattrape et l’oriente vers une formation en architecture d’intérieur. Diplômé en 2013, il travaille dans un cabinet d’architecture à Paris, où il s’épanouit dans la création de perspectives 3D. « J’y passait mes jours et mes nuits », se souvient-il. Cependant, la distance entre Paris et Montpellier devient trop compliquée à gérer, et il décide de retourner dans la ville de son enfance.
Entre 2013 et 2016, il enchaîne les « petits boulots » tout en continuant à explorer l’art sous diverses formes. À côté de ces expériences professionnelles, Adrien Da Silva fonde une association de street art, un projet plus expérimental mais profondément révélateur de son envie de marier art et engagement. « Nous réalisions des peintures pour un sandwich et six bombes. Ce n’était pas rentable, mais nous avions de l’ambition », se souvient-il.
C’est en 2017 que l’orientation d’Adrien Da Silva prend un tournant décisif, lorsqu’il rejoint l’association Line Up. « L’idée, c’est de fédérer l’art urbain et d’aider les jeunes artistes à se professionnaliser », explique-t-il. Au sein de l’association, il découvre un environnement stimulant et collaboratif. En participant d’abord à un projet à Narbonne, il anime des ateliers et prend conscience de son désir profond de se consacrer pleinement à l’art. « Je me suis lancé à fond là-dedans. Puis, les projets sont venus à moi parce que j’ai montré que j’avais faim », confie-t-il.
Depuis maintenant 7 ans, il collabore et évolue auprès de nombreux artistes, comme Franck Noto, le parrain de l’association, dont il a été l’assistant. Pour le peintre montpelliérain, cette relation est synonyme d’une évolution personnelle et professionnelle. « J’ai appris à manipuler, à conduire une nacelle, à me retrouver sur des murs à plus de 10 mètres de haut. Aujourd’hui, je signe mes propres fresques », ajoute-t-il fièrement.
Adrien Da Silva développe alors son propre univers avec une approche particulière de l’art urbain. Au sein de Line Up, il participe à des fresques collaboratives dans les quartiers populaires, où l’artiste et les habitants se rencontrent autour du projet. « L’idée, c’est de faire de la médiation et d’intégrer les gens, les habitants au projet », explique-t-il. Il raconte l’exemple d’une fresque dont les noms des enfants du quartier étaient inscrits en bas de l’œuvre, devenant ainsi un symbole d’appropriation locale. « Aujourd’hui, il est impossible de voir un tag ou une dégradation sur le bas du mur parce que c’est à eux, ça leur appartient », insiste-t-il.
Cette approche participative devient une marque de fabrique pour le peintre montpelliérain, qui entend, à travers ses fresques, non seulement transmettre une vision artistique, mais aussi tisser des liens entre les gens et leur environnement.
Il travaille alors sa technique et parfait son univers. L’artiste s’inspire principalement de la nature. « J’aime beaucoup la mer, c’est un sujet que je peins depuis des années », confie-t-il. Mais son art se transforme avec le temps. Dernièrement, il a orienté son travail vers des paysages de rivière, qu’il trouve « plus riches que la plage en termes de composition ». Ses œuvres récentes, telles que celles de sa dernière exposition Temps libre, à Montpellier, abordent ces instants suspendus où l’on se déconnecte du quotidien pour profiter de la vie.
Les influences personnelles du peintre sont multiples. Sa passion pour la pêche, tout comme son art, est une ode à la lenteur et à la réflexion. « La réalisation d’une fresque, c’est comme attraper un poisson, c’est un mélange de patience et d’adrénaline », dit-il, établissant un parallèle entre la pratique de la pêche et sa démarche artistique.
À l’heure actuelle, Adrien Da Silva consacre sa vie à son art, tout en continuant à explorer de nouvelles formes d’expression ; dernièrement, des fresques à la fois intérieures et extérieures. Son travail continue d’évoluer. Une carrière que sa famille soutient d’ailleurs. Il précise : « Mon grand-père tremble un peu quand il peint, mais il est toujours derrière moi. Mes parents eux, auraient préféré me voir architecte, mais au final, ils apprécient ce que je fais. » Artiste à suivre…
Commentaires
Lorenzo le 11/12/2024 à 00:33
Un super artiste passionné avec beaucoup de talent