La Cité de l’espace illustre à merveille le lien étroit qui unit Toulouse et les étoiles. Un lieu conçu pour rêver, découvrir, s’étonner et comprendre. Avec ses jeux, ses expériences, ses appareils de légende ou ses images grandioses, chacun y trouve son compte.
© Philippe SalvadorLa chaleur écrasante de cet après-midi de juillet n’a pas refroidi les visiteurs. Ils sont plus de 350 000, chaque année, à faire de la Cité de l’espace le site le plus fréquenté de la Ville rose. Dans le grand hall d’accueil, une famille venue de Roubaix, dans le Nord, trouve un peu de fraîcheur. Ingénieurs informatiques, Alexandre et Lucie ont d’abord pour intention de distraire leurs quatre jeunes enfants, Sacha, Robin, Mathis et Faustine. Et, pourquoi pas, de leur faire lever les yeux au ciel : « Ils sont naturellement attirés par les étoiles. Ça les fait rêver. Tout comme nous », admet Alexandre, qui se dit aussi béotien en la matière. Passé le tourniquet, tous se dirigent vers l’exposition “Lune”.
Celle-ci débute avec la présentation d’une véritable pierre rapportée par l’équipage d’Apollo 15. « Cela ne vous fait pas penser à de la roche volcanique terrestre ? » demande Gaël Billières, l’un des animateurs de la Cité, qui explique que la Lune serait en fait un bout de notre planète, qui aurait été percutée lors de sa formation. « Plein de morceaux ont été envoyés dans l’espace, qui se sont ensuite collés les uns aux autres pour faire la Lune. D’ailleurs, vous connaissez la distance qui nous sépare d’elle ? » « 400 000 km », propose Alexandre, qui n’est pas loin de la vérité (384 400 km). « Et vous savez que là-bas, on ne peut pas s’habiller comme vous, en t-shirt et en bermuda… Il faut une combinaison », rappelle le guide, qui emmène le groupe devant la réplique à l’identique de celle du dernier astronaute à avoir foulé le sol lunaire, Eugène Cerdan, de la mission Apollo 17.
« Nous nous battons pour redonner le goût des sciences »
« Avec ses 100 kilos, elle permet de respirer et de supporter les différences de température. Imaginez qu’il peut faire jusqu’à 125 °C au soleil et -175 °C à l’ombre ! » Plus loin, un drapeau américain est en berne : « Est-ce que vous pensez qu’il flotte sur la Lune ? Eh bien non, parce qu’il n’y a pas de vent. Mais ils ont réussi à nous le faire croire comme ceci », montre Gaël Billière en glissant une languette de métal dans le bord supérieur du rectangle de tissus. À chaque étape, l’homme parvient facilement à captiver son jeune auditoire par ses illustrations, ses mots simples et ses anecdotes.
La famille déambule ensuite dans une immense salle transformée en base lunaire, où l’on se familiarise avec les contraintes et les particularités de cet autre monde. Sacha et Robin, 8 et 7 ans, partent en excursion à bord d’un Rover, pendant que leur père découvre les effets du vide ; Mathis, 4 ans, se dit qu’il ne voudrait pas manger de la nourriture en sachet — « ça fait pas envie ! » — alors que sa mère observe les végétaux que l’on fait pousser, hors sol, dans la station spatiale internationale. Dans ses bras, Faustine, un an, fait mine de ne pas s’intéresser…
« voir les yeux s’écarquiller est le plus gratifiant »
Puis, vient le moment de tester la pesanteur d’un astre où le corps est six fois moins lourd. Chacun à leur tour, les aînés s’installent dans un siège qui leur permet de simuler les bonds que font les astronautes sur le satellite de la Terre. Sensation de légèreté garantie. Cette attraction fait aussi la part belle aux petites et grandes histoires de la conquête de la Lune. « Nous notons ce qui plaît le plus ou ce qui ne fonctionne pas. En fonction de la réceptivité et de la nature du public, nous adaptons sans cesse l’animation, avec l’équipe de médiation », témoigne Claire Buvat, entre deux séances d’une demi-heure. « Le fait de partager ces connaissances et de voir les yeux s’écarquiller est ce qu’il y a de plus gratifiant », confie cette jeune femme dont le métier consiste à mettre l’espace en scène.
« Ce que tu fais, tu le sais », pourrait être la devise du lieu et la raison pour laquelle les expériences proposées sont si nombreuses. Certaines se passent de commentaires, comme celle de s’asseoir quelques minutes dans le cockpit de la réplique de la capsule Soyouz. « À ce moment-là, on peut poser des questions si l’on est curieux, interagir avec les animateurs, ou bien laisser infuser. On peut surtout rêver. C’est quelque chose qui fonctionne très bien ! » lance Florence Seroussi, responsable des relations publiques, qui cherche à rendre accessible l’inaccessible : « Nous nous battons pour redonner le goût des sciences, qui ne doivent pas être réservées à une élite ».
De son côté, notre famille venue du Nord ne quittera pas la Cité de l’espace sans avoir admiré, dans son jardin, la réplique à la taille réelle du module qui déposa les astronautes sur la Lune. Ils s’y croiraient, ils sont conquis.
Commentaires