L’Occitanie est la première région bio de France. Cette année, le conseil régional a augmenté de 5 millions d’euros son Pacte pour une alimentation durable. Cette gastronomie responsable est aussi un vecteur touristique : l’association Tourisme gourmand en Occitanie propose des visites de fromageries, caves, oliveraies, ateliers de salaisons… Entretien avec les coprésidents, Florence Pralong, directrice de la fromagerie Artisanale Le Fédou en Lozère, et Pierre Vialla, qui gère le domaine de l’Oulivie avec son frère dans l’Hérault.
Luxe ’n You : La façon de produire et d’élever devient-elle plus responsable ?
Florence Pratlong : La tendance est en train d’émerger. C’est fragile, parfois rêvé. Mais cette question se pose car nos territoires sont difficiles. Nous nous sommes demandé comment valoriser nos produits. Tandis que les citadins, eux, s’interrogent sur leur manière de vivre. Il y a donc une synergie. Dans notre métier, ce qui nous importe, c’est d’être proche des éleveurs. Bien sûr, nous avons un souci de rentabilité pour assurer notre pérénité.
Parlez-nous des produits que l’on trouve sur vos étagères, comme la farine locale La Méjeanette.
Florence Pratlong : Elle vient d’un ancien moulin réhabilité sur le causse Méjean. Des agriculteurs, dont certains certifiés bio, ont semé des graines de différentes variétés. Il a fallu ensuite se mettre en quête d’un meunier ! L’an dernier, quarante tonnes de céréales ont été moulues.
Les gens sont-ils en demande d’une autre façon de consommer ?
Pierre Vialla : Toute une partie de la population commence à s’y intéresser. Manger, ce n’est pas seulement ouvrir une boîte, c’est une relation qui se tisse avec les producteurs. Il faudrait retrouver les fermes d’antan, qui produisaient autre chose que de la monoculture. En proposant une agriculture variée et en ouvrant nos fermes, nous pouvons inviter tout le monde à comprendre ce qu’est le goût.
Votre association propose donc à tous de découvrir vos exploitations ?
Pierre Vialla : Oui, nous sommes treize et nous espérons être une trentaine sur l’Occitanie. Il s’agit de personnes avec une certaine éthique de production et de vie, qui peuvent présenter le meilleur de la paysannerie et de l’industrie de transformation. Nous nous adressons aux particuliers et aux groupes. L’accueil, la visite, c’est quelque-chose de très important. Il n’y a pas meilleurs vins, huîtres ou foie gras que ceux présentés par les producteurs. Par exemple dans mon domaine nous avons trente hectares d’oliviers, de la permaculture, un poulailler géant, un rucher, un potager… C’est la biodiversité de la terre à l’assiette. Nous n’utilisons que des produits 100% locaux et nous tendons vers le zéro déchet. Je pense que c’est le tourisme de demain.
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