Fusion. Couverture minimale obligatoire pour les salariés en 2016 et exigences européennes de gouvernance vont engendrer une mutation organisationnelle des mutuelles. A Toulouse Mutualité, la transition est en cours comme l’explique Olivier Castro, directeur adjoint.
Olivier Castro, quelle est aujourd’hui la situation de Toulouse Mutualité ?
Il s’agit d’une mutuelle toulousaine, créée il y a 30 ans, qui propose des garanties complémentaires santé à ses adhérents. L’entreprise est composée de 30 salariés répartis sur trois agences (Toulouse, St Gaudens et Muret) et axe son développement sur la proximité et l’expertise. Faisant partie du pôle AG2R Le Mondiale (1er groupe de protection sociale français), Toulouse Mutualité se trouve sécurisée financièrement et accède à tous les métiers et services de la protection sociale, notamment la prévoyance, la retraite et la dépendance. Aujourd’hui, de la commercialisation des contrats à la souscription, notre qualité de service est optimale. De plus, notre spécialisation santé en matière de produits d’assurance et notre expertise concernant les régimes collectifs, sont nos points forts.
Toulouse Mutualité annonce une fusion avec Via Santé pour janvier 2015. Quelles en sont les motivations ?
Depuis plusieurs années, nous observons une concentration des acteurs du marché répondant à une nécessité de développement et de sécurisation financière. Concrètement, une directive européenne (Solvabilité 2) augmente le niveau d’exigence concernant les gouvernances des mutuelles qui sont organisées en sociétés de personnes, gérées par des administrateurs. Elle nous oblige à renouveler et former nos conseils d’administration dans un environnement contraignant et règlementairement très répressif. Ainsi, les petites mutuelles ont des difficultés à répondre à ces exigences de gouvernance, auxquelles s’ajoute la sécurisation financière des activités suite à la crise des subprimes qui a impacté directement le monde de l’assurance. De même, la généralisation de la complémentaire santé en entreprise va déplacer le marché de la sphère individuelle à la collective en 2016 (4 millions de personnes en France seront concernées). Il faudra être prêt à gérer cette mutation ! Les mutuelles qui ne pourraient pas se déployer sur ce nouveau marché seront en difficulté, c’est certain. Ainsi, pour être performant et pouvoir faire face à ces nouvelles contraintes, un grand nombre de mutuelles vont se rapprocher, fusionner. Toulouse Mutualité sera de celles-là !
Et quelles seront les modalités de cette fusion?
La fusion se fait au bénéfice de Via Santé, la marque Toulouse Mutualité ne sera donc plus utilisée, mais elle ne sera pas la seule concernée puisque le projet inclut en réalité une dizaine de mutuelles d’AG2R La Mondiale. Le groupe fait ainsi de Via Santé, sa marque santé pour garantir une présence nationale. Mais, en région, le niveau de services et les emplois seront maintenus. Le développement s’effectue à partir des régions, il s’agit là de l’ADN de Via Santé : concilier une ambition nationale et une construction locale. Du côté des assurés, les contrats ne changeront pas et leurs interlocuteurs seront toujours dans la même agence, seul le nom de leur mutuelle sera modifié et ils auront accès à de nouveaux services.
« Les mutuelles qui ne pourraient pas se déployer sur le marché collectif seront en difficulté »
La loi de sécurisation de l’emploi prévoit une couverture minimale pour tous les salariés au 1er janvier 2016. S’agit-il d’une nouvelle manne financière pour les mutuelles ?
Les mutuelles qui ne sont pas organisées commercialement, comptablement, et en matière de gestion, de relations clients, de systèmes d’informations, pour faire face aux spécificités du marché de l’entreprise vont souffrir. Pour celles qui se seront adaptées, cette mesure offre la possibilité de conquérir de nouvelles parts de marché et c’est donc effectivement une aubaine, notamment dans les petites entreprises. Mais il s’agit en réalité d’un transfert de marché car les assurés (via leur entreprise) de demain sont les assurés à titre personnel d’aujourd’hui. Tout l’enjeu est de récupérer les assurés individuels dans la sphère collective. La généralisation des complémentaires santé provoquera une perte importante, évaluée à 20% du chiffre d’affaires des mutuelles qui ne seront pas présentes sur le marché collectif des entreprises. Via santé, grâce à la fusion avec Toulouse Mutualité, sera prête.
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