Albert Sanchez, maire de Cugnaux, brigue un second mandat aux municipales 2026. Mais la gauche locale se déchire : une partie de sa majorité le quitte pour monter une liste alternative. Entre divisions internes et opposition en embuscade, la campagne s’annonce sous haute tension.
À moins d’un an des élections municipales de mars 2026, la campagne s’anime déjà à Cugnaux, en Haute-Garonne. Le maire sortant, Albert Sanchez, a officiellement annoncé ce lundi 16 juin 2025 sa candidature pour un second mandat. À la tête de la commune depuis 2020, l’élu entend défendre son bilan et porter à nouveau les couleurs de l’union de la gauche, mais cette fois, dans un contexte politique local bien plus complexe que lors de sa première élection.
Albert Sanchez, candidat sous l’étiquette de la liste “Cap Citoyen”, travaille activement à constituer une nouvelle équipe. 13 élus actuellement en fonction à Cugnaux ont d’ores et déjà confirmé leur intention de repartir à ses côtés. L’équipe, qui doit rassembler 33 noms, est donc en cours de formation, et le maire sortant s’enorgueillit déjà de prises de guerre de poids dans Actu Toulouse : parmi les noms qui figureront sur sa liste, des figures politiques régionales telles que Martine Croquette, 3e vice-présidente du conseil départemental, et Nadia Bakiri, conseillère régionale proche de la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga.
Le maire sortant affirme également vouloir donner une place importante aux acteurs de la société civile, tout en menant des discussions avec plusieurs partis traditionnels de gauche, comme le Parti communiste français (PCF), le Parti socialiste (PS) et le Parti radical de gauche (PRG). Mais il exclut toute alliance avec La France insoumise (LFI) et indique ne pas avoir engagé de discussions avec les Écologistes pour l’instant. Et pour cause…
Ces derniers apporteraient plutôt leur soutien à une liste dissidente. Car, les divisions internes qui minent la majorité municipale actuelle auront des conséquences sur les prochaines Municipales. En effet, huit élus avaient annoncé leur rupture avec Albert Sanchez, et ce dès 2021. Ces membres démissionnaires de la majorité fondatrice de “Cap Citoyen” ont constitué un nouveau groupe politique : “Cugnaux OSE” (Objectif Social Écologique).
Ils souhaitent construire une liste alternative de gauche pour les prochaines municipales, explicitement « sans le maire sortant ». Selon eux, le premier mandat d’Albert Sanchez a été entaché de nombreuses controverses et d’une incapacité à fédérer durablement autour d’un projet politique cohérent. Ils dénoncent notamment des “revirements incohérents”, un “manque de concertation” et l’absence de “volonté politique”.
Parmi ces frondeurs, on retrouve Dorine Béna (adjointe au sport et à la participation citoyenne), Maryse Drouillet (éducation et jeunesse), Muriel Limondin (cohésion sociale), Frédéric Goudal (urbanisme et transition écologique), Thomas Karmann, conseiller municipal au maraîchage et co-président du groupe Métropole écologiste, solidaire et citoyenne à Toulouse Métropole, ainsi que d’autres conseillers municipaux engagés sur les thématiques de la biodiversité ou encore des mobilités douces.
La division de la gauche cugnalaise, à laquelle s’ajoute une opposition bien décidée à capitaliser sur ce climat de tension, pourrait redistribuer les cartes en mars 2026. En effet, plusieurs formations de droite, y compris l’extrême droite, pourraient profiter de l’émiettement du vote progressiste pour s’imposer dans un contexte électoral particulièrement incertain.
Il faut rappeler qu’Albert Sanchez avait déjà connu un mandat difficile. Après une absence de six mois pour raisons de santé (puis une seconde en 2024), il a dû affronter des critiques internes croissantes. Le départ massif d’élus en 2021, qui avait donné naissance au groupe dissident Cugnaux OSE, annonçait déjà les fractures actuelles. Sans compter le conflit ouvert l’opposant à Ana Faure, conseillère municipale, qui était sa n°2 sur la liste “Cap Citoyen” aux Municipales de 2020. Après le dépôt d’une main courante contre le maire de Cugnaux, en juillet 2023, pour violences verbales, celle-ci s’était vu retirer toutes ses délégations municipales.
Alors que les discussions à gauche se poursuivent, deux stratégies semblent désormais s’opposer : d’un côté, une tentative de reconstitution de l’union autour du maire sortant, centrée sur des alliances classiques et une ouverture à la société civile ; de l’autre, une recomposition portée par les déçus de l’actuelle majorité et appuyée par les forces écologistes et insoumises.
Dans tous les cas, les mois à venir seront décisifs pour clarifier les équilibres politiques à Cugnaux. Une chose est sûre : la campagne municipale 2026 ne ressemblera en rien à celle de 2020.
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