Depuis quelques années, les trottinettes et autres petits engins électriques sillonnent nos rues. Évitant les piétons sur les trottoirs ou slalomant entre les voitures, ces véhicules, qui ne sont pas reconnus par le Code de la route, ont pris de cours le législateur. La loi Mobilités, examinée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale depuis ce lundi 2 septembre, doit en réglementer l’usage. Ce qui devrait relancer le déploiement des flottes de trottinettes en libre service à Toulouse. Poussé par un vent de modernité, le JT est allé surfer la vague de la mobilité de demain.
© CC0Chaque minute, il se vend en France un hoverboard, une gyroroue, une trottinette électrique ou un skate motorisé. Depuis quelques années, ces nouveaux moyens de transports, également appelés Engins de déplacement personnels motorisés (EPDM) ou électriques (e-EPD), foisonnent dans les villes et se taillent une part importante dans le marché de la mobilité. « On parle de micromobilité pour des appareils de moins de 20 kilos, à usage individuel, et qui circulent à moins de 25 km/h. En France, le phénomène a explosé en 2015 avec l’apparition de l’assistance électrique qui a triplé le rayon d’action des trottinettes et autres planches à roulettes », précise Jocelyn Loumeto, délégué général de la Fédération des professionnels de la micromobilité (FP2M).
« Le vélo ne comble pas toutes les attentes »
Dès 2016, la part des machines électriques s’élevait à 40 % des ventes d’EPD, pour atteindre 71 % en 2018. « Ce succès s’est construit autour de trois dimensions : technologique, ludique et fonctionnelle. La force principale de ce nouveau mode de déplacement est de proposer une solution, pour le premier et le dernier kilomètre, qui n’existait pas jusqu’à présent », ajoute Benjamin Pradel, sociologue et consultant-chercheur en mobilités et études urbaines. « Le vélo ne comble pas toutes les attentes. Les trottinettes électriques peuvent se plier et ainsi se stocker ou se transporter plus commodément. Avec une vitesse de croisière équivalente à celle de la bicyclette (autour de 14 km/h), elles sont aussi efficaces tout en favorisant l’intermodalité », complète Jocelyn Loumeto.
Grâce à l’amélioration de l’autonomie des batteries, les e-EPD se sont émancipés de leur statut ludique initial pour s’imposer comme de véritables moyens de transport. Les utilisateurs réguliers n’hésitant pas à réaliser des déplacements quotidiens de plusieurs kilomètres. « Il existe a une grande variété d’usages et d’usagers, bien que l’on puisse identifier un profil dominant : plutôt masculin, âgé de 25 à 40 ans, diplômé, habitant les zones urbaines périphériques et technophile. Les trottinettes électriques se sont beaucoup démocratisées, même si les femmes ne représentent encore qu’un tiers des adeptes », observe Jocelyn Loumeto. Un succès qui est également à mettre sur le compte de l’évolution de nos modes de vie, selon le sociologue Benjamin Pradel.
« La micromobilité permet de vivre à la vitesse que l’on veut »
« La micromobilité s’inscrit dans une société de la rapidité et de l’immédiateté. Elle répond au besoin grandissant de flexibilité et d’autonomie des cadres, dans une ville où le trafic automobile est congestionné. En s’émancipant des transports en commun et de la voiture, elle permet de vivre à la vitesse que l’on veut, en offrant une meilleure maîtrise de la ponctualité et de ses temps de trajet. » L’expert souligne également la dimension symbolique du phénomène : « La capacité à s’approprier une mode ou une technologie émergente est très valorisante pour l’individu. Il y a quinze ans, si vous aviez proposé à un cadre parisien d’aller à un rendez-vous avec la trottinette de sa fille, il vous aurait ri au nez. »
© Le Journal ToulousainSource : Étude “Les Français et les e-EPD” réalisée par Smart Mobility Lab pour la Fédération des professionnels de la micromobilité (FP2m)
Commentaires
Ben le 11/09/2024 à 09:28
"ces véhicules, (...) ont pris de cours" = pris de court