L’Occitanie recèle de nombreuses légendes qui ont traversé les siècles. Des récits traditionnels, plus ou moins fabuleux, inspirés de faits ou de personnages réels, dont la représentation est déformée ou amplifiée. Voici quelques unes des plus populaires dans nos départements.
Au cœur des Pyrénées, la grotte de Lombrives renferme bien des secrets. La légende raconte que Pyrène, une princesse, est tombée amoureuse du héros Hercule. Et après qu’ils aient passé du temps ensemble, elle est tombée enceinte. Après leur union, Pyrène a fuit par peur de la réaction de son père, le roi Bebryx. Sur son chemin, elle a été attaquée et tuée par un ours. Hercule, ayant entendu ses cris, a accouru mais est arrivé trop tard. Il l’a enterrée alors dans la grotte de Lombrives. Puis autour de son tombeau, il a créé les Pyrénées, afin que personne ne puisse l’approcher. Depuis, les visiteurs du monde entier viennent s’y promener et découvrir les mythes et légendes d’autrefois.
Le Pech de Bugarach, situé dans l’Aude, est le centre de plusieurs légendes locales. Son nom vous dit sûrement quelque chose, puisque le 21 décembre 2012, c’était le seul endroit où les gens devaient se réfugier pour survivre à la fin du monde. Si rien de tel n’a eu lieu, d’autres mythes et légendes entourent le pic de Bugarach. L’une des plus connues raconte que la région était autrefois protégée par la fée Nore et les lutins Bug et Arach, qui luttaient contre les tempêtes ravageuses causées par Cers, fils d’Éole. Pour les aider, le dieu Jupiter aurait érigé le Pech, créant ainsi une barrière naturelle contre les colères de Cers.
Une autre légende parle de luttes entre les fées et les lutins contre des dragons et des serpents qui infestaient la plaine, renforçant l’aura mystique et protectrice de cette montagne. Toujours est-il que le pic, culminant à 1 230 mètres, offre un panorama remarquable sur les montagnes voisines et la vallée.
Sévérac-le-Château, une forteresse perchée sur un éperon rocheux, aurait été le théâtre d’horribles histoires. Au XVIIe siècle, le Duc Louis d’Arpajon aurait fait assassiner sa première épouse, Gloriande de Thémines, dans le château aveyronnais, car il la soupçonnait d’être infidèle. Pour expier ce crime, il a fait construire en 1651 la chapelle Notre-Dame de Lorette, de l’autre côté de la vallée, en face de son château. Inspiré par un pèlerinage à la Santa Casa de Lorette en Italie, il en fait alors une réplique exacte. La chapelle est devenue ainsi un lieu de pèlerinage, mais elle a été pillée à plusieurs reprises sous la Révolution. Une bergère, Marie Verlac, a réussi malgré tout à sauver une statue profanée, désormais conservée à l’église Saint-Sauveur. Les visiteurs peuvent toujours visiter le sanctuaire restauré en 1854.
Le Pont du Gard est un aqueduc romain célèbre. Nombreux sont les visiteurs à venir admirer ce bijou architectural chaque année. Mais avez-vous déjà remarqué cette gravure étrange située au « sommet du niveau médian, sur la troisième arche, vu depuis la rive gauche », comme le décrit le site Internet des lieux ? Plusieurs légendes racontent que la construction du pont a été plus difficile que prévu. Finalement, le jeune homme à l’origine du projet a accepté l’aide du diable pour construire l’édifice. En échange, ce dernier demande à disposer de l’âme du premier être vivant à traverser le pont. Le jeune homme trompe alors le diable en faisant passer un lièvre (ou un chat dans certaines versions). Furieux, le diable lance l’animal contre le pont, laissant une empreinte que certains ont pris pour un lièvre, mais qui est en réalité un symbole phallique, courant dans l’iconographie romaine.
Les légendes et histoires sont nombreuses en Occitanie, et Toulouse n’y échappe pas. Quels éléments sont vrais dans le récit du martyr de Saint Saturnin ? Nul ne sait. Dans tous les cas, l’histoire raconte que le premier évêque de Toulouse a été martyrisé vers 250. Envoyé par le pape Fabien pour évangéliser la Gaule, il a fait une halte dans la Ville rose. Erreur fatale, puisqu’il a fini attaché derrière un taureau par des prêtres païens comme punition pour avoir refusé de sacrifier un animal en l’honneur de l’Empereur. Le taureau a dévalé les marches du Capitole, entraînant Saturnin à sa mort. Son corps a été abandonné sur la route de Cahors, (désormais rue du Taur), où il a été récupéré par deux jeunes femmes et enterré secrètement. Plus tard, une église a été érigée sur sa tombe. Ses reliques ont ensuite été transférées, en 402, dans la basilique Saint-Sernin.
Direction le Gers désormais. Avez-vous déjà remarqué ces sculptures de chat discrètes, disséminées dans le bourg de La Romieu. Cela n’est pas un hasard, puisque le village gersois est associé à une légende féline. Au Moyen Âge, une orpheline nommée Angéline aimait tant les chats qu’elle en avait toujours avec elle. En 1342, la famine a frappé le village, et les habitants ont décidé alors de tuer les chats et d’en faire de la gibelotte, un plat initialement mitonné avec du lapin. Angéline a réussi à en garder deux, cachés dans son grenier. Un mâle et une femelle. Ceux-ci se sont d’ailleurs reproduits. Fort heureusement, puisqu’une fois la famine terminée, les rats avaient proliféré. Et pour les éradiquer, les quelque 20 chats et chatons qui se cachaient dans le grenier d’Angéline ont été lâchés dans le village. En reconnaissance, les habitants ont décidé de ne plus jamais nuire aux félins, leur rendant hommage encore maintenant.
