De Nailloux, on connaît surtout le Village des marques, dont la centaine de boutiques attirent plus d’un million de visiteurs par an. Mais c’est d’abord une petite commune de la périphérie toulousaine, comptant près de 4 000 âmes. Ses édiles font tout pour qu’elle ne devienne pas une cité-dortoir.
© P.S.À deux pas de la rue de la République, l’axe principal de Nailloux, les tractopelles et les bulldozers s’activent sur un terrain communal de 9000 m2. « Ça va changer dans le coin ! », lance Olivier Nicoulau, employé de l’entreprise de travaux publics chargée du terrassement et de la mise en réseau de cette place de la Fraternité. « Avant, il y avait surtout des voitures, ce n’était pas vraiment aménagé », dit-il. Devant le chantier, au pied du panneau qui annonce le projet aux Naillousains, Lison Gleyses, leur maire, le détaille : « Cet endroit a toujours été préservé et nous voulons qu’il devienne le cœur de notre village. Que ce soit un espace partagé avec de la verdure, un lieu de vie intergénérationnel pour les enfants ou leurs grands-parents, les piétons ou les cyclistes, avec un marché hebdomadaire, des petits commerces et des emplacements de parking. »
À l’instar de beaucoup de villes périurbaines, Nailloux, en plein cœur du Lauragais, menace de se transformer en cité-dortoir. Née ici il y a 87 ans, Marie-Jeanne Picauron se souvient d’une époque révolue : « Le centre était vivant, très animé. Surtout la place de l’Église, avec toutes ses boutiques. Le marché du mercredi, sous la halle, faisait toujours le plein. Désormais, les gens partent le matin pour travailler à Toulouse et rentrent le soir pour dormir. La journée, c’est mort. La perception des impôts a été déménagée à Villefranche-de-Lauragais, et l’on se demande pendant combien de temps encore il y aura un bureau de poste. » Dans son agence immobilière située en haut de la rue de la République, Jean-Christophe Liaigre témoigne d’une autre métamorphose, lui qui a débarqué en même temps que l’autoroute A6. Inaugurée en 2002, la première sortie de l’Ariégeoise est un échangeur qui fait la jonction avec l’A61, à quelques encablures de Nailloux. Toulouse n’étant plus qu’à une demi-heure de voiture, le nombre d’habitants a triplé en 15 ans, pour approcher les 4 000 aujourd’hui. « C’est ce qui a permis à la ville de se développer. La construction des infrastructures est allée à la même vitesse que celle des nouveaux arrivants, beaucoup d’associations ont vu le jour. On trouve ce qu’on veut, voire plus qu’ailleurs. Mais les commerces ne sont pas pérennes, parce que l’on ne peut pas s’y arrêter », constate l’agent immobilier.
En effet, la fameuse rue de la République qui traverse le village est aussi une route départementale sur laquelle transitent chaque jour des centaines de véhicules : « Nous subissons des embouteillages quatre fois par jour », déplore le conseiller d’opposition Didier Datcharry. « Il faudrait créer une route de contournement et, sur son tracé, bloquer dès maintenant tout nouveau projet de construction. Pour cela, nous devons établir une stratégie à long terme, sur au moins dix ans », prescrit-il. La rue de la République pourrait ainsi être rendue à ses habitants, mise en sens unique, et aménagée de larges trottoirs. L’élu appelle aussi de ses vœux la nomination d’un adjoint municipal au développement durable, « pour être exemplaire ». « Il aurait son mot à dire sur chaque projet d’urbanisme. »
Il y a longtemps que les édiles naillousains cherchent des solutions pour redonner vie à leur commune. Une nouvelle école a été construite, les bâtiments publics ont été rafraîchis, les propriétaires du quartier de la Bastide ont bénéficié d’aides financières pour rénover leurs façades… Et ils postulent à chaque plan subventionné par l’État. Ainsi, après une première candidature non retenue en 2014 au dispositif gouvernemental pour la revitalisation des centres-bourgs, en ce début octobre, un dossier a été déposé suite à un appel à projets de la Région baptisé Bourg-centre Occitanie. « Nous avons déterminé les axes stratégiques avec la communauté de communes, estimé les coûts et phasé le programme des travaux », précise Lison Gleyses. Il s’agirait de renforcer l’attractivité économique et commerciale de Nailloux, par exemple en développant le marché de plein vent municipal, de valoriser le cadre de vie en végétalisant et en s’attaquant aux îlots de chaleur, ou encore d’aménager la place de l’Église ainsi que des chemins de mobilité douce, comme celui du Martigat qui relie le centre-ville au lac de Thésauque. Et surtout, en soutenant l’offre de services publics, associatifs et culturels : « Nous avons déjà réhabilité la salle communale en salle des fêtes et nous projetons l’installation d’un cinéma en plein air », indique la première magistrate, qui se représentera aux prochaines élections municipales. « Il n’y a pas beaucoup de villages où l’on se démène à ce point ! »
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