Le Conseil départemental de la Haute-Garonne a installé sa première assemblée citoyenne ce 22 octobre 2022. Cette instance de démocratie participative compte 162 volontaires qui participeront à l’élaboration des politiques publiques. Leur premier sujet de travail : la transition écologique.
Il pense tenir là une réponse à la défiance envers le monde politique. Le Conseil départemental de la Haute-Garonne a installé sa première assemblée citoyenne ce samedi 22 octobre 2022. Son objectif avec cette instance de démocratie participative : « Retisser le lien entre citoyens et élus ».
« Depuis 2015, nous avons organisé des actions de concertation afin de réintéresser les habitants à ce qui impacte leur quotidien. 400 ateliers et réunions ont ainsi été mis en place. 20 000 Haut-Garonnais y ont participé. Avec cette assemblée, nous avons voulu aller plus loin en associant davantage les citoyens aux prises de décision », indique Sandrine Floureusses, vice-présidente en charge du dialogue citoyen.
L’assemblée aura ainsi pour mission de participer à l’élaboration des politiques publiques de la collectivité. « Elle va nous permettre de construire collectivement des avis et propositions, qui seront examinés par les élus, sur des sujets en lien avec les compétences du Département. D’habitude, le débat se fait entre nous, là ce sera avec l’assemblée citoyenne », détaille la vice-présidente.
Cette instance de démocratie participative est unique en France. « Elle est inédite de par son ambition : nous voulons coconstruire les politiques publiques avec les citoyens. Cette assemblée est aussi inédite de par son format puisqu’elle est la plus grande », précise Sandrine Floureusses. Elle compte effectivement 162 membres volontaires.
Afin de constituer cette assemblée, le Conseil départemental avait lancé un appel à candidatures en février dernier. Les élus étaient notamment allés à la rencontre des Haut-Garonnais sur les marchés du territoire pour en faire la promotion. « Nous étions à la recherche de publics très différents, car nous voulions enfin entendre la parole d’hommes et de femmes, qu’on ne prend jamais en compte, sur des sujets qu’ils vivent au quotidien », explique la vice-présidente.
En tout, 1 500 personnes ont déposé leur candidature. Les 162 membres, tous volontaires donc, ont ensuite été tirés au sort. « Il y a six personnes par canton, dont trois femmes et trois hommes pour respecter la parité », souligne Sandrine Floureusses.
Cette assemblée n’est toutefois pas représentative de la population en Haute-Garonne. Elle compte effectivement une majorité de personnes âgées de 45 à 65 ans (41%) et est principalement constituée de cadres et professions intellectuelles supérieures (30%). Mais des jeunes sont également présents. Ils sont 13% à avoir entre 18 et 29 ans. C’est notamment le cas de Suzanne Boyaval, étudiante de 19 ans en médecine à Toulouse.
« Après ma première année d’étude, j’ai voulu m’engager citoyennement. Je me suis inscrite en tant qu’assesseur puis je suis allée à des réunions de quartier. Cela m’a beaucoup plu. J’ai vu en parallèle l’appel à candidatures du Département. Je me suis alors portée volontaire avec l’envie de m’informer de ce qui se passe sur le territoire à plus grande échelle », raconte-t-elle.
Les membres de cette assemblée siègeront pour une durée de deux ans et se réuniront en séance plénière trois à quatre fois par an. La première a donc eu lieu ce samedi 22 octobre. Lors de celle-ci, l’instance s’est penchée sur la question de la transition écologique. Un sujet choisi par le président du Département, Georges Méric, et qui tient à cœur à Suzanne Boyaval. L’étudiante faisait partie d’un club écologie dans son lycée.
« Je suis contente que le Département nous interpelle à ce sujet. On a souvent l’impression que les politiques ne se saisissent pas de cette urgence », souligne-t-elle. Les 162 citoyens ont ainsi pu s’exprimer. « Nous avons partagé nos réflexions sur la transition écologique au sein de groupes puis les avons restituées devant les autres », rapporte l’étudiante. Par leur travail, les membres de l’assemblée contribueront à l’écriture de l’acte 3 du Plan départemental pour la transition écologique.
Si Suzanne Boyaval se réjouit de cette « prise en considération » de la part du Département, elle craint toutefois qu’ils ne soient pas assez entendus. Sandrine Floureusses assure : « Nous n’allons pas simplement les consulter, nous allons tenir compte de leurs avis. Nous travaillons avec eux. C’est un contrat de confiance. Nous ne serons pas dans des postures, mais du concret. »
Si l’assemblée a travaillé sur un sujet donné par le président du Département, elle pourra à l’avenir s’autosaisir de tout sujet relevant des compétences de la collectivité. Et le Conseil départemental n’a pas « peur d’être bousculé ». « Il ne faut pas craindre la démocratie participative. Nous avons besoin de nous nourrir du regard des citoyens. C’est comme cela que nous allons pouvoir réenchanter la démocratie », conclut la vice-présidente.
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