Mutualisation. Le FabLab Festival de Toulouse vient de fermer ses portes et les 5 000 visiteurs accueillis confirment le succès de ce concept. Nicolas Lassabe, fondateur d’Artilect, l’association organisatrice, revient sur le principe même de FabLab et son impact sur l’économie locale.
Propos recueillis par Séverine Sarrat
Nicolas Lassabe, quelles sont les principales caractéristiques d’un FabLab ?
Ce concept a été créé par Neil Gershenfeld, professeur au MIT (Massachusetts institute of technology) de Boston (USA). Le but initial était de fabriquer n’importe quel produit à l’aide d’outils numériques. Cette idée s’est démocratisée et a pris de l’ampleur en suivant l’évolution de l’informatique. Il a alors fondé le premier FabLab, lieu où tout un chacun peut utiliser les machines numériques, échanger et réaliser des projets. Il s’agit en résumé d’un laboratoire de fabrication.
Comment expliquez que ce phénomène connaisse un tel succès ?
Jusqu’à présent les concepteurs de projets, souvent des ingénieurs, travaillaient en amont pour ensuite faire fabriquer leur produit par des industriels. Le FabLab permet désormais aux créateurs du projet de produire eux-mêmes, de revenir à la fabrication manuelle, de se réapproprier les technologies. Finalement, c’est assez gratifiant !
Comme l’affirme Neil Gershenfeld, les FabLab révolutionnent-ils le système économique ?
Tout à fait car ils permettent de révéler des talents insoupçonnés. L’accès à des outils de fabrication démocratisé offre la possibilité à toute personne ayant une idée, un projet mais peu de moyens, de prétendre à sa fabrication. Ainsi de nouveaux usages peuvent prendre forme. De même, les FabLab donnent accès aux compétences puisque des communautés se créées, avec des expertises variées dans le design, l’électronique, la biologie, l’architecture… Tous cohabitent, échangent, partagent leur savoir-faire tout en ayant besoin de sortir de leur stricte spécialité et donc de se confronter à d’autres professions. L’accès aux machines et la transdisciplinarité est une réelle évolution du système économique.
« Le FabLab permet désormais aux créateurs du projet de produire eux-mêmes »
Quelle est la différence entre un FabLab et un espace de coworking ou encore une plateforme collaborative ?
Un espace de coworking permet de travailler de manière isolée dans un lieu commun, chacun disposant de son espace, et ces derniers ne se croisant pas forcément. Ainsi, on peut inscrire le FabLab dans un cas particulier d’espace de coworking, les machines en plus ainsi que la possibilité de croiser les projets. Il s’agit d’un lieu de travail intermédiaire entre une entreprise et son domicile.
Quels avantages confèrent un FabLab pour une entreprise ?
Elles peuvent élaborer une preuve de concept rapidement, venir tester des machines avant de les acheter, se former sur certains outils ou encore avoir accès à de l’open innovation. Le FabLab permet également de faire des erreurs, même de les provoquer pour anticiper et ajuster le produit, ce qui est un plus pour une entreprise qui ne peut se le permettre dans ses locaux.
ArtilectLab, dont vous êtes le fondateur, est le gros FabLab de France avec 800 membres…
Situé à Toulouse, dans l’ensemble Le Multiple au 27 bis Allée Maurice Sarraut, ce laboratoire de fabrication est dédié aux professionnels. ArtilectLab est le FabLab habilité par le MIT le plus ancien de France. Il a notamment accueilli l’entreprise Poult pour mettre au point une impression 3D de nourriture et ERDF pour travailler sur des boitiers communicants. Nous continuons à le faire évoluer notamment en envisageant une nouvelle zone de construction (échelle 1) et l’intégrant à un réseau plus international.
Cette nouvelle façon de concevoir a-t-elle un impact sur l’économie locale ?
A plusieurs niveaux car nous sommes reliés à l’écosystème, notamment au réseau French Tech (communauté de start-up). D’abord sur les étudiants qui pourront prototyper facilement au FabLab mais aussi sur les start-up, dont certaines se sont montées au sein même du FabLab. Nous sommes donc facilitateur de création d’entreprises. Nous accueillons 1/3 d’étudiants, 1/3 de particuliers et 1/3 d’entreprises y compris des grands groupes, et de professionnels indépendants.
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