Selon une vieille légende, une cité prospère se dressait autrefois où se trouve aujourd’hui l’étang de Thau. L’histoire raconte qu’une grande ville aurait disparu sous les eaux après un cataclysme, comme un tremblement de terre ou une éruption volcanique. Selon les récits des pêcheurs locaux, des formes mystérieuses et des lumières étranges apparaîtraient sous l’eau, alimentant le mythe. Mais, bien que des recherches archéologiques aient mis à jour des vestiges préhistoriques, rien n’atteste de la véracité de l’hypothèse. la légende demeure ainsi un fascinant mélange d’Histoire et de folklore.
Le diable joue un rôle important dans les légendes et histoires d’Occitanie. Après le pont du Gard, Lucifer serait également lié au Gouffre de Padirac, situé dans le Lot. En effet, le roi des enfers, pour défier Saint Martin, aurait créé cette immense cavité naturelle en frappant le sol d’un coup de talon. Il aurait alors proposé à Saint Martin de franchir le gouffre en échange des âmes des paysans damnés qu’il s’apprêtait à conduire en enfer. Grâce à sa foi, Saint Martin aurait réussi à faire sauter sa mule au-dessus du gouffre. On dit que l’empreinte du sabot de la mule est encore visible dans la roche aujourd’hui. Vaincu et vexé, Lucifer aurait alors disparu au fond du gouffre.
Une autre légende raconte que des flammes surgissaient du gouffre pour protéger un trésor caché par les Anglais à la fin de la guerre de Cent Ans.
La Lozère est célèbre pour la terrifiante Bête du Gévaudan, qui a terrorisé la région au XVIIIe siècle. Cet animal mystérieux, souvent décrit comme un loup géant, aurait tué de nombreux villageois. La légende prend place entre 1764 et 1767 où ces attaques, souvent mortelles, ont généré de nombreuses rumeurs. De nombreux animaux ont fait les frais de ce mythe alors que les attaques se multipliaient dans le département. Finalement, deux loups ont été soupçonnés d’être la fameuse bête : un grand loup tué en 1765 et un autre abattu en 1767. Nul ne saura jamais ce qu’il en est vraiment, mais passé cette date, plus aucune attaque mortelle n’a eu lieu dans le département. Cela aura suffi à alimenter les différentes croyances relatives aux loups-garous, certains pensant que la bête était une créature surnaturelle, une incarnation du mal.
Parmi les légendes d’Occitanie, l’une d’entre elles s’inscrit dans le paysage déjà majestueux des Pyrénées. En effet, le Cirque de Gavarnie est un site naturel époustouflant d’où vous pourrez observer une large ouverture dans la falaise. Cette dernière se nomme la Brèche de Roland. Selon la légende, cette formation rocheuse spectaculaire a été créée par le chevalier Roland, neveu de Charlemagne.
De retour d’Espagne, lui et ses compagnons ont été attaqués par des Sarrasins près du Mont Perdu. Lors d’un combat acharné entre le pic du Taillon et le sommet du Casque, Roland, a été gravement blessé. Pour éviter que son épée légendaire, Durandal, forgée par les dieux, ne tombe entre les mains de l’ennemi, il l’a tenté de la détruire en la frappant contre la roche. Bien qu’intacte, les coups puissants de l’épée ont provoqué l’ouverture d’une immense brèche dans la falaise.
Tous les hauts sommets des chaînes montagneuses font l’objet d’innombrables légendes qui viennent forger l’imaginaire des habitants. Le pic du Canigou, sommet sacré des Pyrénées-Orientales, n’y échappe pas. En effet, deux mythes nous ont interpellés. Le premier raconte comment sept géants, dans leur désir de défier les dieux, ont voulu construire un colossal escalier en pierre jusqu’au sommet. Les dieux, furieux, ont alors déclenché une tempête qui a pétrifié les géants en rochers, formant le Pic des Sept Hommes.
La seconde légende relate l’ascension du roi Pierre II d’Aragon au XIIIe siècle. Accompagné de deux chevaliers, il aurait affronté une tempête violente et découvert un dragon au sommet, avant de redescendre pour raconter son exploit. Tant d’histoires illustrant le mystère du Canigou.
L’imagination des uns et des autres est à l’origine de multiples légendes en Occitanie. C’est le cas également pour Cordes-sur-Ciel. Les plus observateurs et inventifs racontent que la cité médiévale, perchée sur une colline, serait construite sur le dos d’un dragon endormi. Cette idée peut être visualisée notamment en suivant les ruelles sinueuses qui suivent les crêtes de la colline, formant ainsi une silhouette évoquant celle de la créature mythique. Pour vaincre le dragon, il est dit qu’une lance aurait été lancée directement dans son cœur, un acte héroïque qui aurait permis de mettre fin à la menace qu’il représentait pour la vallée.
Enfin, l’histoire est toujours liée aux légendes d’Occitanie, comme dans le Tarn-et-Garonne avec les “400 coups de Montauban“. Celle-ci vient du siège de Montauban en 1621, durant lequel Louis XIII a tenté de soumettre cette place forte protestante. Conseillé par un alchimiste, le roi a ordonné de tirer 400 coups de canon en même temps sur la ville pour effrayer ses habitants le 21 septembre.
Mais c’était matériellement impossible, contrairement à ce que raconte la légende. Il y aurait tout de même eu plus de 650 tirs en une journée. Malgré une canonnade intense, Montauban a résisté. Affaiblie par une épidémie, l’armée royale a du lever le siège en novembre, malgré les quelque 16 000 tirs effectués sur la ville en deux mois et demi.
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