Les dotations publiques se raréfiant, le financement pour la préservation des monuments historiques passe de plus en plus par les fonds privés. Loto, crowdfunding, mécénat, hôtellerie, les propositions ne manquent pas pour permettre aux associations ou aux communes de garder leurs trésors en vie.
Première destination touristique mondiale, la France est dotée d’un patrimoine architectural exceptionnel. Mais cette richesse peut aussi s’avérer être un fardeau. Alors que l’État ne détient que 1 300 monuments protégés sur les 45 000 du pays (la plupart d’entre eux appartiennent à des communes ou à des propriétaires privés), c’est bien sur l’argent public que repose massivement la préservation de cet héritage. En 2007, un rapport parlementaire estimait le coût global d’entretien à plus de 10 milliards d’euros par an.
Principales sources de financement, les subventions de l’État sont allouées par l’intermédiaire des Directions régionales des affaires culturelles (Drac) ou de la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR). Elles peuvent atteindre 10 à 25 % du montant total de la restauration dans le cadre des bâtiments inscrits aux monuments historiques. Et jusqu’à 50 % pour ceux qui sont classés. Ces aides dépendent de plusieurs paramètres comme l’urgence de la situation ou une éventuelle ouverture au public. Une fois accordées, elles déclenchent généralement d’autres financements de la part des collectivités locales.
Or, depuis plusieurs années, les dotations se raréfient et le recours au secteur privé s’accentue, en particulier le mécénat, dont la Fondation du patrimoine est l’acteur majeur. Depuis sa création en 1996, elle a soutenu 25 000 projets et permis d’engager 2 milliards d’euros de travaux. Chaque année, ce sont 800 conventions de souscriptions publiques qui sont signées avec des communes ou des associations pour pouvoir bénéficier de cet apport qui représente en général 10 à 15 % du montant global. Les mécènes, eux, ont droit à une réduction d’impôts à hauteur de 66 % quand ce sont des particuliers – dans la limite de 20 % des revenus – et de 60 % pour les entreprises – plafonnée à 5 % de leur chiffre d’affaires.
Le financement participatif est également devenu un outil précieux. Plusieurs plateformes privées spécialisées comme Dartagnans.fr ont vu le jour ces dernières années. En 2017, 2,5 millions d’euros ont été recueillis par ce biais pour des travaux de restauration. 105 campagnes sont arrivées à leur terme et 64 ont atteint leur objectif. Enfin, parmi les nouvelles sources de revenus figure évidemment la loterie nationale, par le lancement de la Mission Stéphane Bern et de son Loto du patrimoine. Recette pourtant ancestrale et largement répandue dans plusieurs pays européens, c’est la première fois qu’elle est utilisée en France pour la sauvegarde de nos monuments. Sur les 15 euros que coûte un ticket de grattage, 1,52 est reversé à la Fondation du patrimoine. En 2018, l’opération a permis d’atteindre la somme de 50 millions d’euros.
Mais la Mission Stéphane Bern ne s’arrête pas là. Ce dernier a proposé plusieurs autres pistes comme d’offrir la possibilité à des mécènes d’exposer leurs collections sur les sites dont ils financent la restauration. Ou confier leur gestion au secteur privé tout en laissant la propriété aux pouvoirs publics, notamment sous la forme de baux emphytéotiques. Surtout, l’idée de donner de nouvelles affectations à ces bâtiments (espaces de coworking, hôtellerie…) fait son chemin. Une façon de valoriser ces biens et d’en tirer des revenus à même d’assurer leur pérennité.
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