Lilou Ruel faisait partie des porteurs masqués de la flamme lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. Une opportunité « folle » pour cette Toulousaine qui enchaine les exploits.
Que vous ayez assisté ou non à la cérémonie des Jeux Olympiques de Paris 2024, vous n’avez pas pu passer à côté du porteur de flamme masqué. Ce personnage emblématique, qui esquissait figures et sauts sur les toits de Paris, a effectivement suscité un fort engouement teinté de curiosité. Et pour cause. Affublé d’un costume tout droit sorti de la série de jeux vidéo “Assassin’s Creed”, celui-ci gardera son masque tout au long de la cérémonie et son identité ne sera jamais révélée. Du moins jusqu’à ce qu’ait lieu, le 14 septembre dernier, la parade des champions qui célébrait les athlètes et bénévoles des Jeux. À la grande surprise de tous, le porteur de flamme masqué n’était pas une seule personne, mais neuf. Derrière le masque de gaze blanche se cachait notamment Lilou Ruel, championne du monde de Parkour en 2022 et 2023. La Toulousaine, tout juste âgée de 21 ans, est le visage du Parkour féminin en France. Une pratique pour laquelle elle a eu un véritable « coup de foudre ».
« À 8 ans, j’ai eu un trampoline sur lequel j’ai commencé à apprendre les bases comme le salto avant. Mais j’avais pour rêve de faire un salto arrière. Ce que mon voisin m’a appris. Comme il a vu que j’étais à l’aise, il m’a proposé de tester le Parkour, discipline qu’il pratiquait. Je suis donc allée essayer en club et j’ai trouvé ça génial », raconte Lilou Ruel. Ses parents, de leur côté, étaient bien moins enthousiastes. « Quand je leur ai dit que j’allais commencer le Parkour, qui était alors un sport inconnu à l’époque, ils n’étaient pas confiants. Et je ne parle pas de mes grands-parents… Mais au fur et à mesure des années, ils ont vu que je prenais du niveau, que je me blessais très rarement et n’étais pas du tout une tête brûlée. Aujourd’hui, ils ont totalement confiance en ce que je fais », assure la Toulousaine qui apprécie particulièrement « la liberté » que lui offre cette pratique. « Je peux m’entraîner partout, je n’ai besoin de rien. Je peux aussi m’habiller comme je veux pour en faire, je peux créer des mouvements et mon propre style. Cela représente une liberté incroyable que peu de sports peuvent offrir. Et puis les sensations sont incroyables », témoigne la Toulousaine.
Pour elle, s’adonner au Parkour c’est bien souvent « que du kiff », mais aussi, évidemment, de la peur lorsqu’il s’agit de faire un saut de plusieurs mètres entre deux bâtiments. Ce qu’elle a dû réaliser pour valider le “Manpower”. « C’est un saut entre deux toits avec 16 mètres de vide et 4,50 mètres de longueur », indique Lilou Ruel. Ce « saut mortel » est « sa plus grande fierté ». « En le faisant, je savais que j’allais marquer mon sport », confie la Toulousaine. Elle est en effet la seule femme à l’avoir réalisé. « Ce saut est plus difficile pour nous que pour les hommes. Nous avons moins de puissance dans les jambes et de détente. On ne savait tout simplement pas si c’était possible qu’une femme le réussisse », relève Lilou Ruel qui est certaine qu’avoir réussi ce saut « va ouvrir la voie à toutes celles qui vont le faire par la suite ». Pour le réussir, Lilou Ruel a dû s’y préparer pendant un an « physiquement et mentalement ». « J’ai travaillé ma détente avec du renforcement et en sautant encore et encore. Et puis je me suis mise en condition. J’avais une salle qui me le permettait et c’est comme ça que j’ai vu que je pouvais faire ce saut », détaille la jeune femme.
De la préparation, Lilou Ruel n’en a pas eu autant pour la cérémonie d’ouverture des JO. « Vincent Giannesini alias “Zenzel”, chorégraphe spécialisé notamment dans le Parkour, m’a appelé un mois et demi avant l’événement. Il m’a demandé si j’étais intéressée par un projet pour les JO qui aurait lieu en juillet. J’étais très contente et ai accepté, même si je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je me doutais que c’était pour la cérémonie d’ouverture, mais je n’en savais pas plus. Tout était très confidentiel », rapporte-t-elle. Et la Toulousaine fera les uniques répétitions deux jours avant la cérémonie pour notamment apprivoiser le costume « magnifique », mais à « la vision très réduite ». Il a une sorte de masque d’escrime, mais en pire. Et puis l’énorme capuche bloque toute la vision périphérique », témoigne Lilou Ruel qui devait également porter la torche olympique « assez longue et lourde ». « Ayant de petites mains, la prise était très compliquée », révèle-t-elle. En plus de cela, elle a dû composer avec le stress, les figurants, la caméra et la pluie qui, heureusement, a fait son apparition à la fin de son passage.
« Il y a eu beaucoup d’aléas du direct. Les figurants allaient trop vite ou le cameraman heurtait quelqu’un. Ce qui a conduit à de l’improvisation constante. C’était donc difficile de profiter du moment présent sur seulement 15 secondes de passage », estime la jeune femme pour qui, cette opportunité était, toutefois, « la plus folle qu’elle ait jamais eue ». Et qu’elle a pu, plus ou moins revivre, en participant à la parade des champions lors de laquelle elle a pu faire le show durant 1 minute 30. « J’ai pu faire ce que je voulais durant mon passage. Et j’ai pu profiter avec le public qui était heureux de revoir le personnage du porteur masqué », sourit-elle. Joie qu’elle a perpétuée en dévoilant son identité. « Lorsqu’il y a eu toutes ces enquêtes pour trouver qui était derrière le masque, seulement des noms d’hommes étaient avancés. Personne ne pensait qu’il y avait une femme derrière », constate Lilou Ruel avant d’ajouter : « Et quand j’ai posté sur les réseaux sociaux que je faisais partie des porteurs masqués lors de la cérémonie des JO, j’ai reçu de nombreux messages me remerciant d’avoir incarné ce personnage ». Elle espère ainsi avoir pu faire rêver de nombreuses petites filles.
Quant à elle, Lilou Ruel rêve de garder son titre de championne du monde de Parkour, mais aussi de créer sa marque de vêtements, de travailler avec des marques de luxe et de continuer à faire des vidéos et photos « qu’on a jamais vues ». En somme, elle est une touche-à-tout et, en plus de cela, ne tient pas en place, à l’image de sa discipline. « J’ai un gros souci ; je change beaucoup, tout le temps, et sur tout. C’est-à-dire que j’ai du mal à remettre la même tenue ou à garder la même coupe de cheveux. Et là, en ce moment, je suis à fond dans la création vidéo, mais dans cinq mois, je n’aurai peut-être plus du tout envie de faire ça », projette-t-elle. Seul le Parkour, qu’elle pratique depuis plus de dix ans à présent, continue de trouver grâce à ses yeux. D’autant qu’il lui ouvre les portes d’un milieu qui l’attire particulièrement : le cinéma. « Cela m’a toujours fait rêver. J’aimerais beaucoup avoir un rôle et faire mes propres cascades à la manière de Jean-Paul Belmondo ou bien jouer dans un “James Bond” », souhaite la jeune femme qui a d’ailleurs déjà été cascadeuse pour des films, séries et clips.
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