Une ville livrée aux appétits des promoteurs ? Des immeubles, voire des quartiers entiers qui poussent de manière anarchique ? L’urbanisme suscite certaines crispations chez les Toulousains. Un véritable casse-tête pour les élus, qui doivent trouver le moyen d’accueillir une population toujours plus nombreuse.
© OppideaComment accueillir 6 000 nouveaux habitants à Toulouse par an tout en préservant la qualité de vie et en limitant l’étalement urbain ? L’équation liée à la forte croissance démographique de Toulouse n’a jamais paru à ce point insoluble. Nécessaire densification d’un côté, colère grandissante de riverains qui n’en peuvent plus de voir pousser des immeubles à côté de chez eux de l’autre.
Depuis plus d’une décennie, les municipalités successives sont confrontées au problème. Dans un souci d’apaisement, Jean-Luc Moudenc prône depuis son arrivée au Capitole en 2014, une « densification modérée ».
Mais pour Stéphane Gruet, architecte, philosophe et chercheur au Laboratoire de recherche en architecture (LRA) de Toulouse, le problème se pose davantage en termes de qualité que de quantité : « Aujourd’hui, tout le monde est à peu près d’accord pour ne pas revenir à l’étalement urbain des années précédentes. La question est donc de savoir quelle densité nous voulons et comment la rendre acceptable. »
« Rendre la densité acceptable »
Plutôt qu’une densité verticale basée sur de hautes tours et la volonté de libérer de l’espace au sol, le spécialiste préconise ainsi une densité horizontale. Une alternative aux grands ensembles collectifs autant qu’aux pavillons individuels. Et un modèle reposant sur la mitoyenneté, avec des jardins intérieurs, susceptible de favoriser l’intimité et l’appropriation du logement. « C’est le cas à Toulouse du quartier des Chalets, où les constructions n’excèdent pas deux étages mais où la densité est pourtant la même qu’au Mirail », expose Stéphane Gruet.
Pas facile à imaginer pour de nombreux observateurs qui font le constat d’une ville laissée aux mains de promoteurs immobiliers peu soucieux du vivre ensemble. « Il faut que les pouvoirs publics reprennent leur rôle d’aménageur. La catastrophe vient surtout des produits défiscalisés qui bénéficient à des acheteurs-investisseurs, au détriment de propriétaires habitants », poursuit l’expert.
« Il faut que les pouvoirs publics reprennent leur rôle d’aménageur »
Pour que les nouveaux quartiers sortis ou en train de sortir de terre (Borderouge, Montaudran, Cartoucherie) ne reproduisent pas les erreurs du passé et se retrouvent dévalorisés, la solution réside, selon le chercheur, dans la capacité à associer et impliquer les habitants à l’aménagement de l’espace. Il cite notamment en exemple l’appel à projets Dessine-moi Toulouse, lancé par la Métropole : « Une démarche très intéressante, qui permet à des projets portés par des citoyens d’aboutir. Mais qui ne doit pas rester symbolique. Il faut aller plus loin dans cette direction. »
Pourquoi ne pas freiner la construction de grandes zones commerciales en périphérie et se concentrer sur le développement de commerces et de services de proximité en centre-ville ou en cœur de quartier ?
Pourquoi ne pas garder une meilleure maîtrise publique de l’aménagement sur l’ensemble du territoire de la métropole afin de lui donner des orientations réfléchies avec les populations concernées ?
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