Infirmière psychiatrique de 24 ans, Maud Quentin fait partie des maraudeurs de Médecins du monde, ceux qui tentent de remonter le moral des sans-abris, la nuit, dans les rues de Toulouse. Une jeune femme toujours à l’écoute, qui fait tout ce qu’elle peut, au jour le jour, pour défendre ses valeurs.
® Franck AlixMaud Quentin est passionnée par ceux qui l’entourent. Lorsque, deux fois par mois, elle participe aux maraudes de Médecins du monde auprès des sans-abris, c’est autant pour les aider que pour les rencontrer : « Ce sont des gens comme les autres, qui ont juste besoin de savoir qu’on s’intéresse à eux, qu’ils existent. Parce que nous avons pris l’habitude de ne pas les voir. Le risque de suicide est très important dans cette population. Il est naturel pour moi d’aller vers eux, de les écouter.
C’est un moment qui comptera dans leur journée. » Née à Chambéry, en Savoie, il y a 24 ans, Maud Quentin a effectué son lycée et son école d’infirmière à Pau, avant de venir travailler aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse-Purpan. Elle se destinait à œuvrer dans des missions humanitaires, loin de la France, mais c’est à côté de chez elle qu’elle se sent finalement le plus utile.
« Il faut aller au bout du truc, sinon cela ne sert à rien »
Son engagement est polymorphe. Par exemple, elle vient de rallumer son réfrigérateur qui était resté éteint pendant un an. Un challenge personnel qui lui a fait faire ses courses plusieurs fois par semaine et cuisiner beaucoup… sans beurre. Citadine, Maud Quentin a aussi fait le choix de ne pas avoir de voiture et sillonne Toulouse à vélo. Adepte du recyclage, elle ne s’achète que des fripes et s’agace un peu à la vue de « ces collégiens en grève pour le climat, tous habillés en Mango ou Zara, qui se réunissent au McDo après la manif ». « Il faut aller au bout du truc, sinon cela ne sert à rien », lâche-t-elle.
Si elle voit d’un très bon œil ce mouvement mondial de la jeunesse, elle espère « que ce n’est pas juste une mode, parce qu’il est cool aujourd’hui d’être écolo ». « Je me méfie des effets de groupe. L’engagement est quelque chose qui appartient à chacun, on y met sa propre histoire, ce que l’on a au fond de soi », assure-t-elle.
« Je m’engage dans ma ville pour un impact concret, à mon échelle »
Contrairement à la majorité de ses congénères, Maud Quentin n’est pas une ultra connectée : elle n’a eu son premier téléphone portable qu’à 18 ans et estime que les réseaux sociaux lui font perdre son temps : « Je trouve dommage que beaucoup de jeunes y racontent leur vie et se vantent en permanence de tout ce qu’ils font. Ce n’est pas très sain ». Elle et ses copines ont ainsi supprimé une bonne partie du contenu de leurs comptes Facebook : « Nous essayons d’être le moins exposées possible et de nous voir en vrai. »
La jeune femme s’attend à des lendemains qui déchantent : « Il va y avoir des décisions importantes à prendre ». Environnement, économie, société, elle sait que son époque est en crise. « Personne n’est vraiment d’accord sur ce qui est en train de se passer. Il est impossible aujourd’hui d’avoir prise sur les choses, une sensation que tout déferle et que nous ne pouvons être que des témoins. Et c’est aussi pour cela que je fais partie d’une association locale et que je m’engage dans ma ville : afin d’avoir un impact concret et direct, à mon échelle. »
